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Lettre ouverte à Yves Francoeur, président de la Fraternité des policiers et policières du SPVM et à l'ensemble de ses collègues

Monsieur Francoeur,J'ai pris connaissance d'un article signé par Karim Benessaieh sur le site de la presse.ca. Dans cet article, l'auteur rapporte que la ville de Montréal et ses policiers en sont à une impasse, que la ville prétend ne plus être capable de soutenir ses contributions à votre régime de retraite et qu'elle pense faire appel à un arbitre pour imposer un règlement. Apparemment, la situation vous a ulcéré mais, pardonnez ma franchise, je suis incapable d'être sympathique à votre cause.
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PC

Monsieur Francoeur,

J'ai pris connaissance d'un article signé par Karim Benessaieh sur le site de la presse.ca. Dans cet article, l'auteur rapporte que la ville de Montréal et ses policiers en sont à une impasse, que la ville prétend ne plus être capable de soutenir ses contributions à votre régime de retraite et qu'elle pense faire appel à un arbitre pour imposer un règlement.

Apparemment, la situation vous a ulcéré mais, pardonnez ma franchise, je suis incapable d'être sympathique à votre cause.

Ne vous y trompez pas, je sais que votre fond de pensions est l'un des mieux géré au Canada et que son succès est celui de ses administrateurs, je sais que la ville de Montréal n'y a pas contribué pendant quoi? 10 ans? Et je trouve aussi que la ville de Montréal semble être gérée par un enfant de 4 ans qui aime s'enfoncer des crayons beaucoup trop profondément dans le nez...mais...je ne vous suis toujours pas sympathique.

En fait, il y a deux choses qui m'empêchent de me ranger derrière votre position. La première c'est la douce ironie. Si vous le voulez bien je vais vous la préciser cette douce ironie.

- Vous êtes un groupe de travailleurs, qui ressemble étrangement à un groupe d'étudiants.

- Vous avez un désaccord avec un gouvernement douteux qui veut planter ses mains malpropres dans vos poches. Et tout comme nos étudiants, vous répondez au gouvernement «avant de venir piger dans mes poches, fais le ménage dans les tiennes»

- Ce gouvernement douteux parle déjà de vous répondre par la force de ses canons et vous forcer à accepter sa loi (ça vous rappelle pas la loi 78, par hasard?)

- Et même si vous avez une cause juste et noble, la « majorité silencieuse » vous traitera de bébés gâtés.

On pourrait ironiser toute la soirée, par exemple je pourrais dire :

- Si la police prend la rue, est-ce que les étudiants prendront le poivre et les bâtons?

- À qui allez-vous communiquer vos itinéraires de manifestations? à vos confrères, à la SQ, à l'UQAM?

- Les manifestations seront-elles permises à moins de 50 mètres des postes de quartier?

- Si 20 policiers boycottent la matraque mais que 5 veulent continuer à battre la jeunesse, les 20 policiers en boycott peuvent-ils empêcher les 5 autres d'aller « chercher leur bonbon? »

Mais à quoi bon ironiser, la situation est trop triste...

Passons à la deuxième raison, la vraie raison qui m'empêche de sympathiser à votre cause c'est le passage suivant de l'article :

Il n'a pas mâché ses mots à l'égard de l'administration du maire Tremblay, qu'il accuse d'avoir «dilapidé l'argent des Montréalais» en donnant «de 20 à 35% des contrats à la mafia». Il a rappelé que la Ville a pris un congé de cotisations de 1997 à 2007 au régime de retraite des policiers. Celui-ci est géré de façon autonome.

Ah oui? Vraiment? Vous êtes capables de prouver que le maire Tremblay donne de 20 à 35% de ses contrats à la mafia? Vous êtes capables de prouver qu'il dilapide l'argent des montréalais? Vous savez qu'il y a un problème de malversions et de corruption?

Et vous ne faites rien? Vous? Les policiers, vous ne faites rien? Vous laissez la mafia s'engraisser?

Votre lâcheté m'écœure. Vous êtes des lâches, des peureux. Vous déshonorez votre profession, vous êtes corrompus. Ça fait tellement longtemps que vous ne faites plus que donner des tickets, que vous êtes rendus une agence de collection pour des gouvernements corrompus. Vous avez complètement oublié votre mission, vous avez complètement oublié votre indépendance judiciaire.

On sait bien, quand il s'agit de « varger » à coups de matraque sur des gamines de 19 ans sans défenses, de faire des « arrestations préventives » ou du profilage politique vous avez le torse bombé mais quand il s'agit de faire votre vrai devoir, quand il s'agit d'arrêter vos patrons, le torse se dégonfle.

Vous n'avez pas besoin de la permission de personne, si vous êtes capables de prouver que vos employeurs sont corrompus, arrêtez-les. Ne soyez pas complices par manque de courage. Vous avez tous les pouvoirs nécessaires.

Et rappelez-vous que bientôt, nous jugerons (sévèrement), la force que vous avez utilisée ce printemps. Vous serez les seules victimes de ce conflit. Certains d'entre vous recevront peut-être leur 4% pour avoir « embarqué dans le délire des libéraux » alors que les libéraux, eux, auront sûrement une prime de départ. Voulez-vous vraiment protéger ces gens-là?

Redonnez-nous confiance en la justice, faites le ménage dont on a besoin,

Devenez les héros dont nous avons besoin.

Ou démissionnez.

Manifestation étudiante du 22 août 2012

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