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Le fabuleux destin de Saul Polo

Depuis le 15 octobre dernier, le Québécois d'origine colombienne,, est devenu le président du Parti libéral du Québec (PLQ). En dehors de toute considération partisane, je tiens à saluer l'élection du premier immigrant à la présidence d'un des grands partis traditionnels québécois. Cela est un autre signe de l'engagement de notre société envers sa diversité.
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Depuis le 15 octobre dernier, le Québécois d'origine colombienne, Saul Polo, est devenu le président du Parti libéral du Québec (PLQ). En dehors de toute considération partisane, je tiens à saluer l'élection du premier immigrant à la présidence d'un des grands partis traditionnels québécois. Cela est un autre signe de l'engagement de notre société envers sa diversité.

Par le fait même, Saul Polo est devenu, à 37 ans, le premier membre issu des minorités visibles à être élu par ses pairs aux plus hautes instances d'un parti politique au Québec. Il a été préféré à Alain Paquet, ex-ministre délégué aux finances qui briguait aussi la présidence du PLQ.

Silence médiatique

Cependant, l'élection de Saul Polo a fait peu de bruit dans les médias traditionnels, lui ai-je fait remarquer lors de notre rencontre dans un restaurant branché du centre-ville de Montréal. Mais le principal intéressé ne s'en formalise pas.

Les cheveux noirs gommés, le regard encadré par des montures griffées, Saul Polo me répond posément : «Ces dernières semaines, l'attention des médias a été monopolisée par les révélations-choc de la Commission Charbonneau sur l'industrie de la construction. Et c'est très bien ainsi. Le peuple québécois a le droit de connaître le fond de cette histoire.»

Si sa voix feutrée se fond bien dans l'ambiance lounge du resto, celle-ci contraste néanmoins avec la taille de l'homme. Du haut de ses six pieds et trois pouces, Saul Polo est un colosse. Encore peu connu du grand public, ce diplômé en finances des HEC est pratiquement une star dans certains milieux. Lors de notre entretien, des dirigeants de jeunes chambres de commerce sont venus le saluer à notre table, à plusieurs reprises. Son réseau de contacts est tentaculaire.

Un futur ministre?

En marge de son militantisme politique, Saul Polo préside la Chambre de commerce latino-américaine du Québec et s'implique auprès des différentes chambres de commerces québécoises. À cela s'ajoutent les lourdes responsabilités d'un poste dans une importante institution financière. « Oui, je suis très impliqué dans la communauté, mais les fins de semaine, je les passe à la maison », assure le jeune père de famille.

Plusieurs personnes le voient déjà assumer encore plus de responsabilités dans un éventuel gouvernement libéral. Le talent de tribun qu'il a démontré lors d'une allocution devant 2000 militants, l'an dernier, n'a fait que renforcer cette impression. « Comme militant, je fais déjà de la politique active depuis les sept dernières années. Pour ce qui est de l'avenir, mon seul projet est de compléter le mandat à la présidence du PLQ», ajoute-t-il.

Un Québécois à part entière

Saul Polo dit avoir commencé à militer au PLQ afin de faciliter l'intégration des nouveaux arrivants au marché du travail québécois, une cause qui lui tient à coeur. Il admet qu'il reste encore beaucoup de travail à faire en ce sens. «Mais les choses progressent bien au Québec. Le fait que j'aie été élu me le confirme. En Amérique latine, par exemple, plus on monte dans l'échelle sociale, et moins on trouve des personnes de minorités visibles comme moi. Qui sait? J'aurais peut-être subi de la discrimination si j'étais resté là-bas.»

Saul Polo est né en Colombie. Il est arrivé au Québec à six ans. Au début des années 2000, il en a 26. Ses parents lui annoncent alors, ainsi qu'à son frère, qu'ils souhaitent retourner vivre dans leur pays d'origine. «C'est à ce moment-là que j'ai compris que ma vie était ici. Pour moi, pas question de retourner vivre en Colombie. Je ne renie pas mes racines, j'en suis même très, très fier. Mais c'est ici que j'ai grandi et c'est chez moi ici.»

Cependant, ce n'est que dans le foulée du débat sur les accommodements raisonnables de 2007 que Saul Polo osera se dire Québécois à part entière, et ce, pour la première fois de sa vie. « Ce débat m'a fait comprendre la différence entre la définition civique et ethnique du terme Québécois» , nuance-t-il. Avant cela, Saul Polo attribuait le mot « Québécois » principalement aux Québécois de souche. « J'ai alors réalisé que si je ne m'appropriais pas de l'identité québécoise, personne n'allait le faire à ma place. »

- « Ok. D'accord », l'ai-je interrompu volontairement afin de le déstabiliser dans son envolée lyrique, et ce, dans le but de lui poser la question qui tue : Si le Québec est si merveilleux comme vous le dites, est-il prêt à élire un premier ministre de couleur?

Loin d'être ébranlé, Saul Polo esquissa un sourire en coin. Et l'air presque défiant, il répondit : « Le Québec est beaucoup plus ouvert et progressiste qu'on veut le croire. Je suis convaincu que si, un jour, un candidat de couleur compétent se présentait pour diriger le Québec, les Québécois n'aurait aucun mal à voter pour lui.

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