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Élection présidentielle en Algérie: le régime ne veut pas mourir

Même si elle est très médiatisée à l'échelle internationale, l'élection présidentielle du jeudi 17 avril en Algérie n'est qu'une nouvelle mascarade visant, dans la forme, à entériner l'octroi d'un quatrième mandat à un président sortant qui ne dispose plus de capacités physiques pour assumer ses tâches.
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Même si elle est très médiatisée à l'échelle internationale, l'élection présidentielle du jeudi 17 avril en Algérie n'est qu'une nouvelle mascarade visant, dans la forme, à entériner l'octroi d'un quatrième mandat à un président sortant qui ne dispose plus de capacités physiques pour assumer ses tâches. Sur le fond, cette élection consolidera le pouvoir de la même caste de dirigeants responsable du processus de déliquescence du pays et de la dilapidation des richesses nationales.

Le bilan du régime de Bouteflika est en effet catastrophique, même si l'État n'a jamais eu autant bénéficié de recettes générées par les exportations du pétrole que durant ses trois mandats. C'est pendant son règne que la corruption s'est généralisée à toutes les sphères de la vie économique et sociale. L'argent des hydrocarbures n'a ni profité au peuple ni n'a été utilisé pour relancer l'investissement productif. Il a surtout servi à gonfler les coûts de gigantesques infrastructures, comme l'autoroute Est-Ouest, au profit de grandes sociétés étrangères et d'intermédiaires locaux corrompus et à financer les importations massives de produits de consommation.

Avec le président sortant, cinq autres candidats et candidate prendront part à cette élection, mais ils ne sont au fond que des faire-valoir pour Bouteflika, y compris son ancien premier ministre Ali Benflis qui le défie pour la deuxième fois en espérant, comme en 2004, un hypothétique ralliement des dirigeants de l'armée à sa candidature. La réalité est que les différentes ailes du régime restent soudées autour de la sauvegarde de leurs intérêts et que comme d'habitude les résultats de cette élection seront truqués.

Du côté du peuple, un mouvement de protestation baptisé Barakat (Assez) a été créé pour s'opposer au quatrième mandat. Il a pu organiser de nombreuses manifestations populaires, parfois durement réprimées par les forces policières du régime. Mais en ignorant les revendications sociales et économiques des travailleurs et des couches populaires pauvres, ce mouvement n'a pas pu bénéficier d'une plus grande capacité de mobilisation qui lui aurait peut-être permis d'être un acteur important, non seulement contre le quatrième mandat du président sortant, mais surtout dans le combat pour une véritable ouverture démocratique dans le pays.

Comment ce régime a-t-il pu agir dans l'impunité pendant toutes ces longues années alors que le pays avait connu un réel processus de démocratisation à la fin des années 80 ?

Certains pointent du doigt la soi-disant incapacité de l'opposition démocratique à déloger cette caste et à être le fer de lance d'une révolution démocratique à l'image de ce qui s'est passé en Tunisie ou en Égypte. Début 2011, il y a bien eu des manifestations et des émeutes populaires pour réclamer le départ du régime, mais ce mouvement a été vite étouffé par des mesures sociales ponctuelles prises à la hâte par le pouvoir qui a les moyens de s'acheter une paix sociale quand il est menacé.

Le fait est que le peuple algérien est encore échaudé par la tragédie de la période du terrorisme et de la guerre civile qui ont fait près de 200 000 morts, dans les années 1990. L'issue tragique de l'insurrection populaire contre la dictature en Libye et en Syrie a aussi fait craindre le pire pour l'Algérie en cas de mouvement similaire. Le régime joue d'ailleurs à fond cette carte de menaces qui pèseraient sur le pays.

Autre facteur pouvant expliquer la pérennité du régime, c'est que celui-ci dispose d'une base sociale importante qui va du patronat jusqu'aux directions de plusieurs organisations syndicales et sociales qui, en contrepartie de leur soutien au régime, bénéficient des largesses et de privilèges de toutes sortes. Grâce à la manne pétrolière, le pouvoir se paie une large clientèle. Sur le plan extérieur, il profite également de la bienveillance des puissances impérialistes qui ne sont pas mécontentes de voir leurs entreprises et compagnies pétrolières continuer à faire des affaires juteuses dans le pays.

L'espoir - parce qu'il y a malgré tout de l'espoir - réside dans les luttes que mènent les milliers de travailleurs et de travailleuses des différents secteurs et dans les mobilisations des chômeurs qui montrent la voie de la résistance. En parvenant à jeter des ponts avec les luttes démocratiques menées dans les différentes régions du pays, ils contribueront à construire un rapport de force capable de remettre en cause les fondements du système en place.

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