Après le changement de zonage pour interdire une mosquée dans Hochelaga-Maisonneuve à Montréal, après le refus de changement de zonage pour autoriser l'installation d'une mosquée à Shawinigan, voilà que le conseil municipal de Terrebonne décide de fermer (Pour non-respect de zonage?) une mosquée ouverte depuis plusieurs années. Ces trois décisions sont prises en l'espace d'à peine un mois, durant lequel il y a eu aussi quelques profanations de lieux de culte musulmans. Et tout indique que ce n'est pas fini.
Si peu de voix, y compris, dans les communautés musulmanes, se sont élevées contre ce qui est présenté comme une mise hors-état de nuire de l'imam charlatan de Montréal, le motif justifiant le refus du conseil municipal de la ville de Shawinigan de répondre favorablement à la demande de quelques dizaines de citoyens d'installer une mosquée constitue un précédent grave.
Dans le point de presse organisé pour expliquer la décision prise, le maire de la ville a dit céder à la pression populaire. « Plusieurs citoyens sont habités par la peur. Une peur devant l'inconnu. Mais c'est une peur irrationnelle ». Ainsi, au Québec, on est rendu à ce qu'une peur irrationnelle soit à l'origine d'une décision refusant à des citoyens le droit d'avoir un lieu de prière.
On peut imaginer de quoi la peur irrationnelle sera-t-elle à l'origine demain si, aujourd'hui, elle est prétextée pour justifier la restriction, par la majorité, de droits de minorités.
Pourtant, le maire de Shawinigan et son conseil municipal pouvaient invoquer un autre motif plus acceptable pour expliquer sa décision. Ce maire pouvait très bien se contenter de rappeler qu'on ne peut pas accorder une autorisation d'installation d'une mosquée dans un parc industriel.
Dans ce genre d'endroits, on s'attend en effet à l'ouverture d'usines et à la création d'emplois pour redonner de l'espoir aux angoisses - rationnelles et bien réelles celles-là - de la population.
Mais une demande d'ouverture d'une mosquée dans un parc industriel est, dans le contexte d'incertitude et de crise économique actuel, une réelle aubaine pour les décideurs politiques de pouvoir braquer, sur les musulmans, la colère de la population contre la désertification industrielle et le chômage.
Le maire aurait pu proposer à ces citoyens d'autres endroits pour installer leur lieu de prière. Non, le premier responsable de cette ville, située à quelques pas d'une autre ville, Hérouxville, qui avait défrayé la chronique en 2007 avec son fameux code de vie, a choisi de dire que les musulmans font peur à la population.
Mais quel mal ont donc fait les musulmans aux Québécois pour avoir si peur d'eux?
Le fait est que, statistiquement parlant au Québec comme partout en Occident, on a plus de chances de se faire tuer d'une bavure policière, de recevoir une balle tirée par son conjoint ou sa conjointe « gagné ou gagnée » par une folie passagère que d'être victime d'un acte commis par un musulman.
On nous répondra que les Québécois sont influencés par les images qui viennent d'ailleurs. Il faut alors croire que les images venues d'ailleurs n'influencent pas toutes de la même façon.
On pourrait ajouter que les scènes de destruction de villages et de quartiers palestiniens, musulmans, qui font régulièrement des centaines de morts n'empêchent pas le gouvernement du Canada, démocratiquement élu, d'être le meilleur allié d'Israël.
Avouons plutôt que c'est quand même « confortable » d'avoir la capacité de persécuter, de discriminer et de stigmatiser ceux dont on a « peur ». C'est aussi un privilège que seul le puissant Occident peut se permettre.
Ce que beaucoup oublient, c'est qu'en continuant à harceler leurs concitoyens musulmans, on permet aux djihadistes et aux islamophobes d'avancer dans la mise en place de leurs agendas. Car avec les derniers événements, le Québec envoie malheureusement le message qu'il fait sa part dans ce qui ressemble à un processus de persécution des musulmans en Occident.
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