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Racisme ou discrimination systémique au Québec?

Si nous voulons parler de discrimination systémique, il faut parler et discuter de toutes les formes de discrimination au sein de la société québécoise.
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Nous pouvons avoir des gestes discriminants sans pour autant être racistes.
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Nous pouvons avoir des gestes discriminants sans pour autant être racistes.

Récemment, sur un autre blogue, j'ai écrit un article en lien avec la polémique du racisme systémique. Dans ce texte, je partais de mon expérience d'immigrant. Je me suis aussi basé sur d'autres immigrants que j'ai la chance de côtoyer au Québec depuis plusieurs années. J'arrivais à la conclusion de cet article en disant qu'il n'existe pas de racisme systémique, mais bel et bien de la discrimination envers des étrangers au sein de la société québécoise. Je vous invite à lire cet article reprenant des faits vécus et réels.

J'aimerais ici, dans cet article, tenter de comprendre les refus et les réactions épidermiques causées par ces consultations. Plusieurs raisons sont sans doute explicatives du rejet de ces consultations. Je vais en reprendre quelques-unes.

La première raison est d'autre linguistique. En employant le mot de « racisme », bon nombre de personnes, y compris dans la sphère politique, s'estiment stigmatisées et qualifiées de racistes. Il est vrai qu'en ces termes, il est aisé de comprendre la réticence à parler de ces consultations dans un climat serein. Le racisme a pour idée que les Québécois et Québécoises s'estiment plus intelligents, plus aptes que les étrangers arrivant au Québec. Les Québécois de « souches » seraient meilleurs que les étrangers, les immigrants. À titre personnel, je ne pense pas que cela soit vrai. Certes, il doit y avoir des Québécois qui pensent de cette façon, comme cela est valable dans d'autres nations, d'autres cultures ou groupes ethniques. Mais, est-ce que le système du Québec en tant qu'organisation sociétale est raciste ? Non.

Être d'accord sur l'usage de pratiques discriminantes, c'est admettre qu'il est nécessaire d'apporter des changements dans les structures de l'État.

La deuxième raison est d'ordre de la difficulté de remise en question. Il n'est jamais facile, que ce soit pour un individu ou une organisation, de se remettre en question sur son fonctionnement. Cela signifie de se poser des questions, d'accepter le changement et de déconstruire des choses anciennes pour en construire des nouvelles au rythme du temps. Même si nous savons que la vie n'est que changement, nous aimons aussi le train-train quotidien et les structures nous permettant de nous conforter dans nos habitudes. Être d'accord sur l'usage de pratiques discriminantes, c'est admettre qu'il est nécessaire d'apporter des changements dans les structures de l'État.

Une autre raison est liée à cette difficulté de remise en question, c'est le conservatisme. Beaucoup de chroniqueurs ou de journalistes sont contre cette idée que les institutions actuelles soient peut-être discriminantes. Ils sont attachés à des pratiques de jadis, fondatrices de leur passé commun et définissant leur identité commune. Dans ce sens, nous sommes tous, un peu, conservateurs. Cela dit, le monde change et nous devons en prendre conscience. L'identité, la culture et l'histoire évoluent. Rien n'est figé dans le temps. En ce sens, il est tout à fait possible que les structures datant des années 60 aient besoin de réformes afin de ne pas favoriser tel ou tel groupe d'individus.

La dernière raison que j'aimerais évoquer est typiquement du domaine de la politique politicienne. En effet, ces consultations ont été lancées et menées par un gouvernement libéral sous la chefferie de Monsieur Couillard. Nous voyons s'y opposer le Parti québécois (PQ) de Monsieur Lisée et la Coalition Avenir Québec (CAQ) de Monsieur Legault. Ces deux partis sont dans l'opposition officielle. Que serait un parti d'opposition sans oppositions aux projets et aux idées du parti au pouvoir ? Une vraie mascarade de la politique-spectacle. Les accusations, les invectives, les démagogies en tout genre sont donc permises. Cela plaît évidemment aux médias de masse, ceux-ci pouvant faire le buzz à chaque sortie politique de l'un ou l'autre chef de partis. Bonjour le spectacle !

Nous pouvons avoir des gestes discriminants sans pour autant être racistes.

Maintenant, face à ces différentes raisons, nous devons aussi faire face à la réalité. Il ne s'agit pas de refuser une réalité dérangeante. La majorité s'accorde à dire qu'il existe des racistes dans la société québécoise, et ce, comme dans toutes les sociétés. La différence, l'ignorance et la peur de l'Autre (cet être qui n'est pas comme moi) sont les jalons du problème raciste. Vous remarquerez cependant que je ne parle pas de racisme systémique, plus haut dans le texte, mais de discrimination. Oui, le racisme et la discrimination sont deux choses différentes. Nous pouvons avoir des gestes discriminants sans pour autant être racistes. Pour mieux comprendre la différence entre ces deux termes, il faut aller voir du côté du dictionnaire. Je ne m'attarderais pas sur la définition et je vous en laisse le soin de vérifier et rechercher les nuances entre ces deux termes.

La question alors est : existe-t-il des traitements différents entre des individus, et ce, selon le sexe, l'origine ethnique ou encore l'apparence physique ? En d'autres mots, les femmes ont-elles le même traitement que les hommes dans l'accès aux hautes sphères hiérarchiques? Les personnes handicapées ont-elles accès à un travail au même titre que celles n'ayant pas un handicap ? Les immigrants qualifiés ont-ils accès au même emploi ou aux mêmes chances de réussir que des personnes dites « québécoises de souches » ?

Il faut juste espérer que ces consultations ne soient pas uniquement centrées sur le volet des personnes dites « racisées », un terme que je n'affectionne aucunement.

Ces questions sont au cœur des questionnements. Je m'en réjouis fortement que cela soit un sujet de consultations et de discussions. Il faut juste espérer que ces consultations ne soient pas uniquement centrées sur le volet des personnes dites « racisées », un terme que je n'affectionne aucunement.

Si nous voulons parler de discrimination systémique, il faut parler et discuter de toutes les formes de discrimination au sein de la société québécoise quant à l'accès à un emploi décent ou encore une chance équitable pour tous. Il existe de la discrimination au sein des instances québécoises, en matière d'accès à un emploi et en matière de reconnaissance des compétences. Ne pas le voir, c'est faire preuve d'un aveuglement volontaire malsain pour le futur de la société québécoise.

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