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Harlan Coben: du polar à la romance

Harlan Coben continue, après 27 romans, de séduire les lecteurs avec son écriture efficace, ses intrigues haletantes pleines de rebondissements et son sens du rythme.
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Écrivain vedette de la planète thriller, Harlan Coben continue, après 27 romans, de séduire les lecteurs avec son écriture efficace, ses intrigues haletantes pleines de rebondissements et son sens du rythme. À l'occasion de la dernière édition du Salon du livre, l'auteur a fait un saut à Montréal pour nous parler de son dernier roman traduit en français Six ans déjà. Rencontre avec un des maîtres actuels du roman policier.

« Vous trouvez que Six ans déjà est un roman policier? Pourtant ce n'est pas un roman policier, c'est une romance » lance tout de go le récipiendaire du prix Edgar-Allen-Poe, du Shamus Award et de l'Anthony Award devant mon air surpris suite à cette révélation.

Mais il n'y a pas que le choix de la romance qui surprenne, il y aussi l'absence de Myron Bolitar son héros phare. « Je ne planifie pas d'avance le protagoniste de mes romans. Je ne me dis jamais qu'il est temps d'écrire une histoire de Myron ou de Mickey Bolitar. Je me laisse guider par l'idée initiale, c'est elle qui décide du personnage central du roman» explique l'auteur qui a écrit 10 romans avec Myron Bolitar, 3 avec son neveu Mickey et 14 autres, dont Six ans déjà, qui mettent en vedette d'autres personnages.

Cette méthode permet à l'écrivain de s'aménager des bulles d'oxygène et de garder son enthousiasme face à l'écriture. « Mais il n'y a pas que les personnages que je modifie, il y a aussi le style des romans. Quelques fois ce sont des polars, d'autres fois des policiers classiques, des thrillers ou des histoires d'amour, d'amitié, de rédemption ou d'espoir. J'avais envie depuis longtemps d'écrire une histoire qui s'ouvrait avec une scène de rupture amoureuse et c'est devenu Six ans déjà » soutient l'auteur qui n'essaie pas de justifier son choix d'écrire une romance. « Que ce soit une romance ou un autre style, ce n'est pas important, à part pour les journalistes et les éditeurs. L'important c'est que l'histoire soit bonne, que le lecteur se fonde dans l'intrigue, que tout disparaît autour de lui quand il plonge dans le roman » renchérit-il.

Mais attention il ne s'agit pas d'une romance à la Harlequin, au contraire elle tourne à la quête obsessionnelle et se transforme rapidement en un thriller efficace au rythme effréné. «Effectivement il s'agit bien d'une quête où le personnage central veut savoir ce qui est arrivé à la femme qu'il aimait et qui l'avait quitté abruptement et sans explication six ans auparavant.» Cette quête va amener Jake, un tranquille professeur d'université, sur les traces d'une organisation secrète aux motivations douteuses. « Pas si douteuses que ça » rétorque l'auteur qui ne veut pas en dire plus, histoire de ne pas dévoiler son coup de théâtre final.

Jake devra vite apprendre à réagir au quart de tour, une marque de commerce pour le romancier qui adore mettre en scène des personnages ordinaires dans des situations extraordinaires. « Je trouve que les réactions des gens ordinaires, des gens comme vous et moi, sont plus intéressantes que celles des super-héros. Les lecteurs s'identifient plus à ces personnages. Une stratégie que des cinéastes comme Hitchcock ont utilisé régulièrement » rappelle-t-il.

Ce procédé « hitchcockien », n'est pas son seul emprunt au 7e art. Coben est passé maître dans l'art de faire monter la tension grâce à un habile mélange de courts chapitres dynamiques, un découpage très cinématographique, une utilisation presque scientifique du rebondissement et une narration efficace. La rencontre de ces éléments permet à l'écrivain de plonger avec avidité le lecteur dans ses intrigues et de le guider, sans qu'il ne s'en aperçoive, vers la conclusion. « Je suis un conteur. J'aime écrire des histoires que les gens dévorent d'un trait. Mes romans sont ce que les anglophones nomment des page-turner. Mais ça ne veut pas dire qu'il n'y a pas d'émotions. Au contraire je veux que le lecteur s'identifie à mes personnages, qu'il ressent ce qu'ils ressentent, mais je ne suis pas le genre d'auteur qui va décrire un coucher de soleil en 10 pages. J'ai une écriture plutôt directe. »

Une écriture directe oui! Mais aussi dynamique, économe et efficace où toutes les décisions, tous les gestes des personnages, toutes les répliques et tous les mots sont importants et ne sont pas gratuits. « J'évite le superflu et les effets de styles qui n'apportent rien. Elmore Leonard disait qu'il essayait toujours de couper les parties que le lecteur allait sauter et c'est ce que je fais.»

Une stratégie qui a très bien servi l'auteur si on se fie à son succès autant critique que populaire et qu'il utilise avec intelligence dans cet intéressant Six ans déjà. À vous maintenant de vous laisser séduire par Harlan Coben.

Harlan Coben, Six ans déjà, Belfond.

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