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Immigration: une grosse indécence

Le savoir-vivre le plus élémentaire veut qu'en politique démocratique, on ne peut accepter qu'un candidat aux élections puisse, impunément et par pur opportunisme, discréditer des Québécois issus de l'immigration.
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AP

Les propos du candidat indépendant, Claude Roy, au sujet des nouveaux arrivants d'origine arabe, sont déplacés, xénophones voire racistes et, par extention, totalement inacceptables.

Lors d'une récente entrevue à CHOI Radio X, Claude Roy s'est dit en désaccord avec les choix politiques du Québec, en matière d'immigration. « Ça prend plus d'Asiatiques et moins d'Arabes », a alors déclaré l'homme de 60 ans. Monsieur Roy, qui se décrit comme étant « excessivement à droite », se présente dans la circonscription de Vanier-Les Rivières, dans la région de la Capitale-Nationale.

Dans une tentative pathétique visant à nuancer ses propos, sur les ondes de Radio-Canada, Claude Roy en a plutôt remis une couche. Une grosse couche d'indécence. « Moi, je cherche une immigration économique, je ne cherche pas une immigration sociale. Je ne veux pas faire une immigration de langue, je veux faire une immigration qui va nous amener de l'argent », a-t-il ajouté.

Ce faisant, le candidat indépendant y est allé d'un autre camouflet à l'endroit de nos concitoyens arabes. Pourquoi? Parce que plusieurs d'entre eux ont le français comme langue seconde, contrairement à certains asiatiques, plus fortunés, mais qui parlent surtout l'anglais en plus de leur langue maternelle. De plus, le discours de Claude Roy va directement à l'encontre de l'une de nos cinq valeurs communes fondamentales, qui fait du français une nécessité pour le Québec.

Les propos de Monsieur Roy ont soulevé, et avec raison, l'indignation de l'opinion publique, dont celle de l'Association marocaine du Québec (AMQ). Je joins donc ma voix à la leur en faisant miens les propos de l'AMQ.

Ainsi, le savoir-vivre le plus élémentaire veut qu'en politique démocratique, on ne peut accepter qu'un candidat aux élections puisse, impunément et par pur opportunisme, discréditer des Québécois issus de l'immigration. Ce savoir-vivre minimal exige, notamment, qu'en politique démocratique, on ne puisse suggérer que certains de nos concitoyens sont indésirables parce qu'ils ne collaborent pas à l'avancement économique du Québec. Surtout, quand cette affirmation est fausse.

Fausse, parce que, d'une part, Claude Roy semble clairement ignorer que les critères d'immigration au Québec sont hautement sélectifs. En tant qu'avocat en immigration, je peux en témoigner en toute connaissance de cause. Et fausse parce que, d'autre part, Claude Roy semble aussi ignorer les problèmes qu'éprouvent les Arabes à faire reconnaître leurs compétences professionnelles et académiques en sol québécois.

Avec la sortie de Claude Roy, le thème de l'immigration s'est officiellement immiscé dans la campagne électorale. Cela dit, le fait qu'un homme aussi réactionnaire et aussi peu ouvert sur le monde tienne un discours aussi intolérant est loin de me surprendre. Ce qui me paraît encore plus inacceptable c'est la lenteur des partis politiques à aborder de front le sujet de l'immigration, lors de cette campagne électorale.

Dans ce même esprit, je souhaite tout partculièrement m'adresser aux candidats issus des communautés culturelles qui, comme je l'ai démontré, sont nombreux à se présenter aux prochaines élections, et ce, tous partis politques confondus.

Mesdames et messieurs, votre silence sur cette question est inacceptable. Et ça aussi, c'est une grosse indécence.

Alors de grâce, réagissez!

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