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Manque d'ambulances à Montréal: la balle est dans le camp d'Urgences-santé

Est-ce alarmiste que d'affirmer que les paramédics arrivent difficilement à respecter la cible fixée par le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS), soit d'intervenir avec un temps de réponse de 8 minutes 59 secondes et moins pour 90 % des appels urgents? Dans les faits, c'est près de la moitié des appels urgents impliquant des cas sévères qui souffrent de délais non conformes aux normes, d'où nos inquiétudes.
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Après des mois de mutisme concernant le manque criant d'ambulances sur les routes, la Corporation d'Urgences-santé a finalement brisé le silence en s'adressant aux 2,3 millions de citoyens de Montréal et de Laval. Elle a réagi publiquement aux actions de visibilité menées, le 12 février, par les ambulanciers-paramédics aux abords de ponts et de stations de métro pour réclamer l'ajout de ressources. Nous applaudissons cet effort de la haute direction de vouloir rendre des comptes à la population. Mais l'éloge s'arrête là.

Car sur le fond, Urgences-santé ne fait que répéter le discours qu'elle nous sert en privé depuis mai 2013. Ainsi, personne ne serait en danger, car les véhicules et les effectifs seraient «déjà augmentés en fonction des besoins» et le temps de réponse aux appels d'urgence serait «d'en moyenne 7,4 minutes pour les appels de priorité 0 et 1, soit les plus urgents», non sans taxer au passage les paramédics d'alarmistes.

Est-ce alarmiste que d'affirmer que les paramédics arrivent difficilement à respecter la cible fixée par le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS), soit d'intervenir avec un temps de réponse de 8 minutes 59 secondes et moins pour 90 % des appels urgents? Dans les faits, c'est près de la moitié des appels urgents impliquant des cas sévères qui souffrent de délais non conformes aux normes, d'où nos inquiétudes. Pourtant, dans sa réplique, Urgences-santé vient dire que ces données ne sont plus utilisées depuis plus de 10 ans. En 2011-2012, elle se servait cependant des mêmes données pour dire que les paramédics étaient incapables de répondre à temps aux appels de priorité 1 dans un délai de neuf minutes.

Urgences-santé admet que des retards pouvant atteindre 30 minutes existent, mais prétend qu'ils ne s'appliqueraient qu'aux cas mineurs. Or cette année seulement, 300 plaintes ont été logées par les paramédics pour dénoncer les conditions de pratique, dont les nombreux retards à arriver à temps sur des cas mineurs et aussi majeurs.

La corporation nous dit qu'elle dispose de tous les véhicules et des effectifs nécessaires pour répondre aux besoins, mais elle a dû payer en 2012-2013 pas moins de 96 000 en heures supplémentaires, soit l'équivalent de plus de 40 postes à temps complet chaque année. Le recours au temps supplémentaire n'est pas en soi un signe de bonne gestion des ressources. C'est plutôt le contraire.

Par ailleurs, pas un mot n'est dit sur l'embauche de 12 cadres supplémentaires en 2011-2012, portant leur nombre à 92 actuellement. C'est un ajout de 1,5 million de dollars par année, pour la seule gestion des ressources humaines, formée de 1300 employés, sans les cadres. Il s'agit là d'un des plus hauts taux d'encadrement parmi les établissements du réseau de la santé et des services sociaux.

Enfin, Urgences-santé dit ne pas comprendre la stratégie syndicale relative à la dénonciation publique des conditions de pratique des paramédics. Il faut rappeler que depuis mai 2013, nous avons tenté de toutes les façons de sensibiliser la haute direction sur l'état de dégradation des services d'urgence, sans résultat.

Cette tentative de la corporation de noyer le poisson en nous qualifiant d'alarmistes nous laisse d'autant plus pantois qu'une importante rencontre a lieu le 17 février avec les représentants du MSSS, ceux d'Urgences-santé et nous, les porte-parole du Syndicat du préhospitalier (CSN). Mais on garde espoir! C'est d'ailleurs le leitmotiv des paramédics que de toujours espérer, surtout quand des vies sont en danger.

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Avril 2018

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