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Les Israéliens se rendent aux urnes, sans certitude sur leur avenir

Ce jour de vote est un jour joyeux pour la majorité des Israéliens, pas uniquement parce qu’ils peuvent choisir démocratiquement la direction de leur pays: il marque aussi la fin d’une campagne qui a mis les nerfs à rude épreuve.
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Le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, à gauche, fait des vagues avec sa femme Sara après avoir voté lors des élections législatives israéliennes à Jérusalem, le mardi 9 avril 2019.
AP Photo/Ariel Schalit
Le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, à gauche, fait des vagues avec sa femme Sara après avoir voté lors des élections législatives israéliennes à Jérusalem, le mardi 9 avril 2019.

Jour de vote

De Tel-Aviv, la ville blanche au bord de la mer, à Arad, la ville rouge au milieu du désert, des villages bédouins de Galilée aux Kibboutz du Néguev, de Bat Yam, à la forte communauté russe, à Netanyah et sa population francophone, de Umm el Faham, qui votera majoritairement pour les islamistes, à Jérusalem qui soutiendra en majorité les partis juifs ultra-orthodoxes, partout en Israël on vote ce mardi.

Depuis sept heures du matin jusqu'à 22h, environ six millions et demi d'Israéliens, Juifs, Arabes, Druzes, musulmans, chrétiens, laïques ou religieux, sont invités à se rendre dans l'un des plus de 10 000 bureaux de vote et à choisir une liste parmi les 41 en course pour ses élections.

Dans un système à la proportionnelle absolue et sans circonscription, les partis qui obtiendront plus de 3,25% des voix pourront siéger à la Knesset, le parlement israélien.

Ce 9 avril est un jour joyeux pour la majorité des Israéliens, et ce pas uniquement parce qu'ils peuvent choisir démocratiquement la direction politique de leur pays, ou parce que ce mardi printanier a été rendu férié pour permettre à chacun de voter. Le jour du vote marque aussi la fin d'une campagne qui a mis les nerfs de beaucoup à rude épreuve.

Une campagne houleuse

Tout d'abord, le ton général de la campagne n'a pas été de très haut niveau. Israël, de ce point de vue là, souffre des défauts qui touchent l'ensemble des sociétés occidentales. Comme ailleurs, les programmes de fond n'ont eu que peu de poids face aux personnalités des candidats, dans ce cas précis, celles du premier ministre sortant Binyamin Netanyahou (dit Bibi) et de l'ancien chef d'État-major Benny Gantz, nouveau héros du centre gauche.

Ni l'état de l'économie ni les questions sociales, ni même le problème du conflit entre Israël et ses voisins (malgré certaines tensions avec la bande de Gaza) n'ont réussi à créer autour d'eux des débats sérieux.

Au contraire, les attaques personnelles, sur le passé public ou privé des candidats, les accusations ad hominem et les allusions diffamatoires n'ont pas manqué. Et c'est là une deuxième caractéristique de cette campagne: la violence du ton employé, notamment par la droite, et le peu de regards pour la vérité.

Les fake news, devenues célèbres dans d'autres contextes et dans d'autres pays, se sont aussi tristement illustrées dans cette campagne israélienne.

Pour toutes ces raisons, les Israéliens ne seront pas particulièrement tristes de mettre derrière eux une campagne qui a plombé l'ambiance du débat public pendant plusieurs mois

Un suspens complet

La deuxième chose que les Israéliens apprécieront ce soir, c'est la fin du suspens qui les tient en haleine depuis le début de la campagne. Comme partout, les électeurs israéliens ont été bombardés de sondages de manière quasi quotidienne ces dernières semaines. Et selon l'image qui en ressort, Israël pourrait se réveiller demain avec un Parlement compliqué à gérer.

En effet, les sondages prévoient que le parti de Benny Gantz arrivera en tête, mais donnent en même temps la majorité au bloc formé par les différents partis de droite. Et encore, ces chiffres sont à prendre avec une grande précaution: un certain nombre de partis sont extrêmement proches du seuil d'éligibilité (3,25%) et risquent donc de ne pas entrer au parlement. Leurs sièges seraient alors partagés entre les partis arrivés en tête.

Et comme, parmi ces partis «en danger», on trouve un parti de gauche, un parti arabe, et plusieurs partis de droite, en fonction de ceux qui passeront ou non le fameux seuil, l'équilibre entre les blocs de droite et de gauche pourra se retrouver profondément modifié. Or, avec des sondages dont la marge d'erreur est trop grande pour permettre une prévision fine, et de nombreux électeurs qui se disaient encore indécis à la veille du scrutin, prédire réellement quels seront les rapports de force à l'issue du vote relève de la mission impossible et une surprise n'est pas à exclure.

Que se passera-t-il après la fin du scrutin?

À 22h, heure locale (soit 15h au Québec), les urnes seront ouvertes et les voix comptées. Le dépouillement complet risque de prendre un certain temps, en raison du grand nombre de partis candidats, et les résultats ne seront publiés qu'au petit matin. Le lendemain, les voix des électeurs à statut particulier, hospitalisés, fonctionnaires à l'étranger, prisonniers, mais surtout soldats, principalement des jeunes, seront à leur tour comptées. Les 120 sièges du parlement seront alors définitivement distribués entre les listes.

Dans le système politique israélien, les citoyens choisissent la composition du parlement, pas celle du gouvernement.

Mais cela ne veut pas dire que l'on saura à ce moment-là qui sera le premier ministre israélien ou même à quoi ressemblera le gouvernement. Dans le système politique israélien, les citoyens choisissent la composition du parlement, pas celle du gouvernement. Et contrairement à ce qui se passe ailleurs, notamment au Québec, la conjonction du système proportionnel et de la multiplication des partis fait que la distribution des sièges ne permet pas de faire émerger automatiquement un gouvernement.

À partir de la fin de la semaine, les chefs de partis vont commencer à discuter pour former une coalition majoritaire et donc un gouvernement. Ce sera le temps des négociations, de la distribution des ministères et de l'élaboration, souvent compliquée, d'un programme de gouvernement. C'est seulement à ce moment-là que les Israéliens et le reste du monde sauront qui dirigera le pays et dans quelle direction.

Ici aussi, tout est possible. Bien entendu, les rapports de force entre partis au Parlement seront déterminants, mais ils ne seront pas le seul facteur à jouer.

Rien n'oblige les partis de droite à soutenir Netanyahou et de plus, le premier ministre est toujours empêtré dans des affaires judiciaires dont de nouveaux éléments sont censés être rendus publics dès demain.

Certains partis du centre droit pourraient alors décider de soutenir Gantz dans l'idée qu'il peut apporter une stabilité plus grande qu'un premier ministre mis en accusation. De même, le président de l'État, originaire du même parti que Netanyahou, mais qui entretient de très mauvaises relations avec ce dernier, a un certain pouvoir discrétionnaire qui peut réserver des surprises. Bref, aucun scénario n'est à exclure.

Israël, minuscule pays à peine plus peuplé que le Québec, attire régulièrement l'attention du monde, pour de bonnes ou de mauvaises raisons. Une chose est sûre cependant, le petit État a un certain sens du spectacle politique, et les élections actuelles le prouvent une nouvelle fois. Aujourd'hui se termine le premier acte d'un long processus. Les prochains développements s'annoncent, eux aussi, pleins de rebondissements, de suspens et de surprises.

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Pour en savoir plus au sujet des élections en Israël:

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