Le 30 octobre prochain, nous soulignerons le 80 anniversaire du plus célèbre canular du XXe siècle: la fameuse version radiophonique d'Orson Welles de La guerre des mondes d'H.G.Wells.
Outre la mémorable panique qui s'empara de l'Amérique durant la diffusion, passablement exagérée selon le sociologue des sciences Pierre Lagrange, l'adaptation du génial créateur de Citizen Kane a peut-être été le point de départ d'un engouement pour les soucoupes volantes.
Rencontre du premier type
Bien malin qui pourrait le confirmer. Mais ce qui est certain c'est que de tout temps, l'homme a scruté le ciel à la découverte de ses mystères. Orson Welles n'aurait donc rien inventé, tout au plus il aurait titillé une passion humaine qui ne demandait qu'a être excitée un peu. Et si aujourd'hui on rigole de cette panique incompréhensible, on doit reconnaitre que près d'un siècle après ce canular, la possible présence des extraterrestres continue de nous faire réagir et de nous interpeller.
C'est le cas de Xavier Passot, ingénieur au CNES, l'Agence spatiale française et responsable du Groupe d'Études et d'Information sur les Phénomènes aérospatiaux non identifiés (GEIPAN), qui vient de publier, aux éditions du Cherche Midi, J'ai vu un ovni perceptions et réalités, une captivante analyse sur les manifestations ufologiques.
Avec son regard de scientifique, Passot, ingénieur informaticien spécialiste du contrôle des satellites et des données satellitaires, passe au crible quelques-uns des centaines de témoignages de phénomènes aérospatiaux non identifiés (PAN) recensés par son organisme.
Mettant à contribution la sociologie, la psychologie, l'astronomie ou la perception visuelle — sans doute son chapitre le plus fascinant — et sans ne jamais repousser la possibilité de l'existence des PAN, l'auteur enquête, un peu comme le faisait Christian Page, toujours à la recherche de la réponse scientifiquement la plus plausible.
Étude captivante, qui écorche au passage les médias sensationnalistes à la recherche des PAN spectacles, J'ai vu un ovni allie le dynamisme de l'écriture à un sens de la vulgarisation notable, une ouverture d'esprit réjouissante, une analyse scientifique rigoureuse et un respect pour les témoins qui n'est pas toujours l'apanage des autres scientifiques.
Un bouquin essentiel pour ceux qui en ont marre des émissions douteuses à la Nos ancêtres les extraterrestres ou Hangar 1 les dossiers ovni.
Pour briller en société
Été 1974, Ste-Marcelline-de-Kildare dans la région de Lanaudière. Dans le chalet que vient d'acheter mon papa, je découvre une vieille boîte contenant des recueils du fameux illustré Pilote,Mâtin quel journal, allant de la fin des années 60 au début des années 70.
En parcourant avec passion ces Pilote, j'ai découvert Blueberry, Philémon, Valérian et surtout Gotlib. Celui des Dingodossiers et des Rubrique-à-brac, celui qui expliquait les problèmes quotidiens de l'homme moderne, aussi stupides soient-ils.
Et c'est cet enthousiasme, alors que je lisais, relisais et relisais sans me lasser les gags de Gotlib, que j'ai retrouvé en plongeant dans Zeropédia, tout sur tout (et réciproquement), une hilarante encyclopédie dessinée sur le savoir essentiel et superflu, signée Fabcaro et Julien/CDM.
Reprenant la devise de Blaise Pascal «Il est bien plus beau de savoir quelque chose de tout que de tout savoir d'une chose», les deux bédéistes s'intéressent à tout ce que nous devrions savoir pour briller en société et clore le bec aux prétentieux patentés. Du pointillisme à l'homéopathie, en passant par l'effet Larsen, les micro-ondes, le zéro absolu, la sérendipité, le transhumanisme, le syndrome de Stendhal et la cryogénisation, ce sont près de 50 questions essentielles — qu'on se pose intérieurement tous les jours — qui sont abordées joyeusement par les deux bédéistes.
À la façon du Gotlib de la grande époque «pilotesque», les deux complices illustrent ces interrogations fondamentales à l'aide d'un irrésistible humour potache totalement déjanté.
Ce n'est pas pour rien que le scénariste Fabcaro a repris Achille Talon et Gai-Luron. Il est manifestement l'héritier de cette grande tradition française de la rigolade.
Et pour ceux que ça intéresse, le tandem explique l'affaire de Roswell et les non moins célèbres géoglyphes de Nazca. De quoi nourrir l'amateur d'OVNI qui sommeille en chacun de nous.
Xavier Passot, J'ai vu un ovni, perceptions et réalités, Cherche Midi.
Fabcaro, Julien/cdm, Zéropdia, tout sur tout (et réciproquement), Dargaud.