Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Droits des transgenres: un recul, pas une défaite

Les minorités vulnérables ont droit à la pleine protection de la loi.
This post was published on the now-closed HuffPost Contributor platform. Contributors control their own work and posted freely to our site. If you need to flag this entry as abusive, send us an email.

La situation des personnes transgenres n'est pas facile. 74% des jeunes transgenres ont été harcelés verbalement à l'école. 37% ont rapporté de la violence physique. Deux tiers des personnes transgenres souffrent de dépression et 77% des personnes transgenres en Ontario ont affirmé avoir considéré le suicide. 43% ont tenté de se suicider au moins une fois.

Ces chiffres sont terrifiants. Mais ils le sont moins que les témoignages que j'ai entendus de personnes transgenres.

C'est évidemment une situation à laquelle on doit remédier.

C'est la raison pour laquelle une vaste coalition, appelée Droit à l'Égalité Trans au Canada et menée par Gender Mosaic (un organisme d'Ottawa défendant les droits des transgenres), Égale Canada, Amnistie Internationale et mon employeur, le Centre consultatif des relations juives et israéliennes (CIJA), s'est mobilisée afin de faire avancer le projet de loi C-279 sur l'identité de genre.

Ce projet de loi a été adopté par la Chambre des communes en 2013, avec l'appui de députés de tous les partis politiques. Sous un numéro différent (C-389), il avait été adopté en 2011 par la Chambre des communes, mais les élections ont empêché que le processus législatif soit mené à son terme.

Cette fois-ci, je croyais bien que c'était la bonne. Il reste en effet assez de temps avant les élections de l'automne afin d'adopter cette mesure, ajoutant des protections pour les transgenres dans le Code criminel et dans la Loi canadienne sur les droits de la personne - mesure par ailleurs appuyée par le Tribunal canadien des droits de la personne.

C'était sans compter sur la volonté de certains sénateurs - non-élus - de vider le projet de loi d'une bonne partie de son contenu, notamment en excluant certains espaces publics dont les vestiaires et les salles de bain de l'application de la loi.

Comme l'affirmait Amanda Ryan, elle-même transgenre :

« Les salles de bain sont dangereuses pour moi. Je crains ce que certains pourraient me faire s'ils réalisaient que je suis transgenre. Le projet de loi C-279 avait pour but de me protéger contre les crimes haineux. En l'amendant, le Sénat me met potentiellement en danger. Je n'aurai d'autre choix que d'utiliser les salles de bain pour les hommes. Or, une femme transgenre dans une salle de bain pour hommes est une recette pour la violence. »

Le C-279 est maintenant affaibli, pris dans les dédales parlementaires à Ottawa, avec peu de chances d'être adopté avant l'élection prévue à l'automne.

Les minorités vulnérables ont droit à la pleine protection de la loi.

Je n'ai pas perdu tout espoir que nos parlementaires s'assurent de corriger rapidement la situation pour les personnes transgenres. Mais si ce n'était pas le cas, je suis persuadé que ce n'est qu'une question de temps avant que la société canadienne prenne conscience de la nécessité de cette protection et fasse en sorte que le Parlement n'ait d'autres choix que d'agir.

VOIR AUSSI SUR LE HUFFPOST

Les transgenres dans l'oeil de Mariette Pathy Allen

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.