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De la petite politique pour la dernière semaine électorale

Deux batailles se font: celles du pouvoir et du contre-pouvoir.
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Il ne s'agit plus de critiquer, de poser des questions, de mettre en évidence des contradictions, mais de démolir, discréditer et anéantir son adversaire pour ce qu'il est ou n'est pas.
THE CANADIAN PRESS/Ryan Remiorz
Il ne s'agit plus de critiquer, de poser des questions, de mettre en évidence des contradictions, mais de démolir, discréditer et anéantir son adversaire pour ce qu'il est ou n'est pas.

Nous sommes entrés dans la dernière semaine électorale. En effet, ce lundi 1 octobre, les Québécois et Québécoises pourront se rendre dans les bureaux de vote pour choisir le futur gouvernement. Sans trop nous tromper, nous pouvons affirmer que le gagnant sera le néolibéralisme (et l'abstentionnisme aussi). Nous aurons soit un gouvernement de la CAQ avec son chef François Legault ou un gouvernement libéral avec Monsieur Couillard. Dans l'opposition, nous retrouverons le Parti québécois et Québec solidaire. Nous aurons surement des enseignements à retenir de cette campagne, même si la vie continuera son cours.

Que remarquons-nous actuellement dans le paysage politique? Les libéraux sont talonnés ou dépassés de peu par la CAQ; le PQ a perdu des plumes face aux promesses et aux idées de QS. Deux batailles se font: la bataille du pouvoir et la bataille du contre-pouvoir.

La bataille du pouvoir se fait entre deux partisans à la privatisation des services et au néolibéralisme à outrance; la bataille du contre-pouvoir est celle des indépendantistes (de la gauche éventuellement, cela dépend de la vision du PQ que nous avons).

L'heure est aux attaques ad hominem, voir aux attaques ad personam.

Nous devons cependant nous désoler de cette dernière semaine électorale. Pour gagner des votes, les partis essaient de détruire la crédibilité ou le visage des adversaires. Non, ils n'essaient pas de battre les idées, ils n'attaquent pas les programmes politiques. L'heure est aux attaques ad hominem, voir aux attaques ad personam.

Prenons des exemples des derniers jours

La première attaque que nous pourrions prendre est celle de François Legault envers Philippe Couillard. De fait, M. Legault a accusé M. Couillard de «voleur et de menteur» (en d'autres termes, mais équivalent à ce genre de propos) concernant des possibles sommes d'argent présentes dans d'autres pays, ayant la réputation d'être des paradis fiscaux. Cela arrivait après que les chefs politiques aient divulgué leurs avoirs, par souci de transparence.

Une autre attaque est celle faite par M. Lisée envers Mme Massé, en insinuant qu'elle n'avait pas la capacité de diriger le Québec puisqu'elle n'est que le porte-parole, lors du dernier débat. Ou en expliquant encore qu'elle est de la gauche radicale, du communisme. Cela rappelle aussi les moqueries de M. Lisée sur la moustache de Manon Massé.

Au moment d'écrire ces lignes, je lisais encore une attaque ad personam de la part de Monsieur Gilles Duceppe envers la co-porte-parole de Québec solidaire, en affirmant que celle-ci n'avait pas un bon français ou était une indépendantiste à temps partiel. De nouveau, nous avons là une attaque ad personam. Je pourrais reprendre encore d'autres attaques de ce genre de la part des politiciens en lice, et ce, peu importe le parti.

Il ne s'agit plus de critiquer, de poser des questions, de mettre en évidence des contradictions, mais de démolir, discréditer et anéantir son adversaire pour ce qu'il est ou n'est pas.

Ces attaques sont souvent considérées comme étant des tentatives désespérées. Il ne s'agit plus de critiquer, de poser des questions, de mettre en évidence des contradictions, mais de démolir, discréditer et anéantir son adversaire pour ce qu'il est ou n'est pas. Ce stratagème est le dernier et l'ultime acte repris dans le livre du grand philosophe Arthur Schopenhauer, dans «L'art d'avoir toujours raison».

Voici un extrait de cet ultime stratagème énoncé par A.Schopenhauer:

Si l'on s'aperçoit que l'adversaire est supérieur et que l'on ne va pas gagner, il faut tenir des propos désobligeants, blessants et grossiers. Être désobligeant, cela consiste à quitter l'objet de la querelle (puisqu'on a perdu la partie) pour passer à l'adversaire et l'attaquer d'une manière ou d'une autre dans ce qu'il est: on pourrait appeler cela argumantum ad personam (...).

Il est fini le temps des discussions sur les programmes, bienvenu au temps des insultes, des propos désobligeants et des attaques faisant partie de la petite politique. Je trouve cela bien dommage. Si vous vous demandez pourquoi les gens s'écartent de plus en plus de la politique, qu'ils ne veuillent plus voter ou écouter les débats; en voilà une raison. Les gens en ont marre des attaques gratuites. Une culture du débat doit naître et doit avoir lieu.

Vivement la fin de cette campagne électorale.

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