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«L'enfant et la rivière»: laissez passer les enfants de la nuit

Je vous invite donc à partir, comme Pascalet et son ami, et d'explorer les eaux de cette rivière mystérieuse qui sous le dessin gorgé d'émotions de Xavier Coste devient un voyage inoubliable.
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Moins connu ici, le roman d'Henri Bosco l'enfant et la rivière est un récit que tous les pré-ados français ont lu. La quête identitaire de Pascalet et de son ami Galzo s'est imposée dans l'imaginaire français et est devenue au fil du temps une œuvre incontournable au parfum surannée d'une France méridionale de l'après-guerre. Une de ses histoires que les lecteurs se sont tellement appropriées qu'il est presque impossible de l'adapter sans soulever les passions de tout un chacun. De quoi faire reculer plus d'un créateur. Pourtant le défi n'a pas fait peur à Xavier Coste qui propose une relecture brillante, mais très fidèle du roman phare de Bosco. À l'occasion de son passage à Montréal nous avons rencontré le dessinateur normand.

Sarbacane

« Il y avait effectivement une certaine pression. Mais quand j'ai relu le bouquin je me suis aperçu qu'il y avait plusieurs lectures possibles du roman, ce que je n'avais pas saisi plus jeune. À ce moment j'avais beaucoup aimé la touche de fantastique alors que ce qui m'a marqué lors de ma relecture c'est la dureté de certaines situations. » Un nouvel éclairage qui allait lui permettre d'explorer le roman en mettant l'accent sur certains éléments et en survolant d'autres. « Il faut préciser que je l'ai lu quand je suis entré au collège, j'avais autour de 11 ans », presque l'âge de Pascalet serions-nous tentés de rajouter. « Je l'avais depuis ce temps mis un peu de côté dans mes souvenirs », explique celui qui l'a redécouvert lorsque Sarbacane l'a contacté pour en faire une adaptation dessinée.

« Le directeur éditorial qui avait lu mes bandes dessinées et qui était en train de le relire a fait tout de suite une association entre le roman et mon graphisme. Il m'a donc proposé de présenter ma vision du bouquin. J'ai choisi un regard plus adulte », renchérit le bédéiste qui a aussi eu la même latitude de la part des ayants droit de Bosco. « Ils ne sont jamais intervenus. Ils ont été prévenus du projet en amont et ils l'ont découvert une fois terminé. Ils ont été très satisfaits du résultat. »

Mais Coste, qui travaille présentement sur une biographie dessinée et romancée de Gustave Eiffel – un exercice qu'il maitrise bien après en avoir fait une sur Rimbaud et une autre sur Egon Schiele, « je croyais bien ne plus en faire, mais un copain m'a convaincu d'embarquer dans son projet » - n'avait pas à s'inquiéter de possibles objections. Au contraire, son trait lumineux se prêtait à merveille a cette aventure «huckleberryfinnesque» au parfum d'une Provence personnelle, vivante, pleine de couleurs, de parfums, de bruits et de nature, à la fois proche et loin de celle immortalisée par Pagnol.

xavier coste

« À l'origine, je voulais représenter des endroits qui existaient vraiment. Je me suis documenté sur la Provence, même si je la connaissais bien puisque j'y ai passé plusieurs de mes vacances. J'avais repéré une rivière qui aurait été le théâtre parfait. Mais au moment de dessiner l'album j'ai décidé d'utiliser une Provence imaginaire parce que je me suis rendu compte que la beauté de l'histoire c'était de représenter une région complètement fantasmée », rajoute le bédéiste qui a quand même fait des recherches sur les lumières et les couleurs de la France méridionale. « Je voulais qu'en feuilletant l'album le lecteur puisse voir ses différentes luminosités.»

casterman

Ce choix lui permet de saisir toute la richesse des couleurs du Midi et de mieux traduire la gravité des propos de Bosco, comme si la lumière éclatante les rendait encore plus dramatiques. « J'ai utilisé des couleurs douces sciemment. Je voulais ainsi désamorcer la cruauté de certaines scènes. » Ce qu'il n'avait pas fait pour Les lendemains du monde où les couleurs plus dramatiques appuyaient à merveille le monde froid et cauchemardesque qui était au cœur de cette œuvre d'anticipation. « Les propos des lendemains du monde se prêtaient à ces ambiances plus désespérées. Pour L'enfant et la rivière je voulais faire une bédé grand public, où tous les lecteurs s'évaderaient en la lisant » conclu l'auteur qui tout au long de son adaptation trouve le bon ton pour souligner sans insister lourdement les scènes les plus cruelles du roman.

Je vous invite donc à partir, comme Pascalet et son ami, et d'explorer les eaux de cette rivière mystérieuse qui sous le dessin gorgé d'émotions de Xavier Coste devient un voyage inoubliable.

Monumentale erreur la semaine dernière, c'est bien Charles Dupuis et non Paul Dupuis qui refusa à Roba une première chance de publier dans Spirou parce que ce dernier avait travaillé dans le dessin publicitaire. Toutes mes excuses à la famille de Roba et au vénérable éditeur belge.

Bonne nouvelle pour la bédé d'ici. Philippe Girard grâce à sa courte adaptation de la pièce de Shakespeare Pericles vient de se voir décerner un prix spécial lors de la toute nouvelle édition du Graphic Shakespeare Competition un concours international. Bravo à Philippe en espérant qu'on puisse nous aussi la lire.

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