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J'ai 36 ans, des cheveux blancs, et il y a 15 mois j'ai arrêté de me teindre les cheveux

D'ordinaire très critique envers moi-même, la "bicolorité", et de façon plus large ma décision d'arrêter les colorations, représentent pour moi une étape vers le lâcher-prise. Voici comment et pourquoi.
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Les cheveux blancs, ce n'est pas qu'une question d'âge. Raphaëlle B. a eu ses premiers à 20 ans. De colorations en teintes, de coupes en repousses, elle a décidé, il y a 15 mois, d'abandonner les colorations. Voici son parcours.

Coloration chimique

J'ai commencé à teindre mes cheveux à l'âge de 18 ans. Une envie de brun foncé qui finira en noir corbeau. J'ai gardé cette couleur pendant près de deux ans avant de réussir à m'en débarrasser. Tenace le noir!

A 20 ans, j'ai eu mes premiers cheveux blancs. Associés à la vieillesse, ils peuvent aussi, pour différentes raisons, apparaître chez une personne jeune, et c'est mon cas.

J'ai alors enchaîné les colorations semi-permanentes, puis permanentes, toujours dans des teintes de châtain cuivré, pour donner un reflet chaud à mes cheveux, et aussi pour couvrir les "vilains", mes indésirables cheveux blancs! J'ai alterné les périodes de "coloration maison" et de "coloration en salon", l'envie de cheveux courts, vite balayée par celle de retrouver de la longueur!

Coloration végétale

En 2010, sensible à la nocivité des colorations chimiques pour la santé, je commence à m'intéresser aux colorations bio, et je décide de confier mes cheveux à un coiffeur pratiquant les colorations végétales.

Mon pourcentage de cheveux blancs ayant dépassé les 50%, il m'explique qu'il ne peut me faire du 100% végétal, et qu'il y aura un petit pourcentage de produits chimiques dans son mélange. Cela me convient malgré tout. Je reste fidèle à ce salon pendant plus d'un an.

MAIS...après chaque coloration mes repousses poivre et sel réapparaissent très vite. Je surveille leur évolution semaine après semaine, jusqu'à ce que l'envie de "raser les murs" prenne le dessus, et que je me jette sur mon téléphone pour appeler mon coiffeur. Soit un rendez-vous toutes les 5-6 semaines et le budget conséquent que cela demande.

Henné

Durant cette période, je n'ai jamais renoncé à ma quête du 100% naturel, et j'ai commencé à potasser sérieusement le sujet "henné". Plus économique, des cheveux embellis, et la possibilité, quoi qu'on en dise, de couvrir les cheveux blancs avec la pose "en deux temps". J'ai camouflé les miens avec cette technique pendant près de deux ans. J'y ai trouvé beaucoup d'aspects positifs au début, très vite évincés par de TROP nombreux inconvénients.

Pour une couverture soignée des cheveux blancs, le henné demande BEAUCOUP de temps et d'organisation. Lorsque l'on fait les choses pour soi, en total accord avec ses convictions, ses envies, on les réalise facilement, avec légèreté. On ressent moins le poids des contraintes, parce qu'au bout on y trouve ce que l'on souhaite. Ce n'était plus mon cas! Je subissais...

Une décision "comme un déclic"

J'ai pris conscience que depuis quelques mois je colorais davantage mes cheveux pour les autres que pour moi. Par peur du « Qu'en dira-t-on », parce qu'à 35 ans on ne PEUT tout simplement PAS arborer une chevelure poivre et sel. A chaque fois que j'ai évoqué autour de moi l'idée d'assumer mes cheveux blancs, on m'a répliqué aussi net que cela allait me vieillir, que le henné est une excellente alternative aux colorations chimiques et que ma couleur est très réussie.

Autant d'arguments limitatifs, qui, sans me convaincre réellement, étouffaient momentanément mon envie profonde de ne plus colorer mes cheveux.

Pourtant, en sourdine, l'idée n'a jamais cessé de faire son chemin. Cela demande juste du temps avant de franchir le pas pour de bon. J'ai réalisé mon dernier henné mi-décembre 2013.

Fin janvier 2014, alors que je réfléchissais au jour que j'allais bloquer pour les deux "application-pose-rinçage" successifs de ma "boue verte", soit 8 heures au total, que j'avais commandé mes poudres, c'est encouragée par mon homme à sauter le pas, que j'ai dit "STOP!".

J'étais prête à assumer ENFIN mes cheveux blancs, à me "laisser être" tout simplement, sans redouter le jugement des autres, sans chercher à "entrer dans le moule" que nous impose les diktats esthétiques de la société actuelle. En un mot, me "LI-BÉ-RER!"

Transition et "bicolorité" capillaire

"Mais comment tu fais pour sortir comme ça?, Moi je ne pourrais pas!, Je préférerais encore me raser les cheveux! Ça fait négligé!"

Voici quelques-unes des réactions que j'ai suscitées, lorsque j'ai parlé de ma décision sur différents forums. Rien de surprenant pour moi, la tendance étant principalement à évaluer les personnes du seul point de vue esthétique. La transition "coloration/couleur naturelle" est un long chemin, surtout si l'on souhaite conserver de la longueur. C'est pourtant le choix que j'ai fait, garder durant les dix premiers mois mes longueurs cuivrées, juste là, sous mes premiers centimètres de repousses grises. Un mariage pas franchement heureux de deux couleurs fortement contrastées.

Plus qu'une simple histoire de cheveux, une réflexion personnelle plus profonde...

Je considère qu'être humain c'est être naturellement imparfait, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur.

Qu'être vivant, ce n'est pas rester figé dans le temps, dans l'utopie d'une éternelle jeunesse, mais être libre, et considérer avec bienveillance un corps en perpétuelle mouvance au rythme des années qui s'écoulent.

D'ordinaire très critique envers moi-même, la "bicolorité", et de façon plus large ma décision d'arrêter les colorations, représentent pour moi une étape vers le lâcher-prise.

Je m'autorise à sortir du contrôle, à m'accepter et me montrer telle que je suis.

J'ai envie d'être davantage à l'écoute de moi-même, de ce que je veux et de ce que je ne veux plus, de me prendre en considération pour de vrai.

C'est pour moi le chemin qui mène à l'estime de soi. Un très long chemin, peut-être même le travail de toute une vie. Se trouver sur ce chemin-là, avancer doucement, mais sûrement, rester sur place quelquefois, reculer d'un pas et en refaire deux, aussi petits et hésitants soient-ils, c'est ce que je souhaite profondément.

15 mois plus tard...

Aujourd'hui, 15 mois après le début de mon aventure et une coupe de cheveux plus franche en octobre dernier, je suis quasiment poivre et sel. D'ici la fin de l'année, je pense être définitivement débarrassée de mes restes de coloration.

Des doutes? OUI bien sûr! Mais ils ne font pas le poids face à l'incroyable liberté que je ressens depuis que je ne m'impose plus de colorer mes cheveux.

Je me laisse le temps d'apprivoiser cette nouvelle identité capillaire, de l'intégrer comme faisant pleinement partie de moi et je poursuis plus que jamais mon cheminement, à la rencontre de l'estime de soi.

Pour aller plus loin, vous pouvez consulter le blog de Raphaëlle B. 50 nuances de gris.

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