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Le Dôme de fer: nouveau flop de l'armée canadienne?

N'étant pas confrontés à des tirs de roquettes comme c'est le cas d'Israël, cet achat ne semble répondre à aucun des besoins actuels du Canada.
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Comme l'histoire des sous-marins anglais achetés par la marine canadienne, censés être neufs, mais usagés en réalité; comme les avions de chasse F-35 dont le prix s'est avéré plus important que prévu et dont l'efficacité laisse perplexe face aux autres avions de chasse, l'annonce par différents médias de l'achat de 10 batteries du système de défense aérien Dôme de fer, pour 250 millions de dollars, est peut être un énième flop dans les acquisitions de l'armée canadienne.

Conçu pour détruire des roquettes dans un rayon de 4 à 70 kilomètres, ce système ne semble pas répondre aux besoins actuels du Canada. En effet, n'étant pas confronté à des tirs de roquettes comme c'est le cas d'Israël, à moins bien entendu que cela était identifié comme une menace pour les futurs années, ce système semble caduc.

Même si cela était le cas, cela poserait de grands problèmes en termes de logistique. En effet, n'étant pas capable d'intercepter des roquettes lancées à moins de 4 kilomètres, il faudrait réaménager tous les lieux autour desquels est déployé le Dôme de fer, occasionnant par la même occasion des coûts supplémentaires, avec, pourquoi pas, des pancartes ironiques: «Merci de ne pas tirer des roquettes à moins de 4 km, car notre système à 250 millions de dollars est non fonctionnel à cette distance».

À ces arguments, on pourrait ajouter celui du nombre, c'est-à-dire de la population canadienne qui est censée être protégée par ce système. Si pour Israël, dont la densité est beaucoup moins importante que celle au Canada, il faut une batterie pour protéger 100 000 habitants, il faudrait certainement plus de 300 batteries, c'est-à-dire un investissement de plus de 7 milliards de dollars, pour protéger les quelque 30 millions de Canadiens.

Heureusement pour les contribuables, ils ne seront pas tous «protégés» par ce système, car ils seraient ruinés.

Pour un pays dont la simple chute de pétrole freine l'économie, acquérir un système antiroquettes dont les missiles valent plus de 50 000 $ avec pour but de détruire des roquettes à 1000$, cela n'a pas de sens économique.

Si Israël peut se permettre ce genre tirs et dépenses, c'est qu'une incursion dans les territoires palestiniens coûterait beaucoup plus cher que de tirer des missiles à plus de 50 000 dollars. Voir un jour les villes ou autres sites sur le territoire canadien subir ce genre d'attaque est faible, surtout qu'à notre frontière sud se trouve la plus grande puissance militaire au monde, services de renseignement compris, capable de détecter et intercepter le transit de roquette et d'obus qui viseraient le territoire canadien. Au nord, zone dépeuplée, tout passant est visible à des centaines de kilomètres à la ronde, ce qui rend très difficile le transport de ce genre d'équipement.

Comme nul n'est dans le secret des dieux et du secret d'État, le système Dôme de fer a peut-être été modifié pour intercepter cette fois-ci, non pas que des roquettes, mais aussi des missiles. Mais de quels missiles s'agit-il? D'ogives nucléaires de la Corée du Nord, qui seraient interceptées à 70 km (capacité maximum d'interception du Dôme de fer) du territoire canadien? La destruction d'une ogive nucléaire à 70 kilomètres exposerait tout simplement une grande partie du Canada aux radiations. Peut-être alors que le but est d'intercepter les missiles russes? Sans entrer dans des considérations techniques, l'armée russe est tout simplement supérieure en armes et en nombre à l'armée canadienne, ce qui rend ce système inutile.

Face à la supériorité militaires de nos voisins, il aurait été plus intéressant d'opter pour un système de missiles antibalistiques, et non un pour système antiroquettes conçu pour les guerres non étatiques à faible intensité, que le Canada ne connaîtra sûrement jamais.

À cet effet, les modèles ne manquent pas, comme le dernier système de missiles antibalistiques américain de moyenne portée, Terminal High Altitude Area Defense (THAAD), de la compagnie Lockheed Martin (dont au passage je ne possède aucune action) et dont le coût est 10 fois moins cher que le Dôme de fer israélien. Ce système devrait bien entendu être complété par un système anti-aérien de courte et longue portée, l'un censé protéger l'autre contre les missiles intelligents. Le THAAD pourrait être un bon élément d'intégration aux systèmes de défense américains, si un jour le Canada devait demander une aide aux États-Unis contre des attaques balistiques.

Si le Dôme de fer, dont l'efficacité et la réputation n'est plus à prouver, est certes redoutable, il n'est pas certain que cela corresponde aux besoins de la géopolitique interne et externe du Canada.

Si le but était de dédommager Israël par rapport à l'accord américano-iranien sur le dossier du nucléaire iranien, comme l'a fait Barack Obama, en augmentant les aides militaires à Tel-Aviv, il aurait peut-être fallu aller jusqu'au bout de la logique et faire don à Israël du prix de ce système de défense, et investir dans des systèmes capables de défendre réellement l'espace aérien canadien contre les menaces de la Corée du Nord, qui tire des missiles au gré des humeurs de ses dirigeants, ou encore des Russes, qui viennent de réclamer aux Nations unies plus de 1,2 kilomètre carré de l'océan Arctique.

Aider Israël aurait pu aussi se faire à travers l'acquisition de formations et matériaux de collecte et d'analyse du renseignement, domaine dans lequel l'État hébreu est, avec les États-Unis, l'un des meilleurs au monde.

Dans tous les cas, cette nouvelle acquisition soulève des questions quant à la politique d'armement du Canada.

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