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L'élection de François Hollande, ou le retour en force de l'énarchie

L'élection de François Hollande au poste de Président de la République signifie plusieurs choses. L'une d'entre elles est la défaite de l'Sarkozy aux mains d'un pur produit de l'establishment français. Hollande est en effet un énarque, un gradué de l'École nationale d'administration, probablement l'institution d'enseignement le plus prestigieux en France.
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L'élection de François Hollande au poste de Président de la République signifie plusieurs choses.

L'une d'entre elles est la défaite de l'outsider Sarkozy aux mains d'un pur produit de l'establishment français. Hollande est en effet un énarque, un gradué de l'École nationale d'administration, probablement l'institution d'enseignement le plus prestigieux en France. Les Français qui s'y retrouvent sont des gens éloquents. Brillants. Polyvalents. Efficaces. Et provenant souvent de milieux familiaux similaires (pour ce qui est des élèves français). C'est un environnement que je connais bien puisque...je l'ai moi-même fréquenté.

J'ai 'fait l'ÉNA'. J'étais un d'une trentaine d'étudiants non-français dans la Promotion Marc Bloch (1995-1997). Jamais je n'avais été avant, et jamais n'ai-je été depuis, en présence d'un nombre si concentré de gens brillants. Dans à peu près tous les domaines reliés à l'administration publique d'un pays (économie, droit, politique, diplomatie, comptabilité, etc), les énarques français sont dans une classe à part.

C'est la raison pour laquelle, depuis la naissance de la Vè République en 1958, un nombre disproportionné de Présidents (3/7)*, de Premiers ministres (7/12), de ministres, des gens des cabinets, de chefs d'entreprises proviennent de ce sérail. Les énarques français sont des gens qui excellent dans tout, qui sont très ambitieux et compétitifs.

Mais le désir d'avancer dans le monde très franco-français dans lequel ils évoluent a souvent un prix: une espèce d'attachement à une pensée unique, un manque d'imagination, une difficulté à 'penser hors de la boîte'. Or, les problèmes auxquels fait face la France sont majeurs. La décote qu'elle a subie, une économie à la fois mondialisée et sclérosée, une masse d'immigrants et de descendants d'immigrants qui peinent à s'insérer pleinement dans la société française, un ascenseur social brisé, des partenaires européens dans la tourmente économique (Espagne, Grèce, Italie), une Allemagne qui assume de plus en plus un rôle dominant au sein de l'Union européenne, un statut international diminué, tout cela causant une morosité importante, ne sont que quelques exemples des défis qui attendent le nouveau Président français.

Hollande aura besoin de sortir des sentiers battus, de confronter les puissants corporatismes, de mobiliser les (nombreux) talents de la France, et de faire preuve de beaucoup d'imagination - en d'autres mots, de dépasser sa formation d'énarque - pour réussir à redresser la barre. La France a besoin d'un Président qui réussira. L'Europe a besoin d'une France forte. Le monde a besoin d'une France confiante.

Bonne chance M. Hollande!

* Deux autres Présidents français proviennent des 'grandes écoles': De Gaulle de St-Cyr (école militaire) et Pompidou de l'École normale supérieure. Les deux autres (Mitterand, Sarkozy) ont fait leur droit.

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