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L'antisémitisme existe encore

Je commencerai, malheureusement, par ce que le texte qui suit ne dit pas. Je n'affirme pas que les Juifs sont les seules victimes de racisme. Que les Juifs sont les seules cibles de discrimination. Qu'il n'y a que les Juifs qui connaissent les préjudices et les préjugés. Ce que j'affirme, cependant, est que les Juifs sont trop souvent les victimes de l'antisémitisme, encore aujourd'hui. Et ce, même dans les pays les plus développés.
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SPCJ

Je commencerai, malheureusement, par ce que le texte qui suit ne dit pas.

Je n'affirme pas que les Juifs sont les seules victimes de racisme. Que les Juifs sont les seules cibles de discrimination. Qu'il n'y a que les Juifs qui connaissent les préjudices et les préjugés.

Ce que j'affirme, cependant, est que les Juifs sont trop souvent les victimes de l'antisémitisme, encore aujourd'hui. Et ce, même dans les pays les plus développés.

Le mercredi 20 février, le Service de Protection de la Communauté juive (SPCJ) a publié un rapport accablant sur l'état de l'antisémitisme en France. Ce rapport se base sur des données colligées par le Ministère de l'Intérieur.

Pour la seule année 2012, l'antisémitisme a fait 4 morts. Nous parlons évidemment de l'assassinat de quatre Juifs à Toulouse par Mohamed Merah.

On aurait pu croire que cette horrible tuerie aurait provoqué un fort mouvement de révulsion. Or, si toute la classe politique et la majorité des Français se sont unanimes levées contre cette horreur, l'attentat de Toulouse et l'attaque à la bombe d'une épicerie cachère de Sarcelles (banlieue parisienne) ont été suivis... d'une forte augmentation des actes antisémites.

En effet, après la tuerie de Toulouse, « 90 actes ont été recensés en 10 jours », dont un grand nombre « commis en faisant référence au soutien ou à l'identification à Merah ».

Après l'attaque de Sarcelles, il y a eu « 28 actes en 8 jours », dont « de nombreux cas de tirs au pistolet à plomb contre des Juifs », selon le SPCJ.

Toujours en 2012, il y a eu une hausse de 58% des actes antisémites dans l'Hexagone.

La situation est telle que 2012 a été nommée « année de violences sans précédent contre les juifs de France ».

De plus, les flambées de violence au Proche-Orient, amenant certains milieux à 'importer' ce conflit en France, ont conduit le président du principal organisme juif français, le CRIF, Richard Prasquier, à regretter toujours « la façon dont ce conflit est représenté, par une stigmatisation presque systématique d'Israël auquel on refuse les mêmes droits à la sécurité que les autres États ».

Prasquier continue : « Cette stigmatisation, qui vient en collusion avec une propagande d'une violence extrême provenant de milieux islamistes, contribue à faire monter contre les Juifs une haine qui n'a plus qu'à se revêtir subrepticement des oripeaux anciens de l'antisémitisme, très facilement recyclables ».

Finalement, nombre à retenir : 55% des violences racistes en France ont été dirigées contre des Juifs en 2012.

Qu'arrive-t-il dans la « douce France »?

La France n'est pas la seule

Si la situation dans la Patrie des droits de l'Homme, dans le premier pays européen à avoir octroyé les pleins droits civils aux Juifs est loin d'être rose, l'Europe entière semble être touchée par ce phénomène plus qu'inquiétant.

En 2011, le sociologue belge Mark Eldarus a publié une enquête sur les écoles néerlandophones de Bruxelles. Environ 50% des étudiants musulmans fréquentant ces établissements en 2e et 3e années pouvaient être considérés comme antisémites. On peut facilement en déduire que cette haine des Juifs ne peut que provenir des parents.

Toujours en 2011, Günther Jikeli a interviewé 117 jeunes hommes musulmans (âge moyen : 19 ans) à Berlin, Paris et Londres. La majorité affichait des attitudes antisémites, quelques fois d'une façon très forte.

Malmö, la troisième ville de Suède, est souvent considérée comme la capitale antisémite de l'Europe.

Dans plusieurs villes européennes, il est fortement recommandé aux Juifs de cacher leur identité juive. S'ils portent la kippa, ils se font aviser de mettre une casquette par-dessus pour la cacher.

Il est maintenant plus facile de passer la sécurité à l'aéroport que pénétrer dans les synagogues, dû aux mesures de sécurité mises en place - avec bonne raison.

Devons-nous considérer tout cela comme normal?

Connaîtrons-nous cela ici?

Le Québec et le Canada sont des sociétés ouvertes, où il fait bon vivre. Mais cela ne veut pas dire que nous sommes à l'abri de tout sentiment antisémite.

On peut se souvenir de l'expression décomplexée de la haine des Juifs et de la volonté de les détruire d'une auditrice d'origine moyen-orientale sur les ondes d'une station montréalaise.

Ou encore des attentats d'Omar Bulphred et de Sleiman El-Merhebi contre des écoles et centres communautaires juifs à Montréal.

Ce n'est que par l'éducation, par l'acceptation de l'Autre, et par un combat de tous les instants des autorités publiques que nous réussirons à lutter contre cet inquiétant phénomène - inquiétant non seulement pour les Juifs, mais pour la société dans son ensemble.

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