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Réplique à Alain Dubuc: le retour des casseroles ?

À l'instar de plusieurs économistes québécois réputés, il ne semble aucunement justifié d'adopter une politique d'austérité et d'effectuer des coupes sévères dans les services publics, car ces compressions pourraient être beaucoup plus néfastes que bénéfiques, même sur les plans économique et financier.
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De sa chronique du 15 novembre 2014, intitulée Le retour des casseroles ?, le chroniqueur au quotidien La Presse Alain Dubuc affirme une soi-disant réalité, à l'effet qu'«il y a une crise financière, dont la gravité dépasse ce que l'on pouvait prévoir. Toute discussion sur une mesure gouvernementale de nature budgétaire qui fait abstraction de cette réalité a quelque chose d'immature.»

Le Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ) croit important de nuancer la gravité de la crise financière du Québec, de même qu'un certain alarmisme quant à l'évolution de son économie et de ses finances publiques. Même s'il faut demeurer aux aguets, nous ne croyons pas que ce pessimisme soit justifié.

Le produit intérieur brut par habitant au Québec est passé de 34 673 $ en 2003 à 44 267 $ en 2012, une hausse de 27,7 % en neuf ans. C'est supérieur à la hausse de 21,8 % enregistrée en Ontario pour la même période, mais inférieur à la hausse de 33,2 % enregistrée en moyenne au Canada, en raison de la performance des provinces productrices de pétrole.

Si on se limite aux cinq dernières années pour lesquelles les chiffres comparatifs de l'Institut de la statistique du Québec sont actuellement disponibles, les comparaisons sont particulièrement éloquentes. La hausse du produit intérieur brut par habitant au Québec s'est en effet chiffrée à 11,3 % de 2007 à 2012, contre 7,4 % en Ontario et 10 % pour l'ensemble du Canada.

L'économie québécoise a beaucoup progressé depuis le début de la Révolution tranquille et la tendance est encourageante. Il faut poursuivre ce progrès, mais en veillant aussi à favoriser une plus juste répartition de la richesse entre les citoyens.

Malgré une dette nette relativement élevée, les finances publiques du Québec ne nous paraissent pas hors de contrôle, loin de là. Dans le contexte actuel, elles nous semblent être sur la bonne voie. Il faut à la fois regarder la situation présente et évaluer les tendances historiques. Objectivement, nous croyons que nos finances publiques se comparent avantageusement à celles de plusieurs de nos voisins nord-américains, alors que c'était tout le contraire au cours des décennies 1970, 1980 et 1990.

À l'heure actuelle, nous comprenons que le gouvernement du Québec a déjà commencé à s'attaquer sérieusement au problème de la dette publique en planifiant désormais ses investissements en infrastructures sur une période de 10 ans, et en réduisant substantiellement les sommes qu'il avait prévu consacrer à celles-ci au cours des cinq prochaines années. Avec ces ajustements importants, le Québec est sûrement en bonne voie de respecter ses objectifs budgétaires à long terme.

Le principal problème du plan financier établi par le gouvernement du Québec dans son dernier budget pour atteindre l'équilibre budgétaire, et ce, dès 2015, réside dans le fait qu'il veut agir beaucoup trop rapidement par le biais des réformes impopulaires afin que la population ait déjà oublié ce coup dur lors des prochaines élections en 2018.

Selon plusieurs économistes, dont Pierre Fortin, désigné comme l'économiste québécois le plus éminent de la décennie par l'Association des économistes québécois, le gouvernement du Québec court plusieurs risques en agissant trop rapidement. Il risque de provoquer une récession en 2016 en retirant tout d'un coup 4 milliards $ de l'économie québécoise et de déclencher une dure confrontation politique avec les secteurs qui ont déjà subi de fortes coupes au cours des dernières années. « La précipitation du gouvernement à agir, bien que compréhensible du point de vue de son jeu électoral, pourrait nuire gravement à la croissance économique, à la stabilité sociale et à l'efficacité de l'administration publique », ajoutait M. Fortin.

Le SPGQ ne partage donc pas l'alarmisme exprimé par le gouvernement en matière de finances publiques. À l'instar de plusieurs économistes québécois réputés, il ne semble aucunement justifié d'adopter une politique d'austérité et d'effectuer des coupes sévères dans le personnel de l'État et dans les services à la population, car ces coupes pourraient être beaucoup plus néfastes que bénéfiques, même sur les plans économique et financier.

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