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Madame Bombardier, unissons la famille québécoise dans notre patrie

Bien que je puisse apprécier le fait que vous ayez des inquiétudes à propos de certains groupes minoritaires au Québec, je vous mettrais en garde de les exprimer d’une manière qui pourrait légitimer indirectement la violence.
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Il est à espérer que vous serez capable d’être d’accord avec moi, à savoir que nous devons prendre toutes les précautions, afin de nous assurer que nos débats au Québec demeurent respectueux et civilisés.
CP/Lars Hagberg
Il est à espérer que vous serez capable d’être d’accord avec moi, à savoir que nous devons prendre toutes les précautions, afin de nous assurer que nos débats au Québec demeurent respectueux et civilisés.

Chère Mme Bombardier,

Je vous écris présentement de Yokohama, au Japon, où je réside en compagnie de ma partenaire japonaise durant les hivers, autrement, je suis un Montréalais.

Je vous écris pour vous exprimer ma préoccupation et mon malaise au sujet d'une chronique que vous avez rédigée le 5 janvier 2019, intitulée Les québécophobes, et dans laquelle vous décriviez votre impression voulant que certains groupes minoritaires, comme les anglophones québécois, entretiennent une antipathie à l'égard du Québec, ajoutant également: «Je suis consciente que certains lecteurs à la tête brûlée et aux préjugés violents peuvent instrumentaliser mes propos», mais vous les avez rédigés quand même.

Bien que je puisse apprécier le fait que vous ayez des inquiétudes à propos de certains groupes minoritaires au Québec et que vous soyez sans aucun doute sincère dans vos convictions, je vous mettrais en garde de les exprimer d'une manière qui pourrait légitimer indirectement la violence.

Comme vous le savez probablement, je ne suis pas la seule personne à avoir soulevé des préoccupations à propos de votre chronique. Le chroniqueur du Montreal Gazette, Don Macpherson, l'a également contestée dans sa chronique du 11 janvier 2019 intitulée «A call to 'extinguish' minority dissent in Quebec», écrivant qu'il «ne pouvait se rappeler n'avoir rien lu de plus troublant».

Au cours des années, j'ai eu la bonne fortune d'être publié plusieurs fois en français dans Le Devoir, Le Soleil de Québec et le Huffington Post Québec. En règle générale, j'essaie de publier en français tout ce que je fais en anglais.

Certaines politiques publiques que j'ai prônées dans mes écrits incluent le soutien d'une constitution québécoise écrite, sans égard au statut politique du Québec. En fait, j'ai eu le bonheur d'aider Daniel Turp, lorsqu'il m'a demandé de rédiger un texte pour les anglophones dans le Montreal Gazette dans le but d'appuyer son projet de loi d'initiative parlementaire à l'Assemblée nationale en 2007.

J'ai aussi été mentionné dans des articles de médias québécois, américains et irlandais en tant que partisan d'une école française/anglaise intégrée (ou ce que je me plais à appeler le «modèle scolaire québécois») fonctionnant les deux tiers du temps en français et l'autre tiers en anglais. Et dans ma vie privée, j'essaie toujours d'écrire et de parler français aux francophones en geste de respect pour eux et dans ma propre pratique.

S'il est possible pour vous d'apprécier d'où je viens, j'espère que vous pouvez également comprendre que la promotion des perspectives pro-québécoises comme une Constitution québécoise et des écoles québécoises intégrées au sein de ma collectivité (déjà contre-intuitive pour certaines personnes) devient beaucoup plus difficile lorsque vous écrivez ce genre de commentaires.

M. Macpherson et moi n'avons jamais eu de relations sociales, politiques ou professionnelles. Ni ne m'a-t-il jamais personnellement appuyé, ou appuyé mes croyances déclarées ou mes politiques publiques dans ses chroniques. Mais je le vois comme un journaliste responsable qui, comme moi, je soupçonne, a une affection pour le peuple québécois.

Outre le fait que je sois la sixième génération de ma famille à être née au Québec, je suis également un citoyen d'Irlande, parce que je suis le petit-fils d'un citoyen né en Irlande. Son histoire a beaucoup de similarités avec la nôtre. En 2006, j'ai eu l'occasion de rencontrer la présidente de l'Irlande d'alors, Mary McAleese. Elle a dit qu'une fois que les fusils (comme instruments de la violence) entrent dans la politique d'un pays, il est difficile de les en déloger. Et ne vous y trompez pas: le ton d'angoisse dans sa voix et son langage corporel en disaient long sur son propos.

Il est à espérer que vous serez capable d'être d'accord avec moi, à savoir que nous devons prendre toutes les précautions, afin de nous assurer que nos débats au Québec demeurent respectueux et civilisés et que nous ne soyons pas à la veille de répéter en quelque façon que ce soit l'expérience irlandaise, souvent tragique.

Je serais très heureux d'avoir un échange de vues avec vous au sujet de la teneur de ce que vous avez écrit, que ce soit en français en privé ou en public. Mais je vous en prie, je vous exhorte à clarifier la citation écrite plus haut.

Avec mes respects, Madame Bombardier, unissons la famille québécoise dans notre patrie.

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