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Printemps arabe: La désillusion

Le "Printemps arabe", contrairement aux espoirs, est en réalité bien hivernal. L'Égypte a vu sa présidence et son parlement tomber aux mains des Frères musulmans, le principal mouvement islamiste sunnite. Le traité de paix avec Israël, l'élément principal sur lequel toute paix au Moyen-Orient sera bâtie, n'a maintenant plus la solidité qu'il avait. Ceci peut provoquer des conséquences graves - et négatives - pour toute la région.
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AP

Le "Printemps arabe", contrairement aux espoirs, est en réalité bien hivernal. Il n'y a pas si longtemps, au début de la révolution égyptienne, j'avais exprimé mes réserves sur ce qui se déroulait. J'avais dit que les jeunes occidentalisés qui étaient alors les visages de cette révolution, experts de Twitter et de Facebook, ne seraient pas portés au pouvoir si jamais Moubarak tombait.

Soyons clair : je n'ai jamais été un fan du régime de l'ancien président. Mais connaissant assez bien la région, pour m'être rendu notamment en Égypte, je savais que les islamistes allaient être ceux qui profiteraient de ce vacuum de pouvoir.

Oh que je me suis fait attaqué pour avoir dit cela! Comme ça ne cadrait pas avec la vision romantique d'une révolution qui allait amener le Moyen-Orient musulman vers des lendemains heureux et démocratiques, j'étais un pessimiste, un vendu, un rétrograde.

Maintenant, quelle est la situation?

L'Égypte a vu sa présidence et son parlement tomber aux mains des Frères musulmans, le principal mouvement islamiste sunnite. Le traité de paix avec Israël, l'élément principal sur lequel toute paix au Moyen-Orient sera bâtie, n'a maintenant plus la solidité qu'il avait. Ceci peut provoquer des conséquences graves - et négatives - pour toute la région.

Le nouveau président égyptien, l'islamiste Mohamed Morsi,s'est arrogé un pouvoir de rédiger la nouvelle constitution et a pris le contrôle de l'armée, tout en muselant la presse.

Le Hamas accroît son contrôle sur la Bande de Gaza, reléguant les femmes et les minorités chrétiennes à des positions de plus en plus menues.

La Syrie est en pleine guerre civile, avec les islamistes jouant un rôle de plus en plus important dans l'opposition anti-Assad.

Le Hezbollah a non seulement le Sud Liban sous sa coupe (ce que j'ai pu constater moi-même plus tôt cet été en juillet dernier), il est réarmé, plus fort qu'avant la guerre de 2006 avec Israël et contrôle de facto le gouvernement libanais.

L'Arabie Saoudite continue d'exporter sa version fondamentaliste de l'islam (le wahabisme) et avance dans son apartheid sexuel, avec la dernière trouvaille: une ville pour les femmes seulement!

Ceci sans mentionner qu'Al-Qaeda poste des petites annonces pour recruter des volontaires des attentats-suicide, pour viser d'innocents civils, les blesser et les tuer.

Pendant ce temps, l'Iran continue sa poursuite illégale d'armes nucléaires, offre toute son aide au régime sanguinaire de Bashar Assad en Syrie et finance et forme des groupes armés dans la région. (Peut-on imaginer la situation si ces groupes pouvaient profiter du parapluie nucléaire iranien? L'impunité que cela leur procurerait? Ceci sans mentionner que l'acquisition d'armes nucléaires par l'Iran chiite inciterait les pays sunnites de la région à vouloir s'en procurer aussi, ouvrant une course aux armements et à leur possession par des régimes fragiles).

La région se vide de ses chrétiens, alors que le christianisme, cette grande religion à la base de la civilisation occidentale, y est né. (Il vaut la peine de mentionner qu'Israël est le seul pays au Moyen-Orient dont la population chrétienne est en croissance constante avec un taux extraordinaire de 345% depuis la fondation de l'État juif. Depuis 1995, la communauté chrétienne d'Israël a connu un taux de croissance de 26 %, passant de 120 300 à 151 700 âmes en 2009.)

Tout cela pour dire quoi? Simplement qu'il est important de voir le monde tel qu'il est, pas tel qu'on souhaite qu'il soit. Trop souvent les Occidentaux projettent leurs espoirs et leurs intentions sans se soucier de la nature des forces en présence dans cette région troublée du monde.

Un Moyen-Orient formé de démocraties libérales n'est pas pour demain.

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