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Ni pour, ni contre: bien au contraire!

Lorsqu'il s'agit d'informatique, le gouvernement se prononce inlassablement comme un sourd, un muet et un aveugle.
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Feriez-vous affaire avec un muet pour qu'il enseigne la diction à vos enfants ? Demanderiez-vous à un sourd d'ausculter votre voiture lorsque celle-ci émet un bruit indésirable ? Solliciteriez-vous un aveugle pour effectuer le plan d'aménagement paysager de votre terrain ? Toute personne saine d'esprit répondra par la négative à ces questions. Toutefois, lorsqu'il s'agit d'informatique, le gouvernement se prononce inlassablement comme un sourd, un muet et un aveugle.

Le 11 mars dernier, l'Unité permanente anticorruption (UPAC) a mis la main au collet de sept personnes soupçonnées d'avoir trempé dans un stratagème. Celui-ci visait à favoriser un consortium dans l'obtention d'un contrat informatique de 24 millions $ accordé par Revenu Québec. Parmi les sept individus, deux fonctionnaires de Revenu Québec auraient transmis de l'information stratégique à un consortium formé de deux fournisseurs informatiques, EBR et IBM.

Le président du Conseil du trésor, Martin Coiteux, s'est réjoui de la frappe de l'UPAC, car selon lui, cette nouvelle devrait rassurer tout le monde. « Le système que nous avons mis en place porte ses fruits, il fonctionne ! », s'est exclamé M. Coiteux.

Sauf à être sourd, muet et aveugle, comment se réjouir qu'environ 1,5 milliard $ soit donné (souvent gaspillé) au secteur privé par le biais de contrats ? Comment se réjouir que, depuis 20 ans, le recours à des consultants externes ait bondi, faisant passer les dépenses en service informatique de 26 % à 55 % ?

Comment se réjouir que les contrats confiés aux firmes privées en informatique coûtent deux fois plus cher au gouvernement du Québec que d'embaucher son propre personnel ? Comment se réjouir que le taux quotidien d'une ressource externe se situe entre 400 et 950 $, alors que la rémunération globale pour le personnel de la fonction publique varie de 215 à 475 $ ? Comment se réjouir d'un tel aveu de dénigrement du gouvernement à l'égard du personnel professionnel de la fonction publique ? Comment se réjouir de la perte incroyable de l'expertise à l'interne ?

Comment se réjouir que, sur ce 1,5 milliard $ confié en sous-traitance - les salaires étant la majeure partie des déboursés dans les contrats aux firmes externes -, la moitié aurait pu être économisée si le gouvernement avait eu recours à son propre personnel ? Comment se réjouir d'un gaspillage d'argent public d'environ 850 millions $ par an, lequel pourrait devenir une économie si le gouvernement s'en donnait les moyens ?

Comment se réjouir, d'autant que ce montant ne tient pas compte des projets abandonnés, des échéanciers retardés ou d'une possible collusion entre firmes, gonflant encore plus la facture ? Comment se réjouir alors que le gouvernement ne fait aucun effort afin d'avoir une idée exhaustive des coûts des contrats en informatique ? Comment se réjouir d'une estimation du gaspillage informatique qui se chiffre à 850 millions $ par an, à 2 328 767 $ par jour, à 97 032 $ par heure, à 1 617 $ par minute et à 27 $ par seconde ?

Le 12 février dernier, un collectif formé de 17 organisations civiles (incluant le SPGQ) a réclamé sur la place publique la tenue d'une enquête publique sur l'octroi des contrats dans le domaine des technologies de l'information au gouvernement du Québec. Réponse du gouvernement : ni pour, ni contre : bien au contraire !

Réjouissons-nous...

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