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Immigrants fraudeurs: la chasse est ouverte

Plusieurs des présumés immigrants fraudeurs visés par le gouvernement Harper ne sont pas présents en sol canadien ou québécois. Ils vivent encore dans leur pays d'origine. Par contre, ils bénéficient des mêmes droits que vous et moi : accès au système de soins de santé universel, accès à une éducation à moindre coûts. Mais à la différence de vous et moi, ces personnes ne paient pas d'impôts. Elles contribuent peu ou pas du tout à l'avancement de notre société.
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CP

Le gouvernement conservateur de Stephen Harper est impopulaire au Québec. C'est connu. Sa moindre initiative est souvent perçue avec suspicion dans la Belle province. D'ailleurs, les positions d'Ottawa en matière de bilinguisme, d'environnement et d'armes à feu sont diamétralement opposées aux positions québécoises.

À ce propos, le retrait par les conservateurs du protocole de Kyoto a été reçu ici comme l'ultime hérésie d'un gouvernement pro-pétrole. Il ne faut donc pas s'étonner qu'un Québécois se soit élevé à l'encontre de cette décision. C'est ainsi que le professeur de science politique Daniel Turp, représenté par l'avocat montréalais Julius Grey, a traîné Stephen Harper et trois de ses ministres en Cour fédérale. Son objectif : faire déclarer illégal ce retrait. M. Turp a cependant été débouté. La cause est actuellement en appel.

La chasse est ouverte

Dans ce contexte, que penser alors de la soi-disant "chasse aux immigrants" lancée récemment par Ottawa? Rappelons d'abord les faits. Plus tôt cette semaine, le ministre conservateur de la Citoyenneté, de l'Immigration et du Mutlticulturalisme, Jason Kenney, disait vouloir révoquer la résidence permanente et la citoyenneté canadienne de 11 000 immigrants. Pourquoi? Parce que ces derniers les auraient obtenues de manière frauduleuse.

Mais comment est-ce possible? Pour répondre à cette question, il faut bien comprendre le processus préalable à l'obtention de la citoyenneté canadienne. Selon la loi, une personne doit devenir résident permanent avant de pouvoir demander sa citoyenneté. Pour ce faire, un résident permanent doit séjourner au Canada pendant trois ans au cours des quatre années précédant la présentation de sa demande de citoyenneté.

Au soutien de sa demande de citoyenneté, un résident permanent doit présenter, entre autres choses, des preuves de résidence justifiant de sa présence en sol canadien durant ce laps de temps de trois ans. Ces preuves de résidence peuvent être, notamment, un bail, un relevé d'électricité et la lettre d'un employeur.

Une citoyenneté à 25 000$

Or, selon le ministre Kenney, des représentants en immigration verreux qui opèrent à l'international vendent frauduleusement de tels preuves de résidence à des personnes vivant à l'étranger. Ces personnes peuvent ensuite obtenir un statut de résident permanent au Canada, puis éventuellement la citoyenneté. Par exemple, "une famille de cinq peut payer jusqu'à 25 000$ sur une période de quatre ans ou plus pour maintenir l'illusion qu'elle a résidé au Canada", précise M. Kenney. En d'autres mots, certaines personnes achètent, ni plus ni moins, leur citoyenneté canadienne.

Personnellement, j'estime qu'il est légitime qu'un gouvernement élu démocratiquement veuille faire respecter les lois du pays. Et tout particulièrement dans ce cas-ci. En effet, plusieurs des présumés immigrants fraudeurs visés par le gouvernement Harper ne sont pas présents en sol canadien ou québécois. Ils vivent encore dans leur pays d'origine. Par contre, ils bénéficient des mêmes droits que vous et moi : accès au système de soins de santé universel, accès à une éducation à moindre coûts. Mais à la différence de vous et moi, ces personnes ne paient pas d'impôts. Elles contribuent peu ou pas du tout à l'avancement de notre société. Cela dit, rien ne les empêche de venir se faire soigner ici ou d'y envoyer leurs enfants étudier, à nos frais.

Pas si facile

Pour en revenir à mon propos, la chasse aux immigrants fraudeurs à laquelle se livre le gouvernement Harper ne sera pas une partie de chasse aisée. Il faut garder à l'esprit qu'au Canada nous sommes présumés innoncents, et ce, jusqu'à preuve du contraire. Fort heureusement, d'ailleurs. Avant de révoquer la citoyenneté d'un Canadien, le gouvernement Harper doit obtenir un jugement de la Cour fédérale. Pour révoquer la résidence permanente, un commissaire de la Commission de l'immigration et du statut de réfugiés doit trancher en ce sens. Ce processus prendra plusieurs années avant d'aboutir.

Si un ménage s'impose, soit. Ne serait-ce que par souci d'équité pour les citoyens, issus de l'immigration ou pas, qui ont à coeur l'avancement de la société canadienne et québécoise, au-delà de toute considération partisane. La même observation vaut pour les résidents permanents, qui bien souvent piaffent d'impatience à l'idée de devenir des citoyens à part entière.

Je ne suis pas particulièrement partisan des politiques du gouvernement Harper. Je dois cependant saluer cette dernière initiative visant à faire respecter nos lois. Je souhaite cependant que la chasse aux immigrants fraudeurs dans laquelle se lancent M. Harper et son ministre Jason Kenney demeure cela et rien que cela : une chasse aux fraudeurs.

Il faut à tout prix éviter que cela ne se transforme en une chasse aux socières qui, par définition, est une persécution organisée, hystérique et généralement injuste.

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