Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

L'école du futur, c'est maintenant!

Chaque école doit devenir un carrefour de la société que nous voulons, un modèle de développement et le symbole de nos valeurs actuelles.
This post was published on the now-closed HuffPost Contributor platform. Contributors control their own work and posted freely to our site. If you need to flag this entry as abusive, send us an email.
L'école publique d'aujourd'hui tombe en décrépitude et a besoin d'un véritable changement maintenant.
Getty Images/iStockphoto
L'école publique d'aujourd'hui tombe en décrépitude et a besoin d'un véritable changement maintenant.

Le projet Lab-École annonce que cinq écoles du futur seront construites d'ici 2021 et qu'elles seront les meilleures au monde, rien de moins ! Du même coup, ses responsables nous préviennent qu'ils ne pourront pas faire toutes les écoles et que celles réalisées serviront de phares pour éclairer les façons de faire. Un bilan déterminera la suite des choses quelque part en 2022, au meilleur des cas ! Est-ce vraiment nécessaire de prendre tout ce temps pour lancer un vaste chantier de reconstruction de nos écoles selon les standards de construction durable d'aujourd'hui? Des écoles aux locaux modernes et éclairés, avec des gymnases adéquats, et une cafétéria qui sert des aliments de qualité. Ces critères sont déjà reconnus par tous, même par les enfants de sixième année qui ont rencontré le Lab-École. Depuis des années que les enseignants dénoncent le manque d'entretien et l'environnement inadéquat des écoles. Ce vaste chantier doit être entrepris maintenant, pas dans 10 ans.

Notre réseau scolaire doit devenir une fierté nationale au centre de notre développement social, politique et économique. Les parents ne doivent pas avoir à payer des milliers de dollars pour envoyer leurs enfants dans des écoles privées ou à projets particuliers. Les enfants de chaque quartier doivent avoir accès à des écoles publiques gratuites et de qualité. Une utopie, diront certains, je ne crois pas, c'est une question de volonté et de choix politiques. Le gouvernement a consacré plus de 10 milliards de dollars à la reconstruction et à la rénovation des hôpitaux dans les dernières années, et il en tire une grande fierté. Pourquoi ne serait-ce pas possible de faire des choix similaires en éducation ? Chaque école doit devenir un carrefour de la société que nous voulons, un modèle de développement et le symbole de nos valeurs actuelles.

Chaque école doit devenir un carrefour de la société que nous voulons, un modèle de développement et le symbole de nos valeurs actuelles.

En Alberta, hé oui le royaume des sables bitumineux, le ministère de l'Environnement réalise un projet de 9 millions de dollars pour installer des panneaux solaires sur 36 écoles. Imaginez nos écoles, dont les toits seraient recouverts de panneaux solaires qui produiraient leur propre électricité et vendraient leurs surplus à Hydro-Québec. Quel laboratoire inspirant pour nos jeunes scientifiques, sans compter la source de revenus appréciable.

À Copenhague, toutes les institutions publiques sont approvisionnées en aliments bio produits localement. Les Danois ont compris que les écoles doivent communiquer aux jeunes la vision de la société de demain où ils seront des citoyens écoresponsables: développement durable, recyclage, énergie renouvelable, alimentation et agriculture biologiques, etc.

Notre gouvernement a plutôt choisi de gérer les écoles comme une entreprise privée. Il nous parle de taux de réussite, de convention de gestion et de reddition de compte. Les jeunes sont devenus une clientèle. Il favorise la compétition entre les écoles créant ainsi le système scolaire le plus inégalitaire au pays. L'éducation est devenue une marchandise qui se monnaye selon le revenu. Les mieux nantis ayant les meilleurs services. L'État se désengage de sa responsabilité de garantir à chacun les mêmes chances de réussite, en laissant toute la place à la privatisation de l'éducation qui gagne sans cesse du terrain.

Pendant que le projet de Lab-École nous parle du futur, actuellement notre réseau public craque de partout. Il est absent et marginalisé lors des décisions politiques. Par exemple, des promoteurs immobiliers ont développé de nouveaux quartiers sans que la Ville de Montréal exige de prévoir l'emplacement et la construction d'écoles. Ou encore, la ville de Montréal offre des terrains pour la construction de nouvelles écoles en dessous de pylônes électriques ou près d'un terminal pétrolier. On a vraiment un problème de société ! Même un des fleurons des écoles à projet particulier, l'Académie de Roberval, doit être relocalisé pour cause de moisissures.

Depuis longtemps, le ministère aurait dû convoquer des états généraux sur l'éducation pour établir un consensus social sur les orientations à prendre et amorcer un virage pour que l'éducation ne soit plus jamais laissée de côté.

Malgré les meilleures intentions des membres du Lab-École, je crois que le gouvernement cherche à redorer son image et qu'il ne corrige pas les lacunes internes au système qui sont déterminantes dans la réussite des élèves : intégration des élèves en difficulté, surnombre d'élèves, croissance du privé, organisation de la grille-matière, contenu des programmes.

Ce grand chantier de restauration de notre réseau doit être accompagné d'un changement de philosophie de gestion et de recentrer l'éducation sur l'égalité des chances pour tous de réussir, sinon on fait foi de la pensée magique.

L'école publique d'aujourd'hui tombe en décrépitude et a besoin d'un véritable changement maintenant.

Après plus de 15 ans de pouvoir libéral, le gouvernement doit regagner la confiance du milieu scolaire en général et des enseignants en particulier, en les incluant dans sa démarche. Les mesures d'austérité ont laissé des plaies encore vives. Le gouvernement est loin d'avoir comblé le retard causé par les coupes. L'augmentation actuelle des dépenses en éducation se situe à 2,8 %, en deçà du 3 % nécessaire pour couvrir simplement l'inflation et l'augmentation du nombre d'élèves. L'école publique d'aujourd'hui tombe en décrépitude et a besoin d'un véritable changement maintenant. Et là, à la veille des élections, le gouvernement nous fait miroiter une école du futur ! En éducation, le futur c'est maintenant ! Ce sont les adultes de demain qui sont actuellement sur les bancs d'école.

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.