Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Que faut-il opposer aux théories du complot?

«Qu'en penses-tu papa?», m'a demandé ma fille. J'ai répondu que je ne croyais pas aux théories du complot en pensant à ce que mon pays, l'Algérie, avait vécu durant les années 90.
This post was published on the now-closed HuffPost Contributor platform. Contributors control their own work and posted freely to our site. If you need to flag this entry as abusive, send us an email.

On ne me fouettera jamais pour avoir écrit ce texte. Raif Badawi, lui, a été condamné à 1000 coups de fouet et 10 ans prison pour avoir blogué.

Quelques jours après l'attentat contre Charlie Hebdo, ma fille m'a envoyé des liens vidéos qui accréditeraient, selon leurs auteurs, l'idée d'un complot ourdi par des pouvoirs et des puissances qui n'ont rien à voir avec l'islamisme.

Ma fille a accompagné son envoi par une question : Qu'en penses-tu papa?

J'ai répondu que je ne croyais pas aux théories du complot en pensant à ce que mon pays, l'Algérie, a vécu durant les années 90 et qui montre bien que des jeunes endoctrinés pouvaient se rendre responsables des pires atrocités et boucheries au nom de la religion.

Comme j'aime laisser mes enfants chercher par eux-mêmes à comprendre le monde qui les entoure, j'ai ajouté ceci : « Va savoir ce qui s'est réellement passé. On n'a pas vraiment les moyens de saisir exactement la réalité de ces événements ».

Avec l'annonce de la mort du roi Abadallah d'Arabie Saoudite et les messages de sympathie que son pays a reçus, ma fille est revenue à la charge. Notamment parce qu'elle suit le feuilleton du blogueur Raïf Badaoui condamné à la prison et à recevoir, chaque vendredi, 50 coups de fouet pour avoir critiqué certaines autorités religieuses de cet État moyenâgeux.

Scandalisée par la nature de ce régime, ma fille s'interroge aussi sur le contenu - et le pourquoi - du message de sympathie exprimé par le premier ministre Stephen Harper suite au décès du monarque wahhabite.

Voici d'abord quelques extraits des réactions de quelques dirigeants des puissances occidentales :

« Il était un ardent défenseur de la paix au Moyen-Orient et très passionné au sujet de son pays, du développement et de l'économie mondiale », Stephen Harper.

« Je salue la mémoire d'un homme d'État dont l'action a profondément marqué l'histoire de son pays et dont la vision d'une paix juste et durable au Moyen-Orient reste plus que jamais d'actualité », François Hollande

« Le roi Abdallah a toujours été un dirigeant sincère ayant le courage de ses convictions....Nos pays ont travaillé ensemble à relever de nombreux défis et j'ai toujours estimé les points de vue du roi Abdallah et apprécié notre amitié véritable et chaleureuse », Barack Obama.

« Je garderai le souvenir de ses longues années au service de son royaume et de son engagement en faveur de la paix et du renforcement de la compréhension entre les religions», David Cameron

Évidemment, dans pareilles circonstances, on est tenté de se dire s'il ne s'agit que de messages purement protocolaires. Sauf qu'on peut les comparer aux réactions que ces mêmes dirigeants ont eues suite à la disparition d'autres chefs d'État.

Voici celles faites suite à la disparition du président Hugo Chavez.

« Le décès du président Hugo Chavez ouvre une période de transition qui doit permettre aux Vénézuéliens d'accéder à un avenir meilleur et plus prometteur », Stephen Harper.

« Hugo Chavez exprimait au-delà de son tempérament et de ses orientations que tous ne partageaient pas une volonté indéniable de lutter pour la justice et le développement », François Hollande.

« Les États-Unis soutiennent les Vénézuéliens après la mort de leur dirigeant Hugo Chavez et espèrent des relations constructives avec le futur gouvernement du Venezuela dans un nouveau chapitre de son histoire », Barack Obama.

On voit bien la différence entre les deux types de réactions. On perçoit bien les forts liens d'amitié avec le régime de Riyad et l'animosité envers celui de Caracas. Pourtant si la démocratie et les droits humains étaient bien des valeurs qui animent les dirigeants occidentaux, ils ne pourraient ignorer où souffle le vent des libertés.

Le fait est que pendant que plusieurs voix et plumes accusent à juste titre l'Arabie Saoudite de soutenir et de financer le terrorisme islamiste, les puissances occidentales n'ont aucune gêne à afficher leur amitié avec cette monarchie archaïque et réactionnaire.

Lorsqu'on sait que l'Irak, la Libye et la Syrie se sont transformés en zones où sévissent les pires groupes sanguinaires suite à l'intervention de ces mêmes puissances, qu'est-ce qu'on peut opposer comme arguments sérieux et irréfutables aux théories affirmant l'existence d'un vaste complot ourdi par l'Occident et visant la déstabilisation du monde « musulman » et n'hésitant pas à employer tous les moyens pour sa mise en œuvre?

En d'autres termes, que faut-il répondre aux questionnements de ma fille ?

VOIR AUSSI SUR LE HUFFPOST

Dessin de Khalid

Les dessinateurs marocains et tunisiens rendent hommage à Charlie Hebdo

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.