Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Nestor Burma, Aspic: du rififi chez les détectives de choc!

Alors pourquoi j'ai arrêté de lire Burma? Je ne sais toujours pas, mais je vais vite aller me procurer les albums qui manquent à ma collection.
This post was published on the now-closed HuffPost Contributor platform. Contributors control their own work and posted freely to our site. If you need to flag this entry as abusive, send us an email.

Aujourd'hui, je vous propose une petite incursion dans le monde des privés français, aux expressions colorées et au cynisme débordant d'enthousiasme.

Le retour de Nestor Burma

Belle surprise que ce nouveau Nestor Burma proposé par Casterman. Je dois avouer que je n'avais pas lu depuis très longtemps les adaptations bédés du détective de Léo Malet. Depuis le départ du grand Tardi pour tout dire. Pourquoi? Aucune idée! Pourtant ce nouveau Burma m'a attiré dès le premier coup d'œil, peut-être à cause de la brillante idée de le publier en feuilleton comme dans les journaux de l'après-guerre? Trois épisodes publiés (2 sont déjà disponibles, le troisième est prévu dans quelques semaines) dans un faux canard rempli de fausses et de véritables nouvelles, de réclames et de critiques cinématographiques et théâtrales. Le tout dans une ambiance très « french fifties » qui nous transporte dans le Paris de Léo Malet.

Encore une fois, Burma est confronté à un de ces cas qui du premier coup d'œil semblent très anodins, mais qui se relèvent vite un miroir aux alouettes où la vérité n'est pas celle que l'on croit, où les personnages les plus inoffensifs peuvent s'avérer les plus dangereux. Par une nuit de novembre, un étudiant en médecine, Paul Leverrier, fils d'un honorable médecin du boulevard Saint-Michel, est retrouvé mort dans sa voiture garée au quai St-Bernard. La police conclut au suicide. Hélas, sa fiancée, une jeune comédienne, n'y croit pas. Elle réussit à convaincre Nestor Burma - peut-être sensible à ses charmes ou à son désespoir amoureux - à enquêter sur le prétendu suicide. Avec son cynisme habituel et son humour sarcastique Burma s'enfonce dans la faune louche du 5e arrondissement.

Dès les premières cases, cette adaptation du 13e roman des de Leo Malet, séduit et réjouit. Tout comme l'avaient si bien fait Moynot et Tardi avant lui, Barral traduit avec brio ce Paris ouvrier, ce Paris de la criminalité ordinaire, ce mythique Paris anonyme tout droit sorti des films de Georges Lautner. Avec son dessin aéré, en noir et blanc - qui s'inscrit merveilleusement bien dans l'univers mis en place par Tardi - et ses fabuleuses répliques pleines d'humour, que n'auraient pas renié Michel Audiard, Auguste Le Breton et Albert Simonin, Barral nous amène à la suite de Burma dans les rues sombres d'un 5e arrondissement balayé par les vents frisquets de l'hiver qui s'annonce et sous le ciel triste et gris de ce Paris de novembre où flotte un parfum de mensonge, de chantage, d'arnaque et de crime.

Grand amateur des polars cinématographiques français des années 50, cette 10e aventure dessinée de Burma avait tout pour me séduire et au fil des pages j'ai retrouvé le même plaisir que j'avais quand j'assistais - comme lecteur j'entends - le détective dans Brouillard au pont de Tolbiac, 120 rue de la gare, Une gueule de bois en Plomb, Casse-pipe à la nation ou M'as-tu vu en cadavre.

Alors pourquoi j'ai arrêté de lire Burma? Je ne sais toujours pas, mais je vais vite aller me procurer les albums qui manquent à ma collection.

Aspic, détectives de l'étrange

Si Barral a su s'insérer à merveille dans le Burma de Tardi, on espère que c'est ce qui va arriver à Emmanuel Despujol qui prend la relève de Jacques Lamontagne qui vient d'annoncer son départ de la série Aspic.

Le défi du nouveau dessinateur va être d'autant plus intéressant que le tout nouvel opus d'Aspic, Vaudeville chez les vampires, qui vient tout juste d'arriver chez nous, est sans doute le plus réussi de la série. Jamais on n'a senti Lamontagne et Gloris aussi à l'aise dans leur intrigue. Ils sont en parfaite communion autant du côté du scénario et de l'intrigue que de la mise en scène, du montage et du graphisme. Les deux bédéistes s'amusent comme des petits fous dans cette conclusion de la deuxième enquête de l'agence Aspic.

Dans cette nouvelle enquête, la célèbre agence spécialisée dans les phénomènes paranormaux se frotte à un nouvel ennemi, plus terrifiant que les précédents : une famille de vampire dont le rejeton le plus dangereux est le fascinant comte Von Schreck - clin d'oeil à l'interprète du fameux Nosferatu de Murnau. L'investigation devient d'autant plus dramatique que l'énergique et rationnelle Flora est sous l'influence de ce suceur de sang grâce au baptême du vampire. Hugo son fidèle comparse doit s'unir à l'insupportable et suffisant détective Dupin pour mettre fin au calvaire de Flora. En effet, ils disposent, gracieuseté du baptême, d'un mois pour l'empêcher de devenir définitivement une vampire. Quand elle sera enlevée par son séduisant chauve aux oreilles pointues, Hugo et Dupin se lanceront dans une poursuite infernale contre les vampires et contre la montre.

Les promesses de ce 4e tome d'Aspic étaient excitantes et le résultat est à la hauteur de mes attentes. Les deux bédéistes mènent de main de maitre cette incroyable poursuite pleine de rythmes, de rebondissements, de coups de théâtre et de revirements. En parfaite harmonie avec son dessinateur, Gloris élabore un scénario écrit sur mesure pour le dessinateur québécois, donnant l'impression qu'il a été écrit par ce dernier. On y retrouve l'humour, l'affection pour ces personnages du début du XXe siècle et la connaissance de l'univers «vampirique» présent dans son excellent Van Helsing contre Jack l'Éventreur. Truffé de clins d'œil - caméo de Bram Stoker, le père de Dracula, utilisation du baptême du vampire - qui rappelle celui de Mina Harker, une des scènes les plus fortes du roman de Stoker - apparition de la tristement célèbre comtesse Élisabeth Báthory, ce nouvel opus d'Aspic est un véritable plaisir pour ceux qui connaissent bien l'univers « vampiresque ».

Et pour les autres ne vous inquiétez pas, vous allez, vous aussi, vous amuser. Il est impossible de ne pas tomber sous le charme de ces horribles vampires.

Barral, Malet, Tardi, Nestor Burma, Micmac moche au boul'mich, 2 tomes, Casterman.

Gloris, Lamontagne, Aspic détectives de l'étrange, tome 4, Vaudeville chez les vampires, Quadrants.

VOIR AUSSI SUR LE HUFFPOST

Des livres qui font du bien

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.