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Christian Page: malédiction sur pellicule

Le célèbre enquêteur du paranormal Christian Page vient de publier un intéressant livre sur quinze films d'horreur et de SF inspirés de faits divers.
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Depuis le 10 juin dernier les salles de cinéma nord-américaines présentent The Conjuring 2. Dans ce deuxième volet les démonologues Ed et Lorraine Warren enquêtent sur le poltergeist d'Enfield, un des faits divers paranormaux les plus célèbres de l'Angleterre. Les super détectives de l'au-delà sauront-ils résoudre encore une fois une énigme surnaturelle et délivrer la famille Harper de leur intrus cauchemardesque? De quoi piquer la curiosité du célèbre enquêteur du paranormal Christian Page qui vient de publier un intéressant livre sur quinze films d'horreur et de SF inspirés de faits divers.

«Les films tirés de faits vécus ont toujours été très populaires. À l'heure actuelle c'est près de 40% des films américains présentés sur les écrans qui sont basés sur des histoires véridiques. C'est un filon payant pour Hollywood», explique Christian Page qui déplore la définition de plus en plus élastique de l'histoire vraie.

«Quand on compare la production des dernières années à celle de la fin des années 70, là où le concept devient un argument de promotion, on voit une véritable transformation. Des films comme The UFO Incident (1975) ou encore The Amityville Horror (1979) sont proches des témoignages originaux, ce qui n'est plus du tout le cas maintenant.» La situation serait-elle que les adaptations cinématographiques n'auraient plus rien en commun avec les histoires originales. «Ça ne m'étonnerait pas qu'on sorte un jour un nouveau Jurassic Park avec la mention tirée d'une histoire vraie sous prétexte que les dinosaures ont déjà existé», plaisante-t-il.

Si la stratégie est commercialement rentable il reste que la démarche soulève des questions éthiques. «Je comprends que les cinéastes prennent des libertés, c'est le principe même de la fiction mais quelques fois le résultat est vraiment très loin de la réalité», rajoute le journaliste qui cite The Haunting in Connecticut (2009), autre enquête tirée des dossiers Warren, où les différences entre le film et le fait divers sont tellement nombreuses qu'on a l'impression que ce sont deux histoires différentes. «À la sortie d'un bouquin sur leur histoire, les époux Snedeker ont entrepris une tournée promotionnelle. Invités à un talk show ils se sont mis à raconter une version totalement différente de celle imprimée dans le livre» qui était supposément l'officielle.

Le danger c'est que les adaptations cinématographiques risquent de s'imposer dans l'imaginaire populaire au détriment de ce qui s'est véritablement passé. C'est ce qui est arrivé avec The UFO Incident qui raconte l'enlèvement par des êtres venus d'ailleurs de Betty et Barney Hill dans la nuit du 19 au 20 septembre 1961. «Le téléfilm de Richard A. Colla a imposé le scénario type des enlèvements extra-terrestres» avec les sondes, les examens physiques, le temps qui disparait et tutti quanti.

C'est peut-être ce qui risque aussi de se dérouler avec le couple Warren (The Conjuring, The Amityville Horror, The Haunting in ConnecticutLegacy of Evil, Annabelle) dont l'image sur le grand écran commence à éclipser la vraie. «Les Warren étaient des religieux zélés», précise Page qui a rencontré le couple à plusieurs reprises pour ses émissions télé.

«Quand on regarde de près leur documentation, c'est moins sérieux que ce que ne laisse croire les films. On s'aperçoit assez rapidement que leurs preuves sont faibles et qu'ils déforment la réalité. Oui ils procédaient à des exorcismes mais ils travaillaient avec une communauté religieuse dissidente de l'Église catholique qui pour quelques dollars pratiquait des exorcismes sur demande», ajoute Page.

«Ils n'auraient passé qu'un après-midi sur ce cas. Un des enquêteurs sur l'affaire Guy Lyon Playfair a tracé récemment à la télévision britannique un portrait dévastateur de leur contribution dans cette histoire.» Et comme son portait est très négatif, gageons que James Wan l'a rejeté du revers de la main, préférant miser sur le coté Batman et Robin - «ils ne s'attaquaient qu'à des entités puissantes, quand ce n'était pas le Diable lui-même, jamais à des fantômes de bas étages», renchérit-il, du couple coqueluche du paranormal «made in Hollywood.» De quoi refroidir l'enthousiasme des amateurs de films d'horreur.

Pourtant, malgré tout, Page continue à les voir avec le même plaisir. «Je suis un bon public, j'adore les films fantastiques basés sur des histoires vécues. Durant la projection, l'enquêteur du paranormal n'intervient jamais. Mais quand vient le temps de discuter du film, je retrouve mon sens critique. Ce n'est pas parce que j'ai adoré la version filmée de The Mothman Prophecies que je n'ai pas de bémols sur elle, que je ne vois pas les libertés que le réalisateur a prises.» Et des libertés, le film de Mark Pellington en contient une tonne, en commençant par le journal qui emploie Richard Gere. «Dans le film c'est un journaliste prestigieux du Washington Post, alors qu'en réalité il écrivait pour le magazine paranormal Fate. C'est pas mal moins vendeur», conclut Page dans un éclat de rire.

Maintenant grâce à Page, la vérité est rétablie et les libertés prises par les réalisateurs connues. Mais que les faits divers et les films soient proches ou éloignés, les deux visions sont toujours intéressantes. Pourquoi alors se priver du plaisir de suivre dans l'obscurité des salles de cinéma l'enquêteur du paranormal?

Il n'y manque que le pop-corn et les frissons.

Christian Page, L'enquêteur du paranormal au cinéma, les éditions publistar.

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