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Les libéraux ont-il concédé la victoire à la CAQ?

Il faudrait peut-être le dire à M.Couillard?
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Quebec Premier Philippe Couillard attends a joint news conference with French President Emmanuel Macron after a meeting at the Elysee Palace in Paris, France March 5, 2018. REUTERS/Gonzalo Fuentes
Gonzalo Fuentes / Reuters
Quebec Premier Philippe Couillard attends a joint news conference with French President Emmanuel Macron after a meeting at the Elysee Palace in Paris, France March 5, 2018. REUTERS/Gonzalo Fuentes

«Le 1er octobre prochain, j'invite les Québécoises et les Québécois à miser sur une équipe solide qui a fait ses preuves», dixit Philippe Couillard.

«Paroles, paroles...» dixit Dalida.

Eh oui, tout comme Dalida, les Québécois ont appris que ce n'est pas dans les paroles que l'on découvre les vraies intentions de nos politiciens et, quoi qu'en dise Monsieur Couillard, c'est un geste d'apparence tout à fait anodine qui trahit l'acquiescement à la défaite des libéraux provinciaux à un peu moins de trois mois des élections.

Malgré toute la bravoure affichée par Monsieur Couillard, un discret petit projet de règlement passé en douce entre la Saint-Jean et la fête du Canada confirme que les libéraux ont jeté la serviette et qu'ils ont des projets pour remettre en place les conditions de financement à temps pour leur retour en force pour 2022 ou plus tôt si la CAQ est minoritaire.

Le Parti libéral est une organisation paragouvernementale extrêmement puissante, qui sait planifier son contrôle de l'échiquier public. La gestion à moyen et long termes de ses propres intérêts demeure sa principale force tel qu'en fait notamment foi le nombre élevé de ses fidèles exécutants incrustés dans les hautes sphères des affaires publiques au Québec.

Par de petites modifications aux processus d'appels d'offres de la fonction publique, les libéraux visent à instaurer un processus d'attribution de contrats de construction identique à celui qui a permis les dérapages.

C'est dans ce contexte de planification à moyen et long terme qu'interviennent les projets de règlement libéraux du 28 juin dernier, modifiant les règlements de la Loi sur les contrats des organismes publics.

En effet, par de petites modifications aux processus d'appels d'offres de la fonction publique, les libéraux visent à instaurer un processus d'attribution de contrats de construction identique à celui qui a permis les dérapages extrêmement coûteux du domaine municipal mis à jour par la commission Charbonneau.

Au lieu de suivre le courant nord-américain et mondial qui élimine les risques de collusion et de corruption dans l'attribution des contrats publics, l'équipe Couillard réintroduit les règles archaïques du plus bas soumissionnaire, fait fi de la compétence, de la qualité et de la sécurité des travaux financés par les deniers publics et cible les deux plus gros donneurs d'ouvrage du Québec, la Société québécoise des infrastructures (SQI).

Ce retour à une pratique proscrite par un parti en reconstruction qui doit se préparer à un éventuel retour en force ne laisse présager rien de bon. Car nous ne devons pas oublier que ce sont les contrats accordés au plus bas soumissionnaire qui, en pratique, ont permis la collusion, la surfacturation et, de manière plus importante, le financement sectoriel dans lequel le parti libéral a su se démarquer.

Comme le mentionne le texte de Michael Johnston cité par le rapport de la commission Charbonneau: «En présence d'institutions fortes et d'une fonction publique professionnelle, comme au Québec, les contributions politiques sont plus profitables et moins risquées pour les entreprises en quête d'influence que le versement d'un pot-de-vin à un fonctionnaire».

Bien qu'il ne faille pas à ce stade présumer de l'intention ou non du Parti libéral de recourir à d'anciennes pratiques, il est à noter que ce petit projet de changement règlementaire proposé par des apparatchiks de l'équipe de Monsieur Couillard vise en priorité deux donneurs d'ouvrage où le Parti libéral a fait preuve d'une grande intimité.

La mise en place d'un tel potentiel «au cas où», confirme d'ores et déjà qu'au sein du Parti libéral la victoire a bel et bien été concédée.

Il faudrait peut-être le dire à M.Couillard?

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