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Questions de langue(s)

Je préfère de beaucoup voir un jeune Québécois multilingue parler le français, l'anglais et une troisième, voire une quatrième langue - détenant ainsi des clés vers l'Universel - qu'un jeune Québécois dont l'univers culturel se limite à un charabia incompréhensible qui le freinera pour le restant de ses jours.
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Je l'avoue, j'aime les langues. Les entendre. Les parler. Les déchiffrer. Les décoder. Les lire et les écrire.

Souvent, avec la radio internet qui se trouve sur ma table de chevet, je fais sans bouger le tour du monde. Je passe de l'Allemagne au Brésil, en passant par Israël, l'Arabie Saoudite ou la France.

Chaque langue a non seulement ses mots, mais aussi ses mélodies.

Ne vous est-il pas déjà arrivé de savoir que quelqu'un dont vous étiez incapable d'entendre les mots dû au bruit ambiant était québécois simplement par les intonations et la « musique » qui sortait de sa bouche?

J'adore le français, malgré ses complexités - ou serait-ce, du moins en partie, à cause de celles-ci? Je suis fier de ma langue maternelle.

Son histoire, sa richesse, ses mots, sa syntaxe, sa grammaire m'ont toujours passionné. Le livre d'Alain Ney, Mille ans de langue française, lu récemment, m'a fasciné. Et m'a rappelé que les langues - dont la nôtre - changent constamment, s'adaptent à leurs environnements, se modernisent. Une langue qui se sclérose est condamnée à disparaître.

« Bâtardiser » une langue

Mais « bâtardiser » (excusez le néologisme) une langue n'est pas une évolution. Au Québec, l'utilisation du franglais est en fait plutôt une régression.

Passer d'un mot français à un mot d'anglais dans la même phrase, ou d'une phrase en français à une phrase en anglais dans le même paragraphe, contrairement à ce que semblent penser certains, n'est pas dans le vent.

C'est une espèce d'immondice linguistique.

Aimer l'anglais

Qu'on ne se méprise pas sur mon propos. J'aime la langue anglaise. J'ai fait une partie de mes études supérieures dans cette langue. Je la parle, la lis, la comprends et l'écris à peu près comme je maîtrise ma langue maternelle. Bien que mes enfants ne me parlent qu'en français et qu'ils aillent à l'école publique française, ils parlent parfaitement l'anglais puisque c'est la langue qu'ils utilisent avec leur mère, anglophone de naissance.

On comprendra que je ne suis pas un ennemi de la langue de Shakespeare. Plus, comme disait Jacques Parizeau, il est important pour les Québécois de bien se débrouiller en anglais.

«Mon Dieu, je botterais le derrière de quiconque au Québec qui ne saurait parler l'anglais. En effet, à notre époque, un petit peuple comme nous se doit de le parler.» - Jacques Parizeau, Time Magazine, 1992)

Ouverture sur le monde

Ceci étant, le franglais n'est ni l'une, ni l'autre des grandes langues que sont le français et l'anglais. Il n'ouvre à rien si ce n'est à un appauvrissement linguistique, voire à un appauvrissement de la pensée. Elle ne permet de parler à qui que ce soit hors d'un groupe restreint.

L'ouverture au monde, j'en suis. Celle-ci passe d'abord par un respect de soi-même et de sa langue. Les Québécois ont la chance extraordinaire, avec le français, de faire partie d'un univers linguistique et culturel présent sur les cinq continents.

Les Québécois ont aussi la chance - qui est aussi un risque, je ne suis pas naïf - d'être exposés quotidiennement à la lingua franca d'aujourd'hui qu'est l'anglais. Je ne préconise aucunement le bilinguisme institutionnel, mais je suis sûrement favorable à une maîtrise correcte de la langue anglaise.

Le billet se poursuit après la galerie

Chinois (non spécifié)

Les 25 langues les plus parlées à la maison par les immigrants au Canada (2013)

Le multilinguisme: une chance à ne pas manquer

Encore plus, il n'y a aucune raison pour que le système d'éducation québécois ne profite pas des compétences linguistiques des nombreux Québécois d'origines autres que française et anglaise.

La Chine est un pays dont l'importance va en grandissant. Pourquoi ne pas former un certain nombre de Québécois chinois afin d'en faire des enseignants de leur langue partout sur le territoire national? Vous imaginez l'avantage que cela nous procurerait dans la bataille des parts de marché de l'économie qui croît le plus vite au monde?

Montréal a une importante population arabophone. Pourquoi ne pas donner à des jeunes Québécois l'occasion de parler cette belle langue? Ajouter le monde arabe à nos univers francophone et anglophone ne peut que nous être bénéfique en tant que société.

Même chose pour l'espagnol. Et l'italien. Et encore d'autres.

Le Québec a la chance inouïe d'être une terre d'immigration. Ceci est une richesse pour notre société. Il faut savoir saisir cette richesse.

Je préfère de beaucoup voir un jeune Québécois multilingue parler le français, l'anglais et une troisième, voire une quatrième langue - détenant ainsi des clés vers l'Universel - qu'un jeune Québécois dont l'univers culturel se limite à un charabia incompréhensible qui le limitera pour le restant de ses jours.

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