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Accord Canada-UE: multilatéralisme économique

Pour le Canada, une entente d'une si grande envergure avec l'UE, relève d'un registre politique plutôt stratégique puisque non seulement environ 98% des tarifs douaniers seront éliminés, mais elle assure également une certaine compensation aux possibles pertes infligées par la modification de l'ALENA.
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La ratification par le Parlement européen du Traité de libre-échange entre le Canada et l'Union européenne nous permet de déceler quelques observations sur les effets politiques de l'entente qui vient d'être signée à Strasbourg. Quelles sont les motivations politico-historiques qui reposent sur la décision de l'UE pour appuyer une telle démarche?

Le Zollverein est le nom allemand de cette union entre les états confédérés situés au centre de l'Europe qui assurait une meilleure gestion des tarifs communs et, en même temps, représentait le catalyseur d'un mouvement de biens industriels entre les entités qui l'ont adoptée. Le système fédéral allemand d'aujourd'hui se revendique en quelque sorte de cette entente qui a marqué par la suite la nature des relations politiques entre les pays de la région de la Mitteleuropa (l'Europe centrale). Dans le sillage du Zollverein, la France et la Grande-Bretagne ont signé un accord de libre-échange en 1860 (Traité Cobden-Chevalier) basé sur le commerce de produits alimentaires et matières premières.

L'histoire de la diplomatie française rappelle que le fameux bâtiment du Quai d'Orsay qui abrite, de nos jours, le ministère des Affaires étrangères de la France a été érigé avec des fonds dégagés du commerce qui s'est intensifié après l'adoption de l'accord bilatéral.

Enfin, l'Union européenne (UE) d'aujourd'hui se revendique de mêmes principes de libre - échange instauré depuis le Traité de Rome en 1957, entre les pays qui la composent (6 au début, 28 au présent).

Pour le Canada, une entente d'une si grande envergure avec l'UE, relève d'un registre politique plutôt stratégique puisque non seulement environ 98% des tarifs douaniers seront éliminés, mais elle assure également une certaine compensation aux possibles pertes infligées par la modification de l'ALENA. Des études préalables montrent une augmentation prévisible de 20% des échanges commerciaux qui génère une hausse des revenus au Canada pour quelque 12 milliards de dollars annuellement.

Le Canada, paradoxalement, trouve un terrain de développement économique fertile en l'absence de ses grands amis traditionnels.

La ratification de l'accord arrive au moment où les deux grandes puissances anglo-saxonnes, les États-Unis et la Grande-Bretagne, boudent la zone pour différentes raisons, comme le recours au protectionnisme aux États-Unis ou le Brexit dans le cas britannique. Le Canada, paradoxalement, trouve un terrain de développement économique fertile en l'absence de ses grands amis traditionnels.

L'absence britannique du paysage européen dans les prochaines années détermine un déplacement des intérêts commerciaux de l'Ouest vers l'Est ou on constate récemment une croissance accélérée de la classe moyenne, capable d'absorber nos produits. En plus, les rémittences de fonds de la diaspora aident à combler les revenus des familles moins nanties dont la consommation de produits demeure assez élevée. Le besoin de biens et services dans la zone de l'Est est criant, d'autant plus que les infrastructures sont encore à développer avec des fonds de cohésion sociale européens accordés par l'UE avec beaucoup de générosité, grâce à cette politique de rattrapage économique unique, qui la distingue de tout autre bloc économique au monde. Des compagnies canadiennes peuvent ainsi, dans certaines conditions, de bénéficier de ces fonds budgétaires octroyés par l'UE.

Paradoxalement, tant les politiques fiscales de l'UE que sa nouvelle configuration quant aux prochains défis constituent un avantage pour le Canada. L'absence d'uniformité dans les règles qui régissent le domaine fiscal permet de mieux saisir les opportunités qui se présentent pour le Canada. Le processus de transformation de l'UE qui se déroule actuellement au niveau conceptuel favorise l'émergence d'une approche canadienne au quelle nous sommes habitués. Dernièrement, l'UE parle d'une Europe à deux vitesses, avec un degré d'intégration divers pour l'ensemble des pays communautaires. Autrement dit, l'UE se dirige vers un système intergouvernemental plus accentué, très usuel pour nos compagnies.

Dans tous ses discours de politique internationale, le Canada annonce une prédilection pour le multilatéralisme dans ses facettes les plus diverses.

L'accord avec l'UE nous confère, à moyen et à long terme, une possibilité inouïe pour tester notre capacité d'application pratique du multilatéralisme mentionné et de façonner les affaires internationales à notre manière.

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