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Publié initialement en 1989 sous le titreest une incursion dans le quotidien de ces événements qui ont changé la face du monde.
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En 1917, alors que le monde s'enlise dans la guerre totale, que les soldats des différentes armées remettent en question leur participation à ce conflit, la Russie est secouée par deux révolutions qui coup sur coup vont transformer le paysage géopolitique et historique des décennies à venir. Près de 97 ans après le coup d'état bolchevique, Robert Littell, grand maître du thriller politique, publie Requiem pour une révolution qui met en scène cette période chaotique de l'histoire de la Russie. Une occasion en or pour rejoindre l'écrivain à son domicile français; autopsie des révolutions russes.

Publié initialement en 1989 sous le titre Les larmes des choses,Requiem pour une révolution est une incursion dans le quotidien de ces événements qui ont changé la face du monde. « L'essentiel du roman est le même, mais il y avait quelques petites erreurs qui ont été corrigées. C'est la proximité du centième anniversaire de la révolution et l'impression qu'elle n'était toujours pas terminée qui nous encouragés à le publier à nouveau. Alexis de Tocqueville disait que la partie la plus difficile à faire dans une révolution c'était la fin... Comme pour un roman» plaisante Littell.

Requiem pour une révolution raconte les révolutions russes à partir des yeux d'Alexandre Til, jeune syndicaliste juif américain d'origine russe. Enthousiasmé par les nouvelles sur la poudrière russe qu'il lit dans les journaux, l'activiste, qui est dans la mire d'Edgar J. Hoover, décide de fuir son pays d'adoption pour celui de son père et de son grand-père. « Il y a eu des centaines et peut-être même des milliers d'Américains qui ont participé à la révolution bolchevique, il y avait des syndicalistes, des socialistes, des anarchistes et quelques communistes. » Grâce à la recommandation de Trotski, il deviendra un membre de la garde rapprochée des meneurs de la révolution, y prendra une part active, l'observera sous toutes ses coutures. Lénine -même si on le sent relativement absent de sa révolution- Staline, Trotski et toutes les autres figures de proue de l'avant-garde prolétarienne y sont donc présents et y jouent des rôles actifs. « Lénine avait une santé fragile. À cette époque il y avait une rumeur persistante à propos d'une possible syphilis. Ce n'était peut-être pas vrai, mais il en avait les symptômes, paraît-il. Sa relative absence a permis à Staline de prendre plus de place dans le processus révolutionnaire.» Avec le triste résultat que les Soviétiques connaîtront par la suite.

Avec brio Littell associe étroitement histoire et fiction et dresse un portrait saisissant de l'enthousiasme presque naïf que fait naître les premiers pas de la révolution. La même foi en des lendemains qui chantent qu'on retrouvait dans le classique de John Reed, 10 jours qui ébranlèrent le monde. «Les gens ont accueilli les idéaux de la révolution avec l'espoir de créer une nouvelle société, plus juste, plus humaine, différente de celles qu'on retrouvait dans le reste du monde. Elle a soulevé beaucoup d'espoirs, malheureusement ces idéaux ont rapidement été trahis par les meneurs. Et c'est le cœur de ce roman. »

Si Till s'enthousiasme devant l'optimiste contagieux des révolutionnaires, il se pose quand même des questions sur certaines positions bolcheviques qui semblent en opposition avec le nouvel homme qu'ils veulent créer. « La révolution a semé l'espoir un peu partout dans le monde. Malheureusement les dirigeants bolcheviques ont trahi la révolution. Il faut se demander si cette trahison était inévitable, c'est-à-dire que le léninisme contenait les germes fondamentaux de ce détournement ou si elle a été victime de la malchance d'avoir en son sein un dictateur en puissance, en l'occurrence Staline, un paranoïaque notoire, qui en a profité pour s'imposer. »

S'il décrit très bien l'enthousiasme révolutionnaire, l'ancien journaliste de Newsweek met aussi en scène de façon puissante et évocatrice le chaos qui règne en roi et maître en Russie. « En fait si la Russie était en plein chaos c'était à cause de la Première Guerre mondiale. Le pays a perdu beaucoup de soldats durant la guerre, pas loin de 2 millions de morts. On raconte que dans les tranchées les troupes allemandes pour se protéger, empilaient les cadavres des soldats russes au lieu des sacs de sable. C'est une des erreurs de Kerenski, qui a fait la révolution de février. Il a refusé de se retirer d'un conflit qui jour après jour plongeait un peu plus le pays dans le chaos. S'il avait signé la paix avec l'Allemagne, il n'aurait pas créé les conditions nécessaires pour permettre aux bolcheviques de prendre le pouvoir.» Un pouvoir qui divisera le monde en deux camps et qui permettra à l'auteur de l'excellent roman sur l'histoire de la CIA La Compagnie d'écrire ses plus belles pages.

Un roman passionnant qui 25 ans après sa première parution garde toujours toute sa pertinence et son actualité.

Puisque nous parlons de la révolution russe et de première guerre mondiale, le magazine Beaux Arts vient de publier une édition hors série consacrée à la Grande Guerre en bande dessinée. Un hors série essentiel pour ceux qui s'intéressent à la Grande Guerre, à la bande dessinée et à Jacques Tardi qui d'ailleurs fait l'objet d'un chapitre de ce numéro incontournable. Une lecture passionnante.

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