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Blake et Mortimer: le charme discret de l'aristocratie

Depuis queest terminé, la seule façon de se replonger dans les réconfortants souvenirs de cette Britannia aux immuables traditions protégées par le pouvoir bienveillant de Sa Majesté, c'est de renouer avec les aventures de.
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Depuis que Downtown Abbey est terminé, la seule façon de se replonger dans les réconfortants souvenirs de cette Britannia aux immuables traditions protégées par le pouvoir bienveillant de Sa Majesté, c'est de renouer avec les aventures de Blake et Mortimer. Heureusement pour nous, et à la différence de la populaire série télé, leurs enquêtes sont loin d'être terminées et tout comme une bonne Bass se bonifient avec le temps.

Songe d'une nuit de fin d'été.

Rien ne présageait qu'en cette douce soirée londonienne le fantôme de William Shakespeare allait bouleverser la quiétude de la City, rien ne présageait qu'à la simple mention du géant de la dramaturgie anglaise, Philip Mortimer allait, tel un Robert Landgon d'avant-guerre, se lancer dans une mystérieuse quête à la recherche d'une stupéfiante révélation sur la légende de Stratford-upon-Avon.

Venise. À la suite d'un tremblement de terre, le marquis Stefano Da Spiri découvre dans son palais ancestral une chambre cachée où se trouve une étrange lettre en latin, destinée aux membres de la confrérie des Joueurs de l'Esprit et contenant une révélation sur la vie de Shakespeare. Il n'en faut pas plus pour que Mortimer et Elizabeth McKenzie, la fille de la célèbre historienne de l'art, Sarah Summertown, une de ses anciennes flammes, présidente de la William Shakespeare Defenders Society, se lancent à la poursuite des indices laissés par l'ancêtre de l'actuel marquis, Guillermo da Spiri, entre Londres à Venise. Hélas, d'autres hommes suivent la même piste, certains financés par Olrik, qui du fond de sa prison tire bien des ficelles, et d'autres associés à un groupe de Teddy boys, drôlement sapés, qui terrorisent les bourgeois de la ville une fois la nuit venue.

Après la science-fiction du bâton de Plutarque, les deux plus fameux Britanniques de la bande dessinée franco-belge s'attaquent maintenant à une des plus célèbres intrigues de l'histoire littéraire occidentale, la véritable identité de celui qui signait sous le nom de Shakespeare. Qui était Shakespeare? A-t-il véritablement écrit ses pièces de théâtre ou au contraire n'était-il qu'un prête-nom? Si les questions peuvent nous paraître surprenantes, elles ont longtemps divisé et divisent encore les cercles littéraires universitaires. Pour les uns le dramaturge était une femme, pour les autres, comme dans le sympathique Anonymus de Roland Emmerich, un noble qui ne pouvait écrire sous son vrai nom et pour certains comme les protagonistes du Testament de William S. l'imposant auteur serait en fait un duo, Shakespeare couchant sur papier les légendes glanées un peu partout à travers le vaste monde, par un marchand vénitien, excellent conteur et un des ses amis proches.

Je l'avoue, j'aime bien Blake et Mortimer, surtout les albums réalisés par les héritiers de Jacobs: Van Hamme, Ted Benoit, Antoine Aubin, Renaud, Rene Sterne, Chantal de Spiegeleer ou encore comme ici, Sente et Julliard. Chacune des nouvelles apparitions du duo me plaît et cette nouvelle aventure ne fait pas exception à la règle.

Délaissant les sentiers traditionnels qu'ils arpentent depuis 1946, les deux héros, même si Blake joue un second rôle, nous invitent dans un palpitant jeu de pistes truffé de rebondissements et de coups de théâtre. Véritable rébus enveloppé de mystères au sein d'une énigme comme le disait si bien Churchill, Le testament de William S. est une des plus riches collaboration de Sente et de Julliard qui manifestement se délecte avec une complicité, un plaisir et un enthousiasme communicatif de cette aventure qui pourrait faire la barbe à tous les Dan Brown de ce monde.

Si Sente joue avec délice avec ses personnages ouvrant quelques portes sur le passé du professeur Mortimer, Julliard, quant à lui, impressionne une fois de plus par la richesse de son trait qui décoince littéralement le statisme «jacobsien.» Le créateur des 7 vies de l'épervier se fond à la perfection dans son graphisme, il lui donne toutefois un dynamisme, une fluidité et du mouvement moins présents dans la série originale.

Encore une fois, le tandem intègre, ce que ne pouvait pas faire Jacobs, des éléments de la vie quotidienne d'une Albion sclérosée, pleine de non-dits et de sous-entendus, sur le point de connaître la révolution rock'n'roll d'une jeunesse en quête de changements, d'espoir et d'oxygène. Si les Quarrymens, première mouture des Beatles, étaient présents, l'espace d'une case dans la Machination Voronov, ici ce sont les Teddy boys, drôlement bien sapés, ancêtres des droogies d'Orange Mécanique, qui nous rappellent que l'Angleterre de Sir Francis et de Sir Philip tout comme le phénix est sur le point de mourir et de renaître sous une nouvelle forme.

By jove un album plus que réjouissant, même si je m'ennuie à l'occasion du Julliard des 7 vies de l'épervier et d'Arno. Mais bon, il est tellement à l'aise dans cette série qui semble avoir été créée pour lui, qu'on serait bien égoïste de lui demander autre chose.

Il est très difficile de faire une bonne bédé historique, trop souvent elles ressemblent à un survol didactique à la Oncle Paul. Mais ce n'est pas le cas de la collection Ils ont fait l'histoire qui met en collaboration des scénaristes et des dessinateurs aguerris sous l'égide d'historiens reconnus. Les deux dernières parutions Mao Zedong et Kennedy sont intéressantes et réussissent à démystifier ces deux grandes figures grâce à un scénario qui ne manque pas de rythme ni de couleurs. Et même si le dessin n'est pas toujours à la hauteur, il reste que j'ai bien aimé ce survol historique.

Sente, Julliard, Le testament de William S., Blake et Mortimer.

Runberg, Damour, Kaspi, Kennedy, Glénat, Fayard.

Movran, Voulizé, Ortiz, Domenach, Mao Zedong, Glénat, Fayard,

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