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Les vacheries des Nombrils: vannes d'une nuit d'été

Pour bien occuper les ados cet été, du moins pour une demi-journée, voici deux bédés irrésistibles.
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Dans quelques jours, avec la fin des classes, le cauchemar des ados se terminera alors que commencera celui des parents qui ne sauront plus quoi faire pour occuper ces adolescents lâchés lousses dans les rues des villes, des villages et des hameaux. Pour bien les occuper, du moins pour une demi-journée, voici deux bédés irrésistibles.

Un été tout en vacheries.

Album après album, le succès des Nombrils ne se dément pas. De leur début, dans les pages de Safarir à leur triomphe dans celles du beau journal de Spirou, Jenny, Vicky et leur souffre-douleur préférée, la grande asperge dégingandée de Karine, ont su séduire le public et devenir des icônes de la pop culture adolescente francophone.

Véritable success-story de la bande dessinée, avec ses 1,7 million d'exemplaires vendus en 10 ans, les Nombrils continuent de garder le lecteur sur le qui-vive. Alors qu'ils pourraient se reposer sur leurs lauriers et exploiter la recette, Delaf et Dubuc continuent plutôt album après album à se réinventer.

Ces dernières années, les deux bédéistes ont beaucoup travaillé sur les personnalités de Vicky et de Jenny, fouillant leur passé, explorant leur fragilité insoupçonnée, faisant voler en éclat nos jugements sur leur superficialité. Progressivement, sans tambours ni trompettes, le tandem a permis à ses personnages de s'aventurer dans des récits, dont le polar, qu'ils fréquentaient moins, bouleversant au passage nos habitudes de lecteurs et nos certitudes «nombrilesques» sans pourtant ne jamais sacrifier ni l'humour ni les situations loufoques.

Avec le surprenant et excellent Un bonheur presque parfait, il était évident que l'humour délicieusement potache et positivement débile des glorieux débuts cédait sa place à un humour plus dramatique et à des préoccupations d'adolescentes sur le point de devenir de jeunes adultes.

Alors, c'est peut-être par nostalgie ou pour mieux resituer la personnalité de leur petit univers que les auteurs ont décidé de renouer avec cet incroyable humour des Nombrils d'avant le grand changement des derniers albums et de s'atteler à cette série parallèle Les Vacheries des Nombrils qui nous permet de redécouvrir la naïveté de ces indispensables adolescentes qui, au fil des albums, ont perdu un peu de leur innocence et de leur superbe.

Recueil d'hilarants courts gags d'une ou deux pages, dont certains sont parmi les meilleurs imaginés par Dubuc, les Vacheries des Nombrils provoque dès la première page un immense éclat de rire qui ne cesse jamais. Visiblement, les auteurs s'amusent comme des petits fous dans ce nouvel opus et le plaisir est communicatif, surtout pour les lecteurs qui suivent la série depuis les débuts et qui ont l'impression de retrouver deux amies qu'ils reconnaissaient moins depuis quelques années.

Une bande dessinée réjouissante et réconfortante, un peu comme un vieux Gaston, qui nous rappelle combien cette série est intelligente et que son humour assassin est incroyablement drôle et efficace.

Une bande dessinée réjouissante et réconfortante, un peu comme un vieux Gaston, qui nous rappelle combien cette série est intelligente et que son humour assassin est incroyablement drôle et efficace.

L'union fait la force.

Gaston Saumon est un magnat de l'immobilier. Diplômé de la faculté de Magie et Commerce, le nabab foncier n'a qu'un rêve contrôler tout le quartier Saint-Rock et imposer ses viles conditions et son bail unique à ses locataires issus du monde de la féérie. Une tâche relativement facile pour ce génie du mal puisque l'union entre elfes nonchalants, trolls violents, humains «procrastineurs» et autres créatures à pierres et à ailes avec ou sans magie est à peu près impossible. Hélas pour le latifundiaire, Nathalie, jeune adulte un peu naïve, le magicien Gilles Findel et leur ami troll réussissent l'exploit et organisent la résistance citoyenne pour l'empêcher de mettre la main sur le quartier au complet.

Nouvelle parution de Francis Desharnais, auteur de l'excellente Guerre des Arts, illustrée avec brio par Val Mo, le Seigneur de Saint-Rock est une délicieuse incursion déjantée dans le monde, quelques fois sérieux et d'autres fois prétentieux, de la fantasy, une improbable rencontre entre l'univers de Tolkien et celui du Time Bandit, géniale comédie «fantasyesque» du Monty Phyton Terry Gilliam.

On savait que Desharnais excellait dans cet humour décalé, à la fois slapstick et intellectuel, qui fait le charme des productions britanniques. Et tout comme les maîtres anglais, il a toujours su le conjuguer à un sens de l'observation tranchant comme un couteau. Mais si on notait dans ses précédentes productions une certaine retenue humoristique, comme s'il ne voulait ne pas en faire trop, ici il se laisse totalement aller, nous proposant une franche séance de rigolade, juste pour le plaisir de rigoler. Il y a un brin de la folie déjantée de l'Agent Jean, un soupçon du Zorry Kid de Jacovitti et une pincée du Gotlib de l'époque Pilote dans ce Seigneur de Saint-Rock.

Superbement appuyé par le trait rythmé et terriblement nerveux trempé dans un quadruple expresso bien serré de ValMo, le Seigneur de Saint-Rock est une très très belle surprise, truffée de trouvailles intelligentes et d'impayables répliques, qui va séduire même ceux qui n'ont aucune sensibilité pour la fantasy.

Espérons que ce soit le début d'une longue série.

Delaf, Dubuc, Les vacheries des Nombrils tome 1 Vachement copines, Dupuis.

Desharnais, ValMo, Le seigneur de Saint-Rock, Front Froid.

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Mai 2017

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