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Un candidat de type Trump au Canada est possible vers 2030

La vérité en géopolitique n'est pas tant la véracité des faits, mais la perception qu'on peut en avoir.
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En géopolitique, les changements de tendances sont souvent le prélude de tensions, que ces changements soient démographiques, territoriaux ou encore économiques. Dans ce type de situation, voir élire un candidat de type Trump ou Bolsonaro au Canada est possible.
Jabin Botsford/The Washington Post via Getty Images
En géopolitique, les changements de tendances sont souvent le prélude de tensions, que ces changements soient démographiques, territoriaux ou encore économiques. Dans ce type de situation, voir élire un candidat de type Trump ou Bolsonaro au Canada est possible.

«La démographie est le destin», disait Auguste Compte. Vers 2036, si l'on se fie à Statistique Canada, la croissance démographique canadienne se fera principalement par l'immigration, ce qui constitue un changement majeur dans la structure démographique. Or, en géopolitique, les changements de tendances sont souvent le prélude de tensions, que ces changements soient démographiques, territoriaux ou encore économiques. Dans ce type de situation, voir élire un candidat de type Trump ou Bolsonaro au Canada est possible.

Si l'on ne peut pas s'appuyer sur un seul critère pour expliquer l'arrivée au pouvoir des candidats d'extrême droite, ou des candidats dit «antisystème», on peut faire remarquer qu'ils arrivent au pouvoir quand une partie de la population perçoit certains changements comme étant trop importants.

Les changements démographiques s'accompagnent souvent de mouvements sociaux et politiques s'ils ne sont pas accompagnés.

Cela pourrait être le cas au Canada en 2036, si rien n'est fait pour accompagner ce changement démographique.Mieux vaut prendre le changement par la main avant qu'il ne nous prenne par la gorge, disait Winston Churchill.

En effet, les changements démographiques s'accompagnent souvent de mouvements sociaux et politiques s'ils ne sont pas accompagnés. En 1974, Emmanuelle Todd avait prédit la chute de l'URSS en constatant une hausse de la mortalité infantile. Autre exemple, l'augmentation du taux de l'alphabétisation chez les femmes au cours des 30 dernières années dans le monde arabe a changé la structure de la famille et donc la société. Plus formées, sortant travailler, elles ont renversé petit à petit la structure patriarcale de ces sociétés au profit d'une structure plus individuelle. Cette nouvelle structure a contribué à la réclamation de plus de droits et de libertés dans un contexte de répression, aboutissant finalement aux «printemps arabes». Bien entendu, le facteur démographique n'est pas le seul facteur à expliquer cette situation, mais il reste prépondérant.

Plus proche de nous, l'arrivée de Donald Trump aux États-Unis a coïncidé par exemple avec un sentiment de précarité dû à un déclin industriel. Sentiment, car aucune donnée ne confirme cette hypothèse, contrairement à l'augmentation de la mortalité chez les personnes blanches, qui elle, était bien réelle.

Le sentiment de menace collective face à la mondialisation, l'augmentation de l'immigration sans une politique d'accompagnement sur les représentations, et les changements démographiques combinés à la hausse de la mortalité chez les Blancs ont aidé Trump à se faire élire. Là aussi, il n'y a pas qu'un seul facteur qui ait contribué à l'élection de Trump, mais omettre le facteur démographique et les représentations vis-à-vis de l'immigration serait une erreur.

En géopolitique, la vérité n'est pas la véracité des faits, mais la perception qu'on peut en avoir.

On peut constater presque ces mêmes tensions dans les pays où les représentations sur l'immigration sont présentes. En Autriche, où l'extrême droite a obtenu 25% des voix aux élections législatives de 2017, l'afflux d'immigrants a été perçu par certains comme une invasion ottomane, peu importe si cela n'en est pas une. En effet, en géopolitique, pour comprendre un conflit, une tension, il ne suffit pas de le nommer ou de le cartographier, il faut aussi essayer comprendre la représentation, c'est-à-dire les idées des acteurs politiques, même si elles sont fausses.

La vérité en géopolitique n'est pas la véracité des faits, mais la perception qu'on peut en avoir. Si les acteurs pensent que l'immigration est synonyme d'invasion, même si cela n'est pas vrai, il faut la prendre en considération, car elle nous permet de comprendre la motivation de ces acteurs.

Avec un changement démographique considérable devant survenir vers 2030, si aucune politique de lutte contre les représentations vis-à-vis de l'immigration n'est menée, on peut voir un candidat dit antisystème arriver au pouvoir au Canada. Une simple crise économique pourrait en être le déclencheur ou un accélérateur. Les préludes de cette tension sont d'ailleurs déjà présents. Augmentation de l'intolérance, l'immigration comme sujet majeur au cours des différentes élections et vif échange entre le premier ministre Justin Trudeau sur les coûts liés à l'accueil des demandeurs d'asile et une habitante à Sainte-Anne-de-Sabrevois.

Bien entendu, certains pourront arguer qu'on pourrait tout simplement arrêter l'immigration, mais la croyance que rien ne change provient soit d'une mauvaise vue, soit d'une mauvaise foi. La première se corrige, la seconde se combat, disait Friedrich Nietzsche.

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