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La torture et les mauvais traitements des prisonniers d'opinion au Viêt-Nam

Amnesty International recense actuellement 84 prisonniers d'opinion au Viêt-Nam. Ce sont 84 hommes et femmes qui, tout comme Lộc, ont été emprisonnés uniquement pour avoir exercé pacifiquement leurs droits.
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«La vie en prison est difficile. J'étais désespérée. Je m'étais retrouvée dans cette situation parce que j'avais essayé d'être une bonne citoyenne, d'aider les gens dans le respect de la loi [...] mais j'ai été arrêtée et jetée en prison. J'avais l'impression d'être dans un long tunnel sombre sans issue à l'horizon.»

Ce sont les mots de Phạm Thị Lộc, une défenseure des droits humains originaire de la province de Bắc Giang qui travaille sur les droits fonciers.

L'histoire de Lộc illustre parfaitement ce que vivent de nombreux militants pacifiques au Viêt-Nam. Indignée par l'injustice dans sa vie personnelle et dans la vie des membres de sa communauté, elle a commencé à s'exprimer et à se battre pour obtenir du changement et de la justice. Mais au Viêt-Nam, ce type de militantisme pacifique, le fait de demander aux autorités de garantir les droits inscrits dans la constitution du pays et dans les traités internationaux auxquels il est partie, est considéré comme subversif.

En 2011, comme tant d'autres défenseurs des droits humains avant et après elle, Phạm Thị Lộc a été arrêtée. Elle a passé quatre ans en prison injustement, durant lesquels elle a subi des mois de détention à l'isolement et de détention au secret, coupée du reste du monde, notamment de sa famille et de ses avocats. Elle a été embarquée dans un monde secret, un monde de silence et de ténèbres, de douleur et d'isolement, où les prisonniers d'opinion subissent régulièrement des actes de torture et autres mauvais traitements.

Phạm Thị Lộc a finalement été libérée de la prison N° 5 à Yên Định dans la province de Thanh Hóa à la fin de sa sentence en mai 2015.

Amnesty International recense actuellement 84 prisonniers d'opinion au Viêt-Nam. Ce sont 84 hommes et femmes qui, tout comme Lộc, ont été emprisonnés uniquement pour avoir exercé pacifiquement leurs droits. Ils doivent être remis en liberté immédiatement et sans condition.

Le 12 juillet, Amnesty International a publié un nouveau rapport qui offre un rare aperçu de ce monde. Ce rapport s'appuie sur de nombreux entretiens avec 18 anciens prisonniers d'opinion. Il dénonce les pratiques illégales dont ils sont l'objet, notamment la détention à l'isolement et la détention au secret pour de longues périodes, les traitements se traduisant par une douleur et une souffrance physique intenses, le refus de soins médicaux et les transferts punitifs qui envoient les prisonniers d'opinion d'une prison à une autre à travers le pays, les coupant de leur famille et de leurs réseaux de soutiens.

Notre rapport se base sur des témoignages d'événements ayant eu lieu avant février 2015, date à laquelle le Viêt-Nam a ratifié la Convention contre la torture des Nations unies. Cependant, il met en exergue des pratiques profondément enracinées dans le système carcéral, et souligne les cas avérés ou probables, parmi les 84 prisonniers d'opinion toujours emprisonnés, pour lesquels ces pratiques perdurent encore aujourd'hui.

La ratification de la Convention par le Viêt-Nam a constitué une avancée historique, mais pour mettre un terme à la torture et aux autres mauvais traitements, il faudra une réelle volonté politique et une réforme juridique, politique et administrative systématique. Le Viêt-Nam doit s'engager pleinement et au plus vite dans ces réformes et garantir que les victimes aient accès à la justice et à des réparations. La libération immédiate et inconditionnelle de tous les prisonniers d'opinion serait une étape importante de ces réformes.

«Des prisons à l'intérieur des prisons», le titre du rapport, est une expression qui revient souvent dans les entretiens qu'Amnesty International a réalisés avec des prisonniers d'opinion. Elle exprime le sentiment d'isolement qui imprègne l'expérience carcérale des militants emprisonnés. En isolant les prisonniers d'opinion, les autorités cherchent à les punir pour leurs croyances et/ou leur militantisme, et à les forcer à «avouer» les accusations portées contre eux.

Mais dans des cas comme celui de Lộc, la seule chose qu'ils pouvaient avouer était qu'ils avaient tenté de se battre pour le changement et pour la justice, et d'aider la population dans le respect de la loi.

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