Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

La gauche n'est pas seulement dans les partis politiques

La gauche politique n'est visiblement pas prête de revenir sur le devant de l'arène politique. Le libéralisme et la droite politique gagnent largement.
This post was published on the now-closed HuffPost Contributor platform. Contributors control their own work and posted freely to our site. If you need to flag this entry as abusive, send us an email.

Après la défaite cuisante de la gauche française politique pour l'élection présidentielle de 2017 (6,36 % des votes, éliminée dès le premier tour de la présidentielle), beaucoup de journalistes et chroniqueurs estiment que la fin de la gauche est proche. En effet, le parti socialiste français est à l'agonie. Il faudrait être aveugle pour ne pas voir les résultats et les conflits internes au sein du parti socialiste français, grand mouvement de gauche depuis des décennies.

Néanmoins, cela est réducteur de confiner la gauche et la droite uniquement dans un paysage politique de partis ou de gouvernement. Afin de bien comprendre si la gauche est effectivement morte ou non, nous devons nous intéresser à ce clivage de droite-gauche. Qu'entendons-nous par la gauche?

Un bref rappel historique semble judicieux afin de bien concevoir dans quelle perspective celle-ci existe. Le concept de gauche est visiblement apparu en France dans le courant du 18e siècle, en référence à la position prise par les députés et sénateurs par rapport au président de l'Assemblée Constituante. Les personnes assises à la gauche étaient souvent les individus ou partis favorables aux changements, et ce, en faveur des classes sociales les plus modestes. Au fur et à mesure, la gauche a donc été assimilée à des valeurs comme la justice sociale, l'égalité de droit entre le citoyen, la solidarité, la laïcité ou encore l'humanisme. Cette position allait à l'encontre des valeurs originalement dites de « droite » comme le pouvoir, la défense des traditions, la responsabilité individuelle et l'ordre.

Ainsi, la droite appuie le pouvoir en place (conservatisme) alors que la gauche incarne le changement (progressisme). De cette manière, dans certains pays, les citoyens ne parlent pas de gauche ou de droite, mais bel et bien de progressisme et de conservatisme. Si nous regardons les propos de certains partis dits « de gauche » comme Québec Solidaire ou Parti québécois au Québec, ils se réclament comme étant des progressistes. Après ce léger rappel historique, pouvons-nous dire que la gauche est morte ou agonisante? La réponse sera à deux niveaux : le niveau politique et le niveau du militantisme (politique militante).

Au niveau politique, la gauche a de plus en plus de difficultés dans un monde de changements perpétuels et rapides. Les mœurs changent très vite, les moyens de communication, les conditions de travail, le progrès ne cessent. En même temps, des acquis se perdent graduellement, et ce, dans un monde dans lequel le capitalisme semble faire la loi. Autrefois, la configuration de la société semblait propice aux partis de gauche défendant l'ouvrier face au patronat abusant de sa puissance industrielle. Aujourd'hui, les classes sont dispersantes. Le système de deux classes sociales catégorisées par Karl Marx, philosophe et intellectuel du 18e siècle n'existe plus vraiment (du moins dans une définition claire). La classe ouvrière est divisée en plusieurs classes, de même pour la classe dite « bourgeoise ». La lutte et le terreau de la gauche politique ont changé. La gauche politique semble effectivement aller mal, mais elle n'a pas dit son dernier mot.

La gauche politique n'est visiblement pas prête de revenir sur le devant de l'arène politique. Le libéralisme et la droite politique gagnent largement.

Au Québec, Québec Solidaire et le Parti Québécois se partagent la gauche politique. Le premier semble mieux se porter depuis quelques semaines alors que le deuxième sombre petit-petit. Les derniers sondages parlent d'eux-mêmes, la Coalition Avenir Québec gagne devant le Parti libéral. Le Parti québécois demeure troisième, suivi par Québec Solidaire. La gauche politique n'est visiblement pas prête de revenir sur le devant de l'arène politique. Le libéralisme et la droite politique gagnent largement.

Contrairement à cela, il y a ce que je nomme la « gauche militante ». Il s'agit de la gauche luttant encore pour des idées de progrès en matière d'accès à l'emploi, de solidarité, d'humanisme, d'égalité de droit ou encore de justice sociale. Cette gauche se caractérise par des actions citoyennes demandant plus de protections pour les plus démunis, les plus vulnérables, les laissés pour compte des politiques de l'État. La lutte menée par des associations, des groupes de citoyens avec comme leitmotiv la solidarité, c'est cela la gauche vivante et militante. Cette gauche de la rue, des actions et proche des citoyens. Celle-ci existe encore. Elle ne se meurt pas. Elle demeure encore et toujours, fait parler d'elle dans les médias. C'est la gauche des piquets de grève pour une meilleure instruction, pour une instruction gratuite, pour des services adaptés aux plus faibles et démunis, contre les manifestations néfastes des politiques libérales et contre les inconvénients du capitalisme à outrance.

Oui, la gauche est vivante! Elle n'est pas agonisante. Elle renaît chaque jour plus fort afin de mener des combats humanistes auprès de toutes les personnes. Cette gauche, c'est ma gauche. Je ne parle pas d'une gauche communiste, dogmatique et utopique. Non, je parle de la gauche de l'action, du quotidien, de la réalité et voulant mettre la liberté des individus au centre. C'est la gauche luttant pacifiquement pour le maintien et l'acquisition d'acquis fondamentaux, plus proches de la réalité vécue par les individus. Une gauche féministe voulant un salaire identique pour un travail semblable entre hommes-femmes. Une gauche d'une pension raisonnable et méritée pour les travailleurs. Une gauche faisant de la lutte contre le sans-abrisme son cheval de bataille. Une gauche des oubliés, des ouvriers, des employés précaires ou encore une gauche de l'école gratuite pour tous.

La gauche politique-politicienne est peut-être en train de mourir d'avoir voulu uniquement le pouvoir et d'avoir oublié les raisons de ses batailles; donc d'avoir oublié sa raison d'être. De sa capacité à se remettre en question résidera son avenir politique. Soit elle coulera encore plus et disparaîtra, soit elle retiendra les leçons du passé et reprendra les combats d'antan.

VOIR AUSSI SUR LE HUFFPOST

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.