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De René-Lévesque à Broadway

Alors qu'on le connaissait comme un excellent dessinateur de «fantasy», Djief nous a surpris avec une incursion dans une science-fiction très «mézièrienne».
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Alors qu'on le connaissait comme un excellent dessinateur de « fantasy », Djief nous a surpris avec une incursion dans une science-fiction très « mézièrienne ». Pour sa nouvelle bédé le dessinateur brise encore une fois nos certitudes avec un album à des années-lumière de l'univers mythologique nordique du Crépuscule des dieux et du futur déglingué de White Crows. À l'occasion de la sortie de Broadway, nous avons rejoint l'auteur à son domicile de la capitale nationale. Rencontre avec un insaisissable qui n'en finit plus de se réinventer graphiquement.

« Je fais toujours à tête» rigole le dessinateur. « Non, blague à part, je le fais parce que ça m'amuse et que ça me permet de pousser plus loin ma technique et ma façon de faire » explique le dessinateur qui ne se sert pas de ces changements pour faire de l'esbroufe ou de l'épate graphique. « Le dessin doit mettre en valeur le récit. Il change d'une bande dessinée à l'autre selon l'histoire que je raconte. Dans Broadway l'atmosphère joue un rôle fondamental, c'est pourquoi j'ai utilisé l'aquarelle et la couleur sépia qui donne un parfum vieillot à mes dessins.»

Broadway, comme son nom l'indique est une incursion dans le monde du music-hall, des grandes revues et des théâtres qui ont fait de la rue new-yorkaise La Mecque du spectacle et du divertissement. À travers le Chapman's Paradise, un établissement au tragique destin, Djief nous fait découvrir un univers naïf et enthousiaste où le « glam » et les mirages clinquants se confondent à la réalité à la veille de la crise boursière de 1929.

Un merveilleux prétexte pour explorer les nombreux visages de ce boulevard aux triomphes éphémères, aux rêves brisés et aux espoirs déçus. « Pour moi c'était un bonbon, c'était très rafraîchissant de travailler sur cette histoire. Je me suis fait plaisir en explorant un univers historique aussi riche que celui du New York des années 20. Quand j'ai décidé de réaliser cette histoire, j'ai à peu près tout vu et tout lu ce qui a été fait sur cette époque et sur cette ville. »

Si ce New York de début de siècle a été maintes fois immortalisé par les cinéastes et les photographes, Djief en trace un portrait original, en présentant la ville sous un manteau de neige et en gommant tous ses édifices caractéristiques de l'horizon. Exit les immenses gratte-ciel qui avaient permis à un monstrueux gorille d'atteindre les plus hauts sommets new-yorkais. « Comme mon histoire se passe à la fin 1928 et au début de 1929, je trouvais intéressant de montrer la ville sous la neige, dans le froid. Bien que ça ne joue pas un rôle dans l'histoire, ça lui donne une autre dimension. Pour ce qui est des grands édifices emblématiques, l'Empire State Building et le Chrysler Building n'existaient pas à l'époque, je ne pouvais donc pas les représenter. Ce qui ne sera pas le cas en 1933, lors du tournage de King Kong.» Une tâche difficile puisque il lui devenait alors impossible de représenter la ville à partir de ses symboles urbains. « J'ai dû trouver des photos et des prises de vues qui me donnaient une bonne idée de la ville. Le défi c'était de reproduire une ville que l'on était capable d'identifier rapidement sans constamment utiliser la statue de la Liberté. »

Mais il n'y a pas que la représentation de New York qui a fait l'objet de l'œil pointilleux du dessinateur. La musique et les spectacles présentés dans l'album ont subi le même traitement. « Pour les spectacles il y a bien sûr des trucs que j'ai inventé comme le Goodbye Babylon -où on retrouve deux superbes gigantesques éléphants en papier mâché, clin d'œil au Good Morning Babylon des frères Taviani --, mais il y a des vraies revues comme Whoopee présentée en 1928 au New Amsterdam Theater » un des lieux mythiques de la légendaire rue.

Idem pour les chansons évoquées tout au long de l'album qui ponctuent efficacement un rythme déjà trépidant. « Les chansons sont aussi de cette époque et ceux qui veulent les entendre peuvent venir sur mon site www.djief.com. » On ne sait jamais l'intégrale pourra peut-être venir avec un cd des chansons. Espérons que l'éditeur aura cette idée de génie.

Le résultat de Broadway est la découverte d'un nouveau Djief, plus aérien, plus lumineux, plus nuancé, qui comme un chef d'orchestre nous entraîne au rythme des « chorus line » des plus fameux « musicals » des années 20. Mais ça ne signifie pas pour autant que l'ancien Djief est disparu. Au contraire le dessinateur travaille actuellement sur le 9e tome de son fameux, mais beaucoup plus sombre Crépuscule des dieux.

Deux Djief pour le prix d'un, c'est le lecteur qui sera le grand gagnant de cette transformation.

Jusqu'au 31 octobre, vous pouvez participer au financement populaire de la suite des aventures de Golden Beard. Après le succès du premier financement David, M. Paquet et son équipe ont décidé de faire vivre de nouvelles aventures à ses personnages. Pour en savoir plus, vous pouvez visiter le site goldenbeardproject.com ou encore aller directement sur Kickstarter au d'ici le 31 octobre.

Djief, Broadway, une rue en Amérique, tome 1, Quadrants

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