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Entrepreneuriat collectif et économie sociale: au-delà des belles paroles

Le Forum mondial de l'économie sociale 2016, qui s'est ouvert mercredi au Palais des congrès de Montréal, est une excellente occasion d'échanger avec des personnes venues des quatre coins du monde sur nos diverses expériences d'entrepreneuriat collectif.
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Le Forum mondial de l'économie sociale 2016, qui s'est ouvert mercredi au Palais des congrès de Montréal, est une excellente occasion d'échanger avec des personnes venues des quatre coins du monde sur nos diverses expériences d'entrepreneuriat collectif. Ce rendez-vous est aussi pour nous, comme décideurs publics locaux, une occasion unique de dresser un bilan des dernières années, qui ont été marquées par de nombreuses coupes et réformes.

Il nous faudra également réfléchir au positionnement futur de la métropole en regard de l'apport unique et durable des entreprises collectives dans le développement économique de la ville.

Les entreprises collectives, qui œuvrent dans des domaines aussi variés que l'habitation, les services de garde, l'aide à domicile, les technologies numériques, la culture, les loisirs, l'énergie et bien d'autres, se démarquent par leur mission d'intérêt public. La gouvernance démocratique et les conditions de travail sont aussi au cœur de ce qui démarque ce secteur qui représente plus de 8% du PIB du Québec. L'économie sociale a un impact majeur avec 7 500 entreprises collectives et plus de 150 000 emplois créés (pour Montréal, c'est plus de 60 000 emplois), sans parler de la pérennité et de l'apport structurant pour les communautés de ces entreprises.

Nous n'avons qu'à penser au rôle important qu'ont joué les entreprises d'économie sociale dans le secteur d'emploi du Mile-End. Que ce soit l'implication d'Ateliers créatifs Montréal et du Regroupement Pi2 pour le maintien des ateliers d'artistes, le développement d'espaces pour designers (Couturoscope), ou la création d'espaces de coworking individuels et communautaires comme le propose la coopérative Temps libre. Il est indéniable que ces initiatives collectives ont eu un impact sur la qualité de vie, le dynamisme, ainsi que sur l'attractivité qu'exerce ce quartier sur d'autres entreprises comme Ubisoft, Framestore ou Sun Life.

Nous pouvons aussi penser aux nombreuses entreprises qui ont vu le jour dans les dernières années dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve et qui ont permis à des centaines de personnes d'être intégrées au marché de l'emploi. Ces emplois de qualité ont certes donné une chance à des personnes marginalisées, mais ont aussi permis un réel développement économique. Il est grand temps que Montréal reconnaisse et encourage ce secteur de l'économie par des actions concrètes.

Le sommet de l'économie et de l'emploi de 1996, piloté par le premier ministre Lucien Bouchard, avait donné un souffle important à ce secteur. Rappelons-nous la création du Chantier de l'économie sociale et du Comité sectoriel de main d'œuvre, un fonds en économie sociale pour le démarrage et la consolidation des entreprises collectives. Cette vision et reconnaissance du développement local avait par la suite confirmé le rôle des corporations de développement économique et communautaire (CDEC) et entraîné la création des centres locaux de développement (CLD). Pendant près de deux décennies, ces organismes ont apporté un support financier et offert des services-conseils en démarrage et croissance à des centaines d'entreprises.

Malheureusement, le gouvernement libéral a récemment charcuté ces organismes aux mandats locaux de développement économique. Il a plutôt choisi de confier le mandat à la Ville de Montréal tout en coupant le budget alloué à ces activités de plus de 50%.

Durant cette période de coupures drastiques (2014-2015), le maire Coderre n'a malheureusement pas été très combatif pour défendre ce secteur important de l'économie montréalaise. Voyant là plus une opportunité de concentration de pouvoirs entre ses mains, il a plutôt négocié un transfert à rabais vers la Ville de Montréal. Son administration a concocté une réforme qui a résulté en l'abolition des 18 CLD et des CDEC de la région de Montréal et la création de six organisations supra locales (PME MTL). Il va sans dire que cette réforme a réduit l'offre de services directs aux entrepreneurs.

Nous souhaitons maintenant que le maire Coderre fasse preuve d'un plus grand leadership pour défendre et développer le secteur de l'entrepreneuriat collectif et de l'économie sociale. Il est plus que temps que la Ville développe une vision et qu'elle y alloue des ressources afin que notre métropole devienne véritablement une figure de proue en la matière.

Ce billet de blogue est cosigné par Laurence Lavigne Lalonde, conseillère de la ville du district Longue-Pointe (arrondissement Mercier/Hochelaga-Maisonneuve) et Richard Ryan, conseiller de la ville du district Mile-End (arrondissement Plateau Mont-Royal). Tous deux sont élus de l'opposition officielle à l'Hôtel de Ville pour le parti Projet Montréal.

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Mai 2017

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