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Israël: État juif

Certains accusent Israël d'être un État illégitime parce qu'il se définit comme « État juif et démocratique », voyant dans cette définition un élément discriminatoire. En effet, disent-ils, comment un État juif peut-il être juste envers ses citoyens non juifs?
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La semaine prochaine, le président américain Barack Obama se rendra en Israël et dans les territoires palestiniens. Plusieurs souhaitent le voir relancer le processus de paix, malheureusement moribond depuis un certain temps déjà.

Nous connaissons bien les demandes palestiniennes. En bref, ils veulent la fin de l'occupation et un État indépendant (certains à la place d'Israël, certains à côté d'Israël, avec les frontières d'avant 1967).

Profitons de cette importante visite pour mieux comprendre une des positions israéliennes, à savoir la reconnaissance par les Palestiniens d'Israël comme étant un « État juif ».

Certains accusent Israël d'être un État illégitime parce qu'il se définit comme « État juif et démocratique », voyant dans cette définition un élément discriminatoire. En effet, disent-ils, comment un État juif peut-il être juste envers ses citoyens non juifs?

Encore le double standard

Avant d'entrer dans les détails, il est intéressant - et révélateur - de noter que ces détracteurs n'appliquent pas le même raisonnement pour d'autres États. En effet, à titre de comparaison, il y a 26 États officiellement musulmans sur la planète. Il y a aussi 18 États officiellement chrétiens (principalement en Europe). Mais il n'y a qu'un seul État juif. Et Israël est le seul pays qu'ils mettent au banc des accusés.

De plus, l'accusation selon laquelle l'État d'Israël est intrinsèquement raciste parce qu'il se définit comme « État juif et démocratique » est d'autant plus ridicule que, la plupart du temps, cette accusation provient des pays arabomusulmans et leurs alliés. Or, regardons aussi les noms officiels de certains pays: Syrie (République arabe syrienne), Égypte (République arabe d'Égypte), Iran (République islamique d'Iran), Émirats (Émirats arabes unis) et ceci, sans parler des États qui portent le nom d'une famille comme l'Arabie Saoudite et le Royaume hachémite de Jordanie.

État juif : la véritable signification

D'abord, ce n'est pas parce qu'Israël se définit, et veut se faire reconnaître comme tel par les Palestiniens, comme État juif et démocratique que cela en fait un État exclusiviste. Quelques faits rapides: les citoyens arabes d'Israël ont le droit de voter librement. Ils sont représentés à la Knesset (le Parlement israélien), où 12 Arabes israéliens (sur 120 députés) siègent. Ils ont des juges siégeant à la Cour suprême.

En Israël, l'arabe est une langue officielle. Toutes les lois sont publiées en arabe. Les panneaux routiers sont en hébreu, en anglais et...en arabe. Nous n'avons même pas cela au Québec où, pourtant, les anglophones forment une minorité tout aussi importante que les Arabes en Israël!

On ne doit pas comprendre le mot « juif » ici d'un point de vue religieux. En fait, le mot « religion » ne se retrouve même pas dans la Torah (les cinq premiers livres de la Bible). Les termes bibliques pour les Juifs sont Am Yisrael (la nation d'Israël) et Bnei Yisrael (les enfants d'Israël). Autrement dit, pour les Juifs, l'identité est nationale avant d'être religieuse.

C'est pourquoi de nombreux Juifs sont non-pratiquants, agnostiques, voire athées, mais sont quand même juifs.

L'expression « État juif » ne doit pas être comprise comme étant l'équivalent d'État chrétien ou État islamique, mais plutôt comme étant l'équivalent d'un État allemand ou français ou... québécois.

En fait, comme l'affirment les professeurs Amnon Rubinstein et Alexander Yakobson dans leur livre Israël et les nations, « la différence entre Israël et les multiples États qui possèdent une minorité nationale substantielle réside en ceci qu'en général, le nom de l'État (et le nom traditionnel du pays) est identique au nom de la nation majoritaire et à celui de son idiome(...) C'est bien la majorité nationale qui donne à l'État son nom et son identité principale. » (p. 12) On ne demande pas à la Slovaquie si elle est un « État slovaque » ou à la Pologne si elle est un « État polonais ».

Le mot « Juif » vient du mot « judéen » (i.e. qui habite la Judée). D'ailleurs, en hébreu, « juif » se dit « yéhoudi », montrant le lien avec la Judée (Yéhouda). Si, au lieu de choisir le nom « Israël », les fondateurs avaient choisi le nom « Judée » (ils y ont pensé), définir la Judée comme un « État judéen » ou un « État juif » aurait été aussi simple que la Slovaquie comme un « État slovaque ».

La Loi du retour : compatible avec la démocratie libérale

Aux lendemains de la Seconde Guerre mondiale, Israël a adopté la Loi du retour, permettant à des Juifs du monde entier de s'y établir et de devenir citoyens.

Après que des millions de personnes aient été emprisonnées, persécutées, torturées, tirées, pendues, assassinées, brûlées et exterminées et que le monde se divisait, comme la si justement dit Chaim Weizmann, entre des pays voulant se débarrasser des Juifs et des pays refusant de les accepter (dont le Canada), Israël a cru bon d'assurer tous les Juifs de la planète que plus jamais ils ne seraient sans refuge. Que plus jamais ils n'auraient nulle part où aller. Ceci se conçoit aisément.

Malgré ce fait, certains accusent Israël de racisme à cause de l'existence de cette loi. Or, Israël n'est pas seul à avoir une telle législation.

Cette loi est similaire à des lois qu'ont adoptées la Finlande, la Bulgarie, la Hongrie, l'Irlande, l'Italie, l'Espagne, le Japon, l'Allemagne (article 116 de la Loi fondamentale de la République fédérale d'Allemagne) et la Grèce, qui facilitent l'immigration à des personnes ayant des liens historiques avec ces pays .

Quand ces pays consentent des conditions préférentielles aux immigrants de souche nationale, personne ne remet en cause leur droit d'exister, personne ne met en cause leur légitimité.

Pourquoi? Parce qu' « [u]n État authentiquement démocratique se trouve parfaitement en droit d'entretenir avec sa diaspora une relation qui s'exprime aussi en termes de lois sur l'immigration et la naturalisation. » (Rubinstein et Jacobson, p. 16)

Toujours le même choix : être pro ou anti

On en revient à ceci: pour faire avancer la paix au Proche-Orient, pour progresser vers un État palestinien à côté d'Israël, les partisans des Palestiniens doivent cesser leur démonisation constante (et fausse) d'Israël, doivent cesser d'accuser Israël de tous les maux de la terre, bref, ils doivent cesser d'être anti-Israël et devenir véritablement proPalestiniens.

Ce n'est qu'avec de la bonne volonté - et le respect de chaque partie - que la communauté internationale parviendra à rapprocher les parties dans cette région du monde qui a tant besoin de paix, de justice et de démocratie.

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