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Élections: lettre d'un immigrant aux candidats

Les personnes issues de l'immigration sont-elles condamnées à des emplois dont personne ne veut au Québec?
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Si l'on se fie aux différentes études et enquêtes publiées sur l'immigration, près de 25% de migrants quittent le Québec et l'emploi en est l'une des principales causes.
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Si l'on se fie aux différentes études et enquêtes publiées sur l'immigration, près de 25% de migrants quittent le Québec et l'emploi en est l'une des principales causes.

Messieurs Phillipe Couillard, François Legault, Jean-François Lisée et madame Manon Massé, mesdames les candidates, messieurs les candidats,

Depuis le début de la compagne électorale, il est question entre autres d'immigration. Étant moi-même un citoyen issu de l'immigration, je me permets donc de vous poser les questions suivantes.

Les personnes issues de l'immigration sont-elles condamnées à des emplois dont personne ne veut au Québec? Faut-il être un homme blanc et avoir un bon réseau pour accéder à des postes à hautes responsabilités au Québec?

Je m'explique.

Telles des ailes de poulet qu'on enrobe de différentes sauces, on met les immigrants à la sauce qu'on veut. Depuis le début de l'élection, François Legault nous parle des 58% de nouveaux arrivants qui ne maitrisent pas le français, mais qu'en est-il des 44% surqualifiés pour leur emploi?

Tel le renard dans les Fables de La Fontaine, qui invita la cigogne à un repas et dont elle ne put prendre miette en raison de la forme de son bec et permis au renard de tout avaler, une partie des immigrants se retrouvent dans l'obligation de quitter les lieux. En effet, si l'on se fie aux différentes études et enquêtes publiées sur l'immigration, près de 25% de migrants quittent le Québec et l'emploi en est l'une des principales causes.

Alors qu'aux États-Unis, le PDG de Google est un immigrant, le migrant est au Québec ce que peut être un bouche-trou au vide, en l'occurrence un bouche-trou pour des emplois et pour des régions dont personne ne veut. Du moins c'est ce qu'on comprend en vous écoutant.

On le sait, pour réussir dans le milieu professionnel au Québec, il vaut mieux avoir un bon réseau que de bonnes compétences. Pour mettre les immigrants dans ce bain antiméritocratique, on organise pour eux des séances de réseautage dont on ne connait aucunement l'impact, mais qui certainement justifient certains budgets et emplois sans rien de plus pour les immigrants. En effet, il n'est pas nécessaire d'avoir fait le MIT ou travaillé 10 ans à la NASA pour comprendre que ce genre de rencontre est d'une faible valeur ajoutée. Pour réseauter, il faut quelques points en commun et quand on vient de différentes cultures, de différentes catégories sociales, trouver des points en commun est souvent difficile dans le cadre d'un réseautage.

Une étude du MIT, reprise dans le JdM, va d'ailleurs dans ce sens. Elle démontre que plus on a d'affinités avec les personnes composant la direction, plus on a des chances d'avoir une promotion. Quand on voit la composition des directions d'entreprises au Québec, composées en majorité d'hommes blancs, il est très facile de comprendre que les personnes issues de l'immigration, mais aussi des personnes souffrant d'un handicap, les femmes, ou encore les Autochtones, soient exclus des postes de direction.

Quand je parle d'immigrants, je ne parle pas ici d'immigrants récents, mais bien de personnes nées au Québec ou bien y résidant depuis des dizaines d'années. Des personnes issues de l'immigration, premier de leur CÉGEP, titulaires de diplômes de grandes écoles avec des expériences à hautes valeurs ajoutées, pouvant occuper des postes de cadres supérieurs, il y en a.

Pour mieux visualiser mes affirmations, je vous invite à regarder les conseils d'administration de l'une ou l'autre des plus grandes entreprises québécoises (Québecor, Métro, Banque Nationale, Gardaworld, etc.).

On nous parle de chiffres, mais êtes-vous capable de nous parler d'intégration et d'ascension sociale pour les plus de 44% d'immigrants surqualifiés? J'ose espérer que vous ne me direz pas qu'ils ont été mal sélectionnés, car en réalité, l'un des obstacles majeurs de l'ascension professionnelle pour les migrants se trouve dans la structure même de la société québécoise, et qui est le réseautage.

On nous parle aussi de faire passer des tests de valeurs. Allez-vous le faire passer à Alexandre Bissonnette à sa sortie de prison, si sortie il y a? Des personnes comme lui, qui ne passeront pas les tests de valeurs, il y en a. Pourtant, ces individus sont loin des valeurs québécoises dont vous parlez! Comme pour les emplois, certains ont des acquis que les immigrants n'ont pas?

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