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Moi «X», toi «boomer», eux «?»

Où est le respect pour cette génération qui prend en ce moment la rue?
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Réponse à un gentil et articulé Monsieur sur un fil Facebook en rapport avec les manifestations qui s'amorcent

M. Untel, j'ai grand plaisir à débattre avec vous et notre différence d'âge y est centrale. Je vois bien que nous partageons certaines valeurs et, je peux vous l'assurer, le respect, qui semble votre cheval de bataille, en est une primordiale à mes yeux. Par contre, j'aimerais vous demander: «Où est le respect pour cette génération qui prend en ce moment la rue?» Ces jeunes qui se font traiter de bébés gâtés, de fauteurs de trouble et d'irresponsables, qui leur donnent le moindre crédit? N'avez-vous pas été jeune et idéaliste vous aussi?

On dit d'eux qu'ils se plaignent la bouche pleine. Pleine de quoi? Les jeunes d'aujourd'hui n'ont rien d'autre que des produits nuls à chier. On les gave de publicités farcies de faux idéaux pour qu'ils soient de bons consommateurs dociles. Selon les dictats du néolibéralisme, le bonheur c'est de posséder. À mon avis, ce n'est pas un monde meilleur que d'avoir quarante-sept choix de fragrances différentes pour la lessive.

Le plus triste dans cette macabre manœuvre est qu'une grande majorité de votre génération, mon cher monsieur, s'y est fait prendre. À chacun SON petit bonheur, SA maison, SA pelouse, SA voiture, SES enfants. Si on n'atteint pas cet objectif, c'est qu'on a échoué au jeu de la vie.

La vie vous parait peut-être plus facile maintenant que VOUS avez réussi au jeu de la vie. Vous avez, peut-être, comme beaucoup de gens de votre génération, eu un travail stable toute votre vie active, un revenu décent, peut-être même assez pour que votre femme, si elle le désirait, puisse rester à la maison pour s'occuper des enfants. Vous avez eu un accès hypothécaire raisonnable qui vous permettait l'achat d'une maison respectable et une pension garantie après des années de loyaux services. Peut-être même que vous avez une deuxième résidence, un chalet peut-être, où vous pourrez écouler vos vieux jours dans le calme de la nature.

Moi, comme un bon nombre de « jeunes » d'aujourd'hui, nous n'avons pas accès à tout ça. Aucune sécurité d'emploi. Les emplois d'aujourd'hui sont de plus en plus « de court à moyen terme » et n'offrent aucun bénéfice marginal puisque offerts à la pige. Nos diplômes ne valent plus l'effort investi puisqu'ils ne garantissent ni emploi, ni rémunération supérieure. Même les domaines dits lucratifs sont régis par les assises familiales comme aux temps seigneuriaux. L'accès au logement occupe maintenant une majeure partie de nos revenus. L'achat d'une propriété demande, aujourd'hui, d'avoir des garanties hors de portée de ceux dont les parents ne sont pas prêts à fournir ou n'ont tout simplement pas les liquidités nécessaires. Les places en garderies se font rares, les professeurs de nos enfants sont de plus en plus sollicités et de moins en moins disponibles. Et la retraite, vous voulez rire? Ma retraite se passera surement dans un lit d'hôpital - si j'en ai les moyens d'ici là - ou consistera d'une balle de fusil dans le crane, excusez mon fatalisme, pour épargner une dette trop grande à ma descendance.

Ajoutez à cela que la plupart de nos demandes d'innovations en matière d'environnement sont rejetées du revers de la main au nom du profit. Que nos innovations sont cachées sous le tapis pour ne pas ébranler l'ordre établi. Que nous voyons les Banques encaisser des profits faramineux, au-delà du concevable, grâce au peu d'argent que nous sommes maintenant OBLIGÉS de leur confier pour pouvoir payer nos comptes en constante augmentation. Que tout ce que nous achetons est programmé pour ne durer qu'un certain temps, nous forçant ainsi à devoir sans cesse remplacer nos objets. Que nous réalisons que nos gouvernants sont tous issus de la même élite, complètement déconnectée de la réalité du peuple. Que nous voyons de plus en plus clairement comment les médias de masse manipulent l'information. Que nos vies sont scrutées par les technologies informatiques. Que les gouvernements ont créé de toute pièce ce clivage des classes et qu'ils utilisent nos propres policiers pour nous diviser.

Dites-moi M. Untel, après réflexion, le jeune homme de 20 ans en vous n'aurait-il pas envie de se battre?

Moi, quand j'y pense, je trouve que nos jeunes ont une sérieuse dose de respect et de retenue à nous apprendre. Ma génération ne l'a pas facile. La leur s'annonce exécrable. Envoyer des policiers armés jusqu'aux dents pour les provoquer n'est qu'une autre manipulation pour les discréditer.

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