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La religion de l'an 5000

Ce qui m'agace avec les religions, c'est qu'elles sont fondamentalement humaines.
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Je me décrirai comme un non-croyant. Parce que déjà, athée ou agnostique, à mes oreilles, on juge l'autre. Personnellement, je pense comprendre ceux qui croient, peu importe ce à quoi ils croient, même si moi je n'y crois pas. Parce que croire et aimer, c'est humain. C'est profondément ancré en nous. Nous formons des couples monogames, nous défendons bec et ongles notre famille, nos amis. Nous apprécions les livres, les films et la télé surtout quand on y croit, même momentanément. Nous croyons en notre potentiel, en celui des autres. On se fie sur l'avis du voisin, du vendeur, du beau-frère. On vote, on lit le journal. On fait des plans pour le futur, convaincus qu'on y sera.

Donc, croire, c'est - à tout point de vue - normal.

Ce qui m'agace avec les religions, c'est qu'elles sont - fondamentalement - humaines. Les messages divins ont été recueillis par des humains, retranscrits par des humains, traduits par des humains, interprétés par des humains, enseignés par des humains... Même si le message vient de Dieu(x) en personne, il transite par l'humain. Je ne l'apprendrai à personne : l'humain est imparfait.

J'ai grandi dans un univers catholique. Québécois, racines irlandaises, grandi à Montréal-Nord au milieu de la plus grande diaspora haïtienne parsemée de grandes familles italiennes et éduqué dans ce qu'on appelait jadis la Commission des écoles catholiques de Montréal. Disons que je voyais souvent le petit Jésus sur sa croix. Pourtant, dès mon plus jeune âge, j'ai dû avouer que je n'y croyais pas. Venu le temps de la confirmation, je ne pouvais pas, en ma jeune âme et conscience, jurer que je croyais en Dieu et en son Fils venu sur terre me sauver.

Je ne pouvais juste pas.

C'était trop gros, mais trop simple en même temps. J'étais obsédé par la science. Je lisais des livres de vulgarisation extrême des théories d'Einstein, mais je ne les comprenais pas tout à fait. Je ne les comprends, d'ailleurs, toujours pas vraiment. Mais, pour moi, une chose était sure : le monde ne s'était pas construit en 7 jours.

Par contre, je me suis juré de ne pas juger les croyants. Après tout, il est peu probable que ce soit moi, humain parmi les humains, qui détienne la vérité absolue. J'ai même eu une copine croyante, qui me demandait parfois de prier avec elle quand les choses étaient plus graves ou inquiétantes. Je me suis parfois rebiffé, mais, à l'occasion, je me suis fermé les yeux et j'ai demandé à la vie d'apaiser l'anxiété de celle que j'aimais.

Ce qui me rend inconfortable avec les religions, aujourd'hui, est la façon dont certains humains s'en servent pour la retourner vers d'autres humains. À mon humble avis, la religion devrait être quelque chose qui répond à des questions, qui rassemble les gens, qui construit des communautés... pas le contraire.

Un autre détail important qui m'énerve : l'âge des religions.

Prenons un exemple que je connais : Jésus. Je suis convaincu que Jésus, s'il n'est pas seulement qu'un personnage du plus populaire roman jamais écrit, était un homme exceptionnellement intelligent qui voulait que les gens de son époque se rassemblent autour d'un projet commun d'amour et de compréhension. Pour ce faire, il utilisait les mots et les images susceptibles de rassembler les gens de son époque. Mais les choses ont beaucoup changé depuis.

Si Jésus était de notre époque, je suis convaincu que ses mots seraient en accord avec notre science parce que la Foi n'a pas besoin d'être en conflit avec le savoir et, en homme intelligent qu'il était, il soulignerait toutes les choses qui ne peuvent toujours pas être expliquées par la technologie.

Une amie me disait, récemment, que si elle voyageait dans le temps et montrait son iPhone à un homme des cavernes, elle deviendrait, instantanément, une déesse ou le diable. Peut-être que Jésus, Mahomet et Bouddha étaient les iPhones de leur temps. Trop avancés, mal interprétés.

***

Peut-être que, sans le savoir et sans le vouloir, Neil deGrasse Tyson sera le héros, voir le messie, de la «bible» de l'an 5000. Si on s'arrête pour y penser, il est un peu comme un prédicateur. Il veut le bien de l'humanité, il veut partager la bonne nouvelle scientifique, il veut enseigner à la masse sans se mettre sur un piédestal.

La science d'aujourd'hui pourrait se perdre dans une guerre de plusieurs siècles dans un avenir dystopique et sonner comme d'occultes prières aux oreilles de nos descendants... Ou encore, de l'autre côté, peut-être que les futurs humains, hyperévolués et intelligents, trouveront réconfort dans les vielles croyances de Big Bang, de Quarks et la sainte Table périodique ? Qui sait ?

Ce que je sais, c'est que les choses deviennent inlassablement plus «grandes» et «meilleures» avec le temps. Les artistes moyennement populaires deviennent des légendes après leur mort. Les poissons s'allongent chaque année dans les histoires de pêche. Les humains sont comme ça : ils aiment leurs héros plus grands que nature.

Regardez juste notre cinéma. Des héros qui se mangent 8 balles et qui marchent toujours vers leur ennemi, qui se jettent hors d'une voiture en marche, qui sautent du troisième étage, etc.

Je suis persuadé que nos ancêtres étaient exactement comme nous. Ils aimaient leurs héros forts et puissants.

Deux mille ans, ça laisse beaucoup de temps pour les faire passer de «super cool» à «divins».

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