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5 preuves qui montrent qu'Emmanuel Macron fait entrer la Génération Y à l'Elysée

Le 30 avril sur France 2, il déclarait: «Je suis venu changer la politique vite et fort». Vite et fort: Emmanuel Macron est un impatient. Ainsi sont les «Millennials».
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En élisant Emmanuel Macron, les Français ont envoyé un «millennial» à l'Élysée. Sa personnalité, son projet, son comportement traduisent l'émergence de nouvelles valeurs et de nouveaux codes, portés par la fameuse «génération Y». Démonstration à travers le passage en revue de cinq traits typiques de cette génération.

En 2000, les historiens américains Neil Howe et William Strauss publièrent un livre au titre prophétique: Millennials Rising: the Next Great Generation. Leur thèse? Les Américains nés après 1982, porteurs de nouvelles valeurs, s'apprêtaient à changer en profondeur le paysage politique, social et économique des États-Unis. Depuis, le terme «millennial» s'est diffusé au-delà du continent américain et désigne un peu partout cette génération qui a grandi avec Internet et sur lesquels de nombreuses études ont paru ces dernières années.

Emmanuel Macron est né en 1977, mais, par bien des aspects -sa personnalité, son projet, la façon dont il envisage de présider- il possède de nombreux points en commun avec cette génération.

Emmanuel Macron est né en 1977, mais, par bien des aspects -sa personnalité, son projet, la façon dont il envisage de présider- il possède de nombreux points en commun avec cette génération. Et sur bien des registres, il est clairement un des leurs. Portrait du nouveau président à travers cinq dimensions clés de cette génération.

1. L'effacement des frontières traditionnelles

La généralisation des technologies dans la vie quotidienne a contribué à effacer les frontières entre des univers traditionnellement séparés: entre la vie publique et la vie privée, entre le travail et le loisir, entre les activités dites «sérieuses» et le divertissement... L'époque est au décloisonnement. Il suffit de pénétrer à l'intérieur des locaux d'une start-up pour s'en rendre compte. Les codes du passé ne tiennent plus: ni dans l'organisation du travail, ni dans la décoration, ni dans le rapport à la hiérarchie.

Depuis le début de son action politique, Emmanuel Macron veut abolir les clivages du passé. Son appel à dépasser les catégories de la droite et de la gauche s'inscrit dans cette tendance au décloisonnement. L'objectif de son mouvement vise à réinventer un cadre politique beaucoup plus souple et beaucoup plus ouvert, à l'image d'une société dans laquelle une nouvelle génération s'habitue peu à peu à vivre dans un monde décloisonné... et décomplexé: être sérieux sans se prendre au sérieux. Partout, les logiciels sont en train de changer. Emmanuel Macron, par son parcours et sa personne, en fournit l'exemple parfait.

2. La culture du «co»

Sur les tracts distribués par les militants d'En Marche! pendant la campagne, on pouvait lire: «C'est nous qui avons co-construit le programme d'Emmanuel Macron». Ce concept de «co-création» est au cœur de la génération des «millennials». Les jeunes plébiscitent les solutions où des formes de coopération sont en jeu. L'économie et la consommation dites «collaboratives» les séduisent. Du covoiturage à la colocation, la fréquentation régulière des réseaux sociaux les incite naturellement à se tourner vers les solutions «co». Grâce à leur téléphone intelligent, les jeunes d'aujourd'hui sont en contact permanent avec leur «communauté». Ils partagent spontanément vidéos, contenus, informations, conseils ou bonnes pratiques. Le mouvement En marche! a su capitaliser sur cet énorme potentiel collectif et son recours massif à Internet est en phase avec les pratiques de cette génération. La dynamique qu'il a mise en route un peu partout en France à travers ses comités En marche! s'inspire directement de cette culture «co» familière à la jeune génération.

3. La mise en scène de soi

Un des traits frappants de cette génération qui a grandi avec les réseaux sociaux réside dans son rapport à l'image. Se mettre en scène lui est bien plus naturel que les générations précédentes. La pratique du selfie lui est consubstantielle. Les Youtubeurs y sont légion. La gestion de son image personnelle est une évidence. Dans les enquêtes, les «millennials» reconnaissent volontiers leur narcissisme en précisant que l'image est aussi une façon de communiquer et constitue un atout sur le plan professionnel.

Emmanuel Macron est dans la mise en scène de lui-même, de son couple, de son mouvement. Le soir de sa victoire, sa chorégraphie en solitaire devant la pyramide du Louvre s'inscrit dans cette culture de la mise en scène de soi. En outre, son côté séducteur, visible à chacune de ses sorties publiques, témoigne de sa complicité avec un public de fans auquel il tient à plaire. On y retrouve la logique des «followers» sur les réseaux sociaux desquels on attend à chaque instant un signe de reconnaissance.

4. L'impatience

À Laurent Delahousse qui l'interroge sur son projet le 30 avril sur France 2, il répond: «Je suis venu changer la politique vite et fort». Vite et fort: Emmanuel Macron est un impatient. Ainsi sont les «millennials». Dans les enquêtes, ils sont une nette majorité à l'avouer: ils ne supportent pas «d'attendre cinq minutes sans rien faire». Pour cette génération sollicitée continuellement par Internet et les réseaux sociaux, il n'existe que peu de place pour les temps morts. Son accès immédiat à l'information, la rapidité des transactions à laquelle elle s'est habituée, ne la prédispose guère à attendre. Emmanuel Macron partage cette impatience. Même si bien des facteurs entrent en jeu pour expliquer sa victoire finale, son ascension fulgurante dit quelque chose de cette impatience. Impatience du leader en marche vers son destin. Impatience d'une génération qui aimerait bien brûler toutes les étapes pour réaliser tous ses rêves.

5. La vie en mode projet

La génération des «millennials» croit beaucoup plus au «projet» qu'à la «carrière». En effet, l'avenir étant hautement incertain, mieux vaut s'investir à fond sur un ou plusieurs projets plutôt que d'attendre de franchir une à une et de façon laborieuse les étapes qui conduiraient à d'hypothétiques statuts.

Tel est aussi Emmanuel Macron. Son itinéraire en témoigne: haut fonctionnaire, banquier, homme politique: il passe d'une ambition à une autre sans emprunter les chemins balisés. Ce n'est pas une carrière lente et programmée qu'il poursuit, mais des projets embrassés avec la passion du néophyte. Il vit la vie en mode projet, c'est-à-dire en pragmatique qui évolue dans un monde où rien n'est jamais sûr. Sa réticence à présenter un «programme» vient de là. À quoi bon détailler une liste fastidieuse de mesures dans un environnement -celui du XXIe siècle- où l'essentiel est d'avancer projet après projet en tenant compte à chaque fois des conséquences et des recompositions? Le programme enferme et ralentit le mouvement. Le projet s'adapte et se transforme. Cette logique est celle dans laquelle les «millennials» font déjà et feront de plus en plus leur vie.

Et après?

Emmanuel Macron incarne donc un état d'esprit nouveau dont les «millennials» sont l'expression vivante. Le 17 avril 2017 à Bercy, il avait d'ailleurs pleinement conscience d'incarner une nouvelle génération: «ce dont nous avons collectivement aujourd'hui la charge et la responsabilité, c'est précisément du surgissement de l'accession aux responsabilités d'une génération nouvelle, notre génération! Chaque génération a son rôle historique, sa responsabilité, sa mission».

Emmanuel Macron parle au nom d'une génération «millennial». Toute la question est de savoir s'il s'adresse à l'ensemble de cette génération. Car si la réalité de l'esprit «millennial» est incontestable, il souffle surtout dans les grands centres urbains et dans un environnement connecté à la mondialisation. Si la technologie contribue à décloisonner de nombreux espaces, elle n'empêche pas l'isolement, voire la dérive de couches non négligeables de la jeunesse contemporaine. Ce que le vote nationaliste, important aussi auprès d'une partie de la jeunesse, a rappelé. Le «millennial» qui entre à l'Élysée saura-t-il s'en souvenir?

Ce billet de blogue a d'abord été publié sur le HuffPost France.

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