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Dossier école à la maison: ça ne dérougit pas!

Le Québec est la province où l’école-maison est encadrée le plus strictement au Canada, à la différence de l’Ontario et du Nouveau-Brunswick, où les parents assurent eux-mêmes le suivi de l’éducation de leurs enfants, sans intervention gouvernementale.
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Selon le rapport du Protecteur du Citoyen sur la scolarisation à la maison, les parents optent en majorité pour l’école-maison non pas pour des raisons religieuses, mais pour la liberté éducative que ce choix permet.
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Selon le rapport du Protecteur du Citoyen sur la scolarisation à la maison, les parents optent en majorité pour l’école-maison non pas pour des raisons religieuses, mais pour la liberté éducative que ce choix permet.

Le 27 mars, une «bombe» est tombée dans l'univers des familles qui font l'école à la maison. Le ministre de l'Éducation de la CAQ, monsieur Jean-François Roberge, déposait un nouveau projet de règlement qui vise à obliger les quelque 5300 enfants qui reçoivent l'éducation à domicile à suivre intégralement le programme québécois d'éducation et à passer des examens ministériels.

Une annonce surprise... de fortes réactions

Ce projet de règlement, déposé à peine sept mois après la mise en application des nouvelles règlementations de l'ex-ministre Sébastien Proulx à l'automne 2018, a pris les parents-éducateurs par surprise.

Depuis cette annonce, les réactions sont vives et ne diminuent pas d'intensité. Certains parents sont en colère, d'autres sont déçus, tristes ou inquiets de l'avenir de leurs enfants.

Les associations d'école-maison et les parents se sont mobilisés massivement pour faire connaître leur désaccord avec ces mesures. Ils tiennent à sensibiliser le public à la richesse des expériences que vivent leurs enfants au quotidien et veulent montrer comment ces nouvelles normes légales les affecteront directement.

Pourquoi ne veulent-ils pas passer les examens, comme tous les élèves?

Alexandrie Verfaillie, psychologue et maman-éducatrice, explique son désaccord avec la passation d'examens: «Je ne veux pas que mes enfants limitent leur estime d'eux-mêmes à une note d'examen. Je pense qu'ils valent plus que cela. Il y a plein de choses que les examens ne mesurent pas et qui sont plus importantes dans la vie, comme savoir être, savoir faire et développer ses qualités personnelles.»

Noémi Berlus, directrice de l'AQED (Association québécoise pour l'éducation à domicile), dans une entrevue donnée à Radio-Canada le 23 avril, commente: «Il y a 53% de nos membres [dont les enfants] sont allés à l'école. Ils ont essayé de suivre le programme, [de passer] les examens, etc. Ils ont réalisé que cela ne fonctionnait pas; ils ont sorti leurs enfants de l'école pour pouvoir mieux adapter l'éducation, et ils réussissent maintenant avec ces enfants [à la maison].»

Pour Vincent Bolduc, dont le garçon souffre de troubles d'apprentissages, les examens ne sont pas une mesure adéquate: «Beaucoup d'enfants sensibles et très brillants souffrent d'anxiété de performance. Pourquoi imposer les examens et le stress qui vient avec aux enfants quand d'autres types d'évaluations valables sont recommandés par des professionnels de l'éducation?»

Selon le rapport du Conseil supérieur de l'éducation, «Évaluer pour que ça compte vraiment» (2016-2018), les examens et les notes ne rendent pas toujours justice aux connaissances réelles des élèves: «Les éléments qui entrent en jeu dans le cumul des points ne témoignent pas tous des capacités d'un élève ou d'un étudiant: ce qui est noté est parfois étranger aux connaissances à acquérir ou aux compétences à développer.» (p. 17)

Dans ce même rapport, on lit que «la valeur informative de la note est très pauvre, car elle ne dit rien des forces et des faiblesses de la personne et ne renseigne pas sur ce qui peut ou doit être fait pour la soutenir dans ses apprentissages.» (p. 17)

La liberté éducative compromise

Pour Julie Roux, membre de l'AQED, le règlement que veut mettre en place monsieur Roberge forcera les parents à changer leurs pratiques et leur approche éducative. Elle estime que ce règlement va à l'encontre du droit des parents de choisir eux-mêmes, par priorité, le type d'éducation qu'ils veulent fournir à leurs enfants, un principe présent dans la Déclaration universelle des droits de l'homme (article 26.3).

Selon le rapport du Protecteur du Citoyen sur la scolarisation à la maison (2015), les parents optent en majorité pour l'école-maison non pas pour des raisons religieuses, mais pour la liberté éducative que ce choix permet.

«Les principaux motifs évoqués par les parents [sont] les préoccupations pédagogiques et sociales telles que le respect du rythme d'apprentissage de l'enfant et de ses besoins particuliers, grâce à un enseignement personnalisé.» (p. 11)

Les parents-éducateurs du Québec encadrés plus sévèrement qu'ailleurs

Au Québec, depuis le 1er juillet 2018, les parents qui désirent enseigner eux-mêmes à leurs enfants doivent le déclarer au gouvernement en envoyant un avis. Ils doivent ensuite produire un projet d'apprentissage qui prévoit l'enseignement de sept matières de base (dont les mathématiques, les sciences, le français, une autre langue, etc.), fournir deux bilans d'évolution durant l'année, faire une rencontre de suivi avec un intervenant et enfin, procéder à des évaluations finales (portfolio, évaluation par un enseignant ou examens).

Les parents estiment que ces démarches sont déjà amplement suffisantes pour démontrer les apprentissages de leurs enfants et pour rassurer le gouvernement sur la qualité de leur travail.

Par ailleurs, le Québec est la province où l'école-maison est encadrée le plus strictement au Canada, à la différence de l'Ontario et du Nouveau-Brunswick, où les parents assurent eux-mêmes le suivi de l'éducation de leurs enfants, sans intervention gouvernementale.

La suite?

Les parents-éducateurs espèrent que le ministre Jean-François Roberge sera à l'écoute de leurs demandes et révisera sa position sur l'enseignement à domicile.

Les citoyens québécois ont jusqu'au 10 mai 2019 pour faire part de leurs commentaires sur ce projet de règlement au ministre de l'Éducation.

Pour en savoir plus:

Front de solidarité pour la liberté éducative au Québec (Facebook)

Porte ouverte sur l'éducation à domicile au Québec (Facebook)

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