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Fonction publique: le Québec sera-t-il à la hauteur de ses ambitions?

On met l'accent ces jours-ci sur le fait que les députés du Québec sont sous-payés et on veut y apporter, à juste titre, des correctifs. Mais qu'en est-il de ceux qui possèdent l'expertise essentielle (la Commission Charbonneau nous le rappelle) au bon fonctionnement du gouvernement du Québec, c'est-à-dire les fonctionnaires?
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Je tiens à reconnaître et à remercier tout spécialement la fonction publique québécoise qui, à tous les niveaux, est une des meilleures fonctions publiques au monde. Et cela fait une différence dans la vie d'une société. Vous savez, je quitte mes fonctions. Je n'ai plus rien, moi, à demander à cette fonction publique. Mais aujourd'hui, je veux lui rendre hommage, dire merci à tous ces fonctionnaires. Mais si je pouvais rendre un service aux Québécois, c'est de leur dire à quel point nous sommes privilégiés d'avoir des hommes et des femmes qui nous servent si bien. Et cela fait une grande différence dans la vie de notre société.

«Dans le monde, les États les plus performants sont ceux qui peuvent compter sur une fonction publique solide et intègre. Pour appliquer notre programme ambitieux, nous avons justement la chance de pouvoir nous appuyer sur une fonction publique forte et dévouée à l'intérêt public.»

Ce n'est pas le président du SPGQ qui a prononcé ces paroles, mais bien le premier ministre Jean Charest, lors de son discours de démission, ainsi que la première ministre Pauline Marois, lorsqu'elle a formé son cabinet quelques jours plus tard, en septembre 2012.

Il ne faut pas oublier cependant que cette fonction publique compétente et dévouée a été constituée dans la foulée de la Révolution tranquille, à une époque où des conditions salariales compétitives étaient offertes aux professionnels de l'État québécois grâce aux luttes des syndicats qui les représentaient. Nous sommes bien loin de cette époque!

On met l'accent, ces jours-ci, sur le fait que les députés du Québec sont sous-payés et on veut y apporter, à juste titre, des correctifs. Mais qu'en est-il de ceux qui possèdent l'expertise essentielle (la Commission Charbonneau nous le rappelle) au bon fonctionnement du gouvernement du Québec?

Le rapport Rémunération des salariés - État et évolution comparés publié la semaine dernière par l'Institut de la statistique du Québec (ISQ), le rappelle de façon inquiétante. Pour une quatrième année de suite, l'écart se creuse entre le personnel de l'État et les autres salariés. C'est une bien mauvaise nouvelle pour l'ensemble de la société québécoise, alors que des dizaines de milliers d'emplois devront être comblés dans l'administration publique au cours des toutes prochaines années.

Loin de se corriger avec le temps, cet écart devient au contraire de plus en plus un fossé entre l'État et les personnes qualifiées qui sont en quête d'un emploi bien rémunéré. Dans de telles conditions, il n'est pas surprenant que l'État ait de plus en plus de mal à attirer et à retenir du personnel possédant une expertise de pointe.

Un coup de barre s'impose

Dans la catégorie des professionnels dont font partie les membres que je représente, les écarts sont encore plus prononcés pour les emplois de niveau 1 et 3.

Par exemple, les analystes de l'informatique en début de carrière (niveau 1), sont payés 19,2 % de moins dans l'administration publique québécoise, par rapport aux autres salariés québécois. Dans le cas des analystes de niveau 3, correspondant à un haut degré d'expertise, le retard salarial dans l'administration publique québécoise s'élève à 23,8 % au maximum de leur échelle (annexe A-1 du rapport de l'ISQ). Et on ne parle pas du salaire des professionnels du gouvernement fédéral ou de celui de certains consultants en informatique qui peuvent faire jusqu'au double du salaire payé pour un employé du gouvernement. [Voir à ce sujet mes blogues Scandale informatique: un sérieux coup de barre s'impose, M. Bédard 1/2 et 2/2]

Croyez-vous vraiment que l'État soit en mesure d'attirer et de conserver l'expertise de pointe dont il a besoin pour bien s'acquitter de ses missions et nous faire avancer comme société, avec de tels écarts?

Pourtant, il est de plus en plus reconnu internationalement que la qualité de l'administration publique constitue un facteur majeur de réussite des nations, comme le rappelait récemment un article dans Le Devoir intitulé L'administration publique, facteur de réussite des nations. Elle est aussi fortement corrélée avec le bien-être général des populations.

Le gouvernement du Québec a tout avantage à se préoccuper de l'excellence de la fonction publique québécoise. Il doit résister au discours simpliste d'une certaine droite qui appelle à réduire les salaires des employés de l'État, et au contraire investir dans l'excellence.

J'enjoins les décideurs politiques à faire en sorte que l'État québécois demeure un employeur compétitif pour celles et ceux qui ne demandent pas mieux que de s'engager à fond pour le service public.

C'est possible sans même devoir augmenter le budget de l'État. Il y a d'énormes économies à réaliser en se donnant clairement comme objectif de réduire la sous-traitance abusive. Cela sera rendu possible par l'attraction et la rétention d'un personnel qualifié et motivé, capable d'assurer de façon économique et efficace la livraison des services à la population.

Qui aura la volonté politique de donner le coup de barre qui s'impose?

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