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2015: les polars et les BD qui ont fait l'année (1e partie)

Eh bien qui dit fêtes de fin d'année, dit palmarès. Pour respecter la tradition j'ai contacté, ze spécialiste du polar devant l'Éternel et nous avons concocté un petit top 10 pas piqué des vers, plein de bulles et de pruneaux.
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Eh bien qui dit fêtes de fin d'année, dit palmarès. Pour respecter la tradition j'ai contacté Daniel Marois, ze spécialiste du polar devant l'Éternel et nous avons concocté un petit top 10 pas piqué des vers, plein de bulles et de pruneaux.

Manu Larcenet, Philippe Claudel: Le rapport de Brodeck, tome 1, L'autre. Dargaud.

Quand les historiens de la littérature se pencheront dans quelques années sur l'apport de Larcenet ils souligneront sa contribution exceptionnelle et l'importance de ses remarquables bédés. Après son poignant Combat Ordinaire et son exceptionnel Blast, il revient avec une adaptation à couper le souffle du roman de Philippe Claudel le rapport de Brodeck. Jamais la forêt, l'hiver, la neige et l'isolement n'auront paru aussi angoissants. Une bd qui nous hante même une fois terminée.

Riad Sattouf : L'Arabe du futur tome 2, Allary Éditions.

Créer un classique immédiat de la bande dessinée est un travail presque impossible, en produire un deuxième relève de l'exploit. C'est exactement ce que Sattouf vient de réussir avec le deuxième tome de L'Arabe du futur. Comme dans le précédent album l'auteur, né d'une mère française et d'un père syrien, nous fait découvrir sa jeunesse dans l'arrière-pays syrien sous la dictature d'Hafez el-Assad. À la fois émouvante, drôle et révoltante, la bédé est une fabuleuse charge contre l'imbécilité, l'ignorance, la peur de l'autre et l'endoctrinement aveugle, quel que soit le côté de la barrière où vous vous situez.

Joël Alessandra, Petit-fils d'Algérie, Casterman.

La touchante quête identitaire, tout en douceur, en lumière et en aquarelle d'un petit-fils de pied-noir, les émouvantes retrouvailles d'Alessandra avec ses racines algériennes et une poignante réconciliation entre le bédéiste et son histoire. Alors que de plus en plus de déplacés errent dans le monde, Alessandra vient nous rappeler l'importance de retrouver ses racines. Une belle leçon d'humanité.

Daniel Pennac, Florence Cestac, Un amour exemplaire, Dargaud.

Un amour complètement fou à la mesure de l'imagination débridée du père de la famille Malaussène, on y retrouve l'humour, la folie et les personnages hauts en couleur qui ont fait des romans du prix Renaudot 2007 des petits moments de pur plaisir. Superbement servi par le dessin tout en rondeur, en facétie et en dynamisme de Cestac, Un Amour exemplaire vous redonne envie de croire en l'amour avec un grand A. Qui a dit que le temps tuait l'amour? Ni Pennac, ni Cestac et encore moins moi... mais peut-être Daniel Marois.

Gautier Langevin, Olivier Carpentier, Far Out tome 2, Studio Lounak.

Oui, je l'ai attendu cette suite. Mais l'attente en valait la peine. Imaginez une planète désertique pleine de robots adeptes du Clint Eastwood de la Trilogie du dollar. Il y a de la poussière dans ce Far Out. De la poussière, de la sueur, du soleil, des répliques décapantes, une musicalité lancinante « morriconesque, » un hommage à Et pour quelques dollars de plus et en prime une « robote. » Eh oui, il semble bien que les robots ne soient pas si asexués que ça. Quand Blueberry rencontre Asimov. Vivement la suite!

Et une petite mention pour l'irrésistible Carnets de thèse publié au Seuil. Pour tous ceux qui ont vécu ou qui ont subi les angoisses existentielles, et quelques fois incompréhensibles, d'un candidat à la maitrise ou au doctorat, la bédé de Tiphaine Rivière est l'achat à faire. Tout y est juste, tout y est vrai, une fabuleuse incursion humoristique dans un défi que même Hercule n'aurait pas relevé.

Victor del Árbol, Toutes les vagues de l'océan, Éditions Actes Sud / actes noirs.

Ce polar aussi complexe qu'enrichissant couvre presque un siècle de régime communiste, de la Russie de Staline à l'Espagne de Franco, et toutes les retombées malsaines que ces tyrans ont pu causer. Le deuxième roman de l'auteur catalan ne peut qu'être premier sur ma liste.

Ian Rankin, On ne réveille pas un chien endormi, Éditions du Masque.

John Rebus est de retour à la criminelle, forcé de faire équipe avec son ennemi d'avant, l'inspecteur Malcolm Fox. L'enquête est complexe alors qu'un ministre meurt dans des conditions obscures, cependant qu'en toile de fond le référendum sur l'indépendance de l'Écosse fait rage. Rebus doit puiser dans toutes ses réserves alors qu'une autre affaire le renvoie à ses débuts comme policier, un retour en arrière qui lui fait voir tout le chemin parcouru. Ian Rankin s'amuse et sa série, l'une des plus complètes de toute la littérature policière, ne semble pas vouloir s'essouffler. Un classique!

André Jacques, La Bataille de Pavie, Éditions Druide.

L'antiquaire Alexandre Jobin est sur la piste de sa progéniture, une dangereuse jeune femme qui pourrait le tuer avant même qu'il n'ouvre la bouche. Un roman solide, une intrigue impeccable. Passionnant!

Jo Nesbø, Le Fils, Éditions Gallimard série noire.

Juste avant de remettre mon top polar, Le Fils, de Jo Nesbø, m'a fait de l'œil. Résultat : le top 5 est bousculé. Il ne peut en être autrement! La Norvège de Nesbø est un Klondike de romans bien noirs. La corruption gangrène l'appareil judiciaire au plus haut niveau. Un jeune homme cherche à venger par le sang l'honneur déchu de son papa, inspecteur de police. Le fils est écrit avec un marteau et un scalpel. Le suspense est irrésistible.

Franck Thilliez, Pandemia, Éditions Fleuve Noir.

Ce livre se lit à pleine vitesse. On le dévore d'une nuit blanche à l'autre, incapable d'interrompre ce suspense bactériologique avant d'en connaître la fin. Le criminel est un monstre ignoble qui prend des allures d'ogre mythique. Frissons garantis.

Et parce que je triche toujours, allons-y pour une mention spéciale au roman d'anticipation de Michel Houellebecq, Soumission. Les valeurs de l'Occident s'étiolent et le renouveau tarde à prendre racine. Profitant de ces zones ombrageuses, un parti musulman français s'empare du pouvoir et transforme en profondeur la société et ses institutions. C'est à la fois un roman, un traité et un appel à l'aide. Seul un grand écrivain pouvait réussir ce tour de force, ou bien un sorcier, bref, Michel Houellebecq!

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