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La bande dessinée québécoise au musée: le rêve fou de François Bourdages

Dès le 17 juin et jusqu'au 28 janvier 2018, le Musée québécois de culture populaire de Trois-Rivières présentera une superbe exposition sur la bande dessinée québécoise.
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Le mois de mai est le mois de la bande dessinée, une célébration du 9e art de 31 jours. 31 jours, ça, c'est ce que ce qui se passe dans une année normale, mais cette année, le mois de la bande dessinée sera plus long, beaucoup plus long, presque 19 mois de plus, puisque dès le 17 juin et jusqu'au 28 janvier 2018, le Musée québécois de culture populaire de Trois-Rivières présentera une superbe exposition sur la bande dessinée québécoise.

À moins d'un mois de son ouverture, nous avons rejoint l'initiateur du projet François Bourdages qui, à force de persévérance, a su convaincre l'institution muséale de concrétiser son rêve fou.

«Ça peut paraitre surprenant, mais le musée n'a pas été difficile à convaincre. Les dirigeants étudiaient depuis quelques années la possibilité d'une exposition sur la BD, mais ils n'avaient rien trouvé d'intéressant», explique François Bourdages. Alors quand ce dernier s'est présenté devant eux avec son projet, ses documents et sa vision de l'exposition, ils lui ont prêté une oreille attentive. «Dès le départ, ils ont cru à la viabilité du projet. L'expo qui devait durer à l'origine 6 mois a été constamment prolongée. Elle tiendra l'affiche pendant presque 19 mois» rajoute-t-il avec une pointe de fierté dans la voix.

Mais sans vouloir enlever du crédit à la clairvoyance des administrateurs de l'institution, il faut reconnaître que l'effervescence de la bande dessinée québécoise leur a surement forcé la main. Ce qui était impossible il y a à peine 10 ans, attirer des gens à une exposition sur la bande dessinée québécoise est maintenant un pari moins risqué, plus jouable pour eux. Une constatation qu'appuie l'organisateur: «c'est vrai qu'il y a un timing incroyable présentement.»

Si le moment était parfait, il ne faut pas croire pour autant que Bourdages l'a eu facile et qu'il n'a eu qu'à se présenter pour voir son rêve se concrétiser. Au contraire pendant près de 4 ans, le bédéphile, devenu depuis un expert en bd québécoise, a travaillé en dilettante, les week-ends et après ses heures de boulot, sur son projet. «C'est un travail de longue haleine. J'y passais mes fins de semaine et mes soirées.» Mais comme de toute façon, il passait déjà ses temps libres à lire des bds, ça ne changeait pas vraiment sa routine. «Ça me permettait de travailler avec ma passion.»

Et comme si l'organisation de cette exposition n'était déjà pas assez de travail («attention j'ai quand même eu une collaboration exceptionnelle du personnel du Musée. Ils m'ont beaucoup aidé dans toutes les facettes de l'exposition»), François Bourdages s'est lancé avec l'historien de la BDQ Michel Viau dans une seconde expo consacrée cette fois à l'histoire des fanzines bd d'ici, ces petites revues bd souvent autoéditées et distribuées confidentiellement, acteurs fondamentaux du développement de notre 9e art.

«On expose plus de 120 fanzines qui représentent plusieurs périodes historiques. Au début du projet cette expo devait être dans une salle séparée de la principale. Mais avec le Musée nous avons convenu que ça serait plus intéressant si on l'intégrait à la principale.» C'est donc deux expositions au lieu d'une qui célébreront notre bande dessinée.

23 artistes - «on pensait en avoir une dizaine à l'origine» - œuvrant présentement sur la planète bd et dont les bouquins sont toujours disponibles sur le marché, viendront démystifier leur processus créatif. Jimmy Beaulieu, Delaf et Dubuc, Djief, Jean-Paul Eid, Philippe Girard, Réal Godbout, Mikaël, François Miville-Deschênes, Michel Rabagliati, Julie Rocheleau, Denis et Yves Rodier sont parmi les nombreux bédéistes qui ont répondu présents avec enthousiasme à l'appel de Bourdages et qui présenteront dans différents ilots; originaux, synopsis, esquisses, croquis, crayonnés, découpages, encrages et mises en couleurs.

Et en prime des documents interactifs et des entrevues filmées pour dynamiser l'exposition. «C'est vrai qu'une planche de bande dessinée c'est plutôt statique, alors on a voulu mettre du rythme et du mouvement dans l'exposition en incluant ces éléments. Par exemple on a filmé en support haute définition, la création d'une planche sur 24 heures et on a ramené ça dans un résumé de 7 minutes qui va être présenté sur un écran géant.»

Panorama de notre bande dessinée, l'expo ne fera toutefois pas de place aux fameux comics Héritage, ces versions québécoises des superhéros Marvel et DC, qui ont fait les délices des jeunes Québécois entre 1968 et 1987. «Ils n'avaient pas vraiment de place pour eux dans l'expo. Il y avait déjà beaucoup de matériel contemporain et de facettes à traiter et je crois que nous aurions pu nous perdre en les intégrant», se défend Bourdages lui-même grand collectionneur devant l'Éternel de ces publications. «Mais on va quand même parler de superhéros puisqu'on a une section sur le travail de Denis Rodier sur la mythique série consacrée à la mort de Superman», conclut celui qui ne ferme par la porte à une future exposition sur ces comics Héritage. «Pourquoi pas?»

Alors amateurs de Spider-Man, d'Iron-Man ou du Captaine America version Québec, Trois-Rivières ne sera pas la ville que vous devrez visiter cet été. Mais pour les autres, pour les amateurs de bande dessinée québécoise et de «petits mickeys», la ville du Sieur de Laviolette deviendra, dès le 17 juin, I N C O N T O U R N A B L E.

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