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À trop s'en remettre à des devins qui ne devinent rien, les Québécois s'enfoncent chaque jour davantage dans une république bananière.
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« Tous les efforts nécessaires seront accomplis pour créer de la richesse et des emplois et faire bénéficier les Québécois d'un modèle social enviable. Nous soutiendrons davantage les entreprises, et particulièrement les PME, nous miserons sur nos ressources naturelles, nous mettrons en place la stratégie maritime, nous relancerons le Plan Nord et nous continuerons d'investir dans nos infrastructures. »

En lisant ces mots, vous serez peut-être tentés d'ajuster votre appareil. Ou peut-être éprouverez-vous une impression de déjà-vu ou de déjà-lu. Il se peut aussi que vous ayez le sentiment d'être victime d'une blague au goût douteux. Mais peu importe ce que vous inspirent ces paroles, car ce qui importe, c'est de connaître son auteur. Eh oui, il s'agit bel et bien de votre ministre des Finances, M. Carlos Leitão, qui se prononçait ainsi lors du dépôt du budget 2014-2015, en juin dernier.

Force est d'admettre que M. Leitão a complètement raté ses prédictions astrologiques - et pas qu'un peu ! En ce moment, la création de richesse et d'emplois est plutôt famélique, sauf à vouloir louanger la création d'emplois précaires et à temps partiel. En outre, les entreprises ont des taux d'imposition qui voisinent le point de congélation et l'évitement fiscal est désormais considéré comme une pratique réglementaire.

Pour ce qui est de soutenir les entreprises, voilà bien une idée tout aussi experte que celle qui consisterait à effectuer des opérations de déneigement... en plein mois de juillet ! Lorsque le gouvernement accorde des deniers publics à des entreprises milliardaires comme CGI, les sommes octroyées vont généralement fructifier à l'abri de l'impôt dans des comptes à l'étranger. Monsieur et Madame tout le monde n'en tirent aucun bénéfice !

La meilleure manière de soutenir les entreprises, et particulièrement les PME, c'est de faire en sorte que les Québécois puissent compter sur des salaires décents. Ainsi, s'ils jugent utiles les services ou les biens proposés par ces entreprises, ils achèteront, participant ainsi directement au dynamisme de l'économie du Québec.

Mais lorsque le président du Conseil du trésor, M. Martin Coiteux, se dit optimiste pour l'issue des négociations en vue du renouvellement des conventions collectives des employés des secteurs public et parapublic, cela laisse songeur. Car rappelons que les «offres gouvernementales» qui leur sont faites (0+0+1%+1%+1% en cinq ans), M. Coiteux a le toupet de les qualifier de «raisonnables» et de «responsables». Croit-il inciter ainsi les Québécois à participer au dynamisme de l'économie du Québec ? C'est plutôt le contraire qui est à prévoir !

Quant à miser sur nos ressources naturelles, il s'avère difficile de résister à l'envie de se tordre de rire, d'autant que la Direction de la recherche forestière du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs est en phase de démantèlement. Pourtant, les travaux de cette direction répondent aux demandes du milieu; ils génèrent des applications concrètes sur le terrain qui profitent aux industriels de la forêt. L'État au service des forestières en réclamant des droits de coupe très faibles et en congédiant ses experts, voilà une belle façon de valoriser nos ressources naturelles !

Pour sa part, la stratégie maritime semble avoir connu le même sort que le Titanic, car il y a seulement en France, derrière des portes closes, que nos élus ont encore le sans-gêne d'en discuter. De son côté, le Plan Nord est un plan mort, miné par la chute du prix des métaux. Puis, l'investissement dans les infrastructures passera en partie par la Caisse de dépôt et placement : non seulement la Caisse chargera plus cher qu'un emprunt sur les marchés, mais en plus elle n'hésitera pas à exiger des tarifs élevés aux usagers de ses nouvelles infrastructures, sans parler de son droit de les revendre au plus offrant lorsque la situation l'exigera.

À trop s'en remettre à des devins qui ne devinent rien, les Québécois s'enfoncent chaque jour davantage vers une république bananière. Cependant, la majoration de la rémunération des députés de l'Assemblée nationale est porteuse d'une solution : celle d'attirer en politique des femmes et des hommes compétents. Pas des devins qui ne devinent rien.

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