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Si au Québec la bande dessinée québécoise commence timidement à faire sa place au soleil, dans le reste de la francophonie européenne le travail reste à faire...
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Elle en a fait du chemin la bande dessinée québécoise depuis le succès médiatique et commercial, 50 000 exemplaires, du Bojoual de J. Guilemay en 1973. Un parcours fait de petits pas, de recul, de surplace, d'embûches et d'incertitudes. Ce qui ne l'a pas empêché de continuer à avancer et à faire connaître sa richesse et son originalité dans un marché dominé largement par les productions d'Europe francophone et des États-Unis. Si au Québec la bande dessinée québécoise commence timidement à faire sa place au soleil, dans le reste de la francophonie européenne le travail reste à faire, une situation qui pourrait bien changer avec la création du prix de l'Association des Critiques et journalistes de Bande Dessinée pour la meilleure bande dessinée québécoise. À l'occasion de la mise en nomination des trois finalistes, nous avons rencontré Nicolas Fréret, journaliste chez Canoe.ca, membre de la plus prestigieuse organisation de journalistes bd de la francophonie, initiateur et coordinateur de la récompense. Discussion sur la première reconnaissance internationale officielle francophone de notre 9e art.

« Je ne m'attendais pas du tout à une réception aussi enthousiaste lorsque j'ai proposé, lors de la dernière assemblée générale de l'ACBD, la création d'un prix pour la bande dessinée québécoise. Je m'attendais à des discussions, mais à ma grande surprise, la proposition a été acceptée à l'unanimité », explique au bout du fil le journaliste encore surpris par l'enthousiasme des membres européens pour une bande dessinée connue que par une poignée d'aficionados. « Quand on regarde d'Europe, je sais puisque je suis d'origine française, la bande dessinée québécoise, c'est bien loin. Ils n'y ont pratiquement pas accès. Quand j'y étais, j'en trouvais de façon anecdotique dans des librairies indépendantes qui en avaient quelques-unes. » Et même si La Pastèque est désormais distribuée en Europe francophone et que quelques bédéistes québécois publient chez des éditeurs européens, il reste que pour trouver une bédé québécoise c'est la galère et pas juste pour les amateurs. « Même pour les journalistes c'est compliqué de s'en procurer. » Mais la situation pourrait changer avec la création du prix. « 5410 titres publiés l'an dernier dont 3946 nouveautés ont été publiés l'an dernier en Europe francophone. Devant autant d'albums un grand prix comme celui de l'ACBD est un gage de qualité pour les amateurs. En créant un prix de la meilleure bande dessinée québécois, notre bd va être mis sur la map y compris pour les Européens. »

Toutefois, comme la très grande majorité des 115 bandes dessinées publiées au Québec l'année dernière ne sont pas disponibles en Europe dont 2 des trois titres en nomination, on peut quand même s'interroger sur son efficacité. La situation n'inquiète pas du tout l'enthousiaste amateur de bandes dessinées. « L'idée avec cette reconnaissance c'est de faire rayonner notre bande dessinée en Europe francophone. Ici, il y a déjà des prix pour la célébrer et la faire connaître. Mais en France il doit y avoir un levier pour la faire connaître. Le prix est un de ces leviers. Là, on vient de lancer une pierre. Après on va voir ce qui va se passer. Est-ce qu'il va se créer des ponts pour que les finalistes soient distribués là-bas? Est-ce qu'un éditeur européen va acheter les droits de ces bandes dessinées? Je ne sais pas. Pour l'instant, on ne contrôle rien. Mais j'espère que la pierre ne tombera pas dans l'eau. J'ai envie de me battre pour que le meilleur de la bande dessinée québécoise soit distribué en Europe.»

Curieusement, comme on pourrait le croire de prime abord, ni Paul ni les Nombrils, notre plus grand succès international, ne figurent parmi les trois finalistes de cette année. « Il n'y a pas eu de Paul entre le 1er juillet 2014 et le 30 juin 2015, l'année prochaine ça pourrait être une autre histoire puisqu'on attend un nouveau Paul dans quelques jours. Pour les Nombrils, c'est une série que je trouve géniale. J'ai adoré le nouveau tome, j'en ai fait une bonne critique et je le recommande à tout le monde. Mais, malheureusement, il ne répond pas aux exigences établies par l'ACBD pour le Grand Prix », précise-t-il rappelant du même souffle que le grand prix doit soutenir et mettre en valeur dans un esprit de découverte un livre de bandes dessinées publié en français à forte exigence narrative et graphique marquant par sa puissance, son originalité, la nouveauté de son propos ou les moyens que l'auteur y déploie. « Cette phrase est le filtre qui guide nos réflexions. »

Malgré l'absence de Paul et des Nombrils, il faut avouer que les trois albums retenus sont d'excellents choix qui illustrent bien le dynamisme et la richesse de notre 9e art. Maintenant qui entre 23h72 de Blonk, La guerre des arts de Francis Desharnais et Les Aventures de Jimmy Beaulieu sera couronné, on le saura lors du Salon du livre de Montréal en novembre prochain.

Le 5e numéro de l'excellente revue Planches vient d'arriver dans nos librairies. Encore une fois, les éditrices Sandra Vilder et Émilie Dagenais proposent un numéro de grande qualité avec en prime une superbe couverture de Richard Suicide pour tout les amoureux d'Halloween et des potirons. Un incontournable comme les autres numéros.

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