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Des bulles sur la pellicule

Certains cinéastes ont su transposer avec brio sur pellicule la bande dessinée. C'est le cas de, le tout dernier film du grand Bertrand Tavernier qui prend l'affiche ce week-end à Montréal.
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L'histoire de la bande dessinée se confond souvent avec celle du cinéma. Les deux arts nés à la fin du XIXe siècle se sont rapidement influencés et se sont constamment emprunté des techniques et des modes narratifs. Si l'association entre les deux arts semble naturelle, elle n'est pourtant pas une garantie de succès. Plusieurs adaptations n'ont pas répondu aux attentes ni des cinéphiles ni des bédéphiles. Mais dans de rares cas, certains cinéastes ont su transposer avec brio sur pellicule la bande dessinée. C'est le cas de Quai d'Orsay, le tout dernier film du grand Bertrand Tavernier qui prend l'affiche ce week-end à Montréal. À l'occasion de sa sortie montréalaise, nous avons eu l'honneur de rencontrer cette légende vivante pour parler bande dessinée.

« J'aime la bande dessinée. Je ne suis pas l'homme d'un seul amour. Ce n'est pas parce que j'ai tourné Autour de minuit, qui traite du jazz, que je n'aime pas la musique classique. C'est exactement la même chose pour la littérature et la bande dessinée. J'aime les romans et j'aime aussi la bande dessinée! Dans ma bibliothèque, j'ai tout un rayon de bandes dessinées, mais ce sont surtout des classiques », explique le réalisateur qui cite pêle-mêle certaines de ses bandes dessinées : Blueberry, Lucky Luke, Tarzan de Hogart, Prince Vaillant, Régis Franc, Tardi et même Dashell Hammet, le créateur du mythique Faucon maltais. « J'ai aussi des trucs plus actuels, mais entre les bouquins, les DVD, les films et mon travail de metteur en scène je manque de temps pour lire tout ce qui se fait. Je ne suis pas un spécialiste de la bédé, mais je la connais, j'en achète régulièrement. Je ne l'ai pas découvert avec Quai d'Orsay », précise le réalisateur.

Si le réalisateur de L.627 n'avait pas encore touché à la bande dessinée, c'est qu'il n'avait pas trouvé celle qu'il avait envie d'adapter. « J'ai eu un choc en lisant Quai d'Orsay. J'ai eu tout de suite le désir d'en faire un film et c'est le moteur principal de mes choix. J'aime me retrouver dans un monde que je ne connais pas » et Quai d'Orsay, qui explore et avec un humour fin et intelligent les coulisses d'un cabinet ministériel, en l'occurrence celui des affaires extérieures à l'époque où Dominique de Villepin - qu'on nomme ici Alexandre Taillard de Vorms - y était le titulaire, lui offrait cette possibilité.

« Ce qui est important pour moi c'est de voir une ligne dramatique. On la trouve dans Quai d'Orsay. Il y a un chemin dramatique qui n'existe pas dans toutes les bandes dessinées », renchérit le cinéaste qui avoue avoir caressé l'idée de faire une adaptation de Blueberry avant de se tourner vers d'autres projets.

« Mais attention, il ne faut pas copier la bande dessinée. Il ne faut pas penser que c'est un story board parce que là, ça devient un piège. Moi, je repère ce qui me touche et j'essaie de le garder dans le film». Dans Quai d'Orsay plusieurs éléments ont séduit le réalisateur de Coup de Torchon. « J'ai fait une liste de ce que j'y adorais et de ce que je voulais retrouver dans le film. J'aimais beaucoup les personnages, ils étaient très très bien pensés. J'aimais aussi l'énergie du dessin de Blain et je voulais absolument la transposer sur la pellicule. Ce qui impliquait que je devais faire, à l'occasion, le contraire de ce que le dessinateur faisait. Lui, il a des cases, moi j'ai des plans, lui il joue sur la séparation grâce aux cases, moi je joue sur l'enchaînement, la mélodie grâce aux plans, ce qui n'est pas la même chose. Mais quelques fois, j'ai repris les plans de Blain parce qu'ils étaient parfaits.»

La présence des deux bédéistes à l'écriture du scénario n'est pas étrangère à la réussite de l'adaptation. «Ça me paraissait évident qu'ils devaient y participer. Ils avaient tellement bossé sur cet univers, Lanzac lui il le connaissait parfaitement puisque c'était son histoire. M'en priver aurait été une faute impardonnable, renchérit le quintuple césarisé - dont trois fois pour le scénario. Ils étaient d'accord pour modifier des trucs, ils étaient très ouverts aux changements. »

Cette première incursion dans l'univers de la bande dessinée ne signifie pas pour autant que le cinéaste va se lancer dans la création de sa propre bande dessinée comme son collègue Georges Lautner l'a fait quelques années avant sa mort. « Je ne sais pas si c'est le début d'une nouvelle carrière. J'ai encore envie de tourner et il faudrait que je trouve le dessinateur parfait. Pour l'instant, j'ai suffisamment de projets de films pour ne pas penser à autre chose », conclut le réalisateur.

Les deux tomes de Quai d'Orsay, chroniques diplomatiques de Christophe Blain et Abel Lanzac sont disponibles chez Dargaud.

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