Au-delà des actualités et du spectaculaire inattendu réveil des étudiants québécois, il est maintenant essentiel de mesurer la portée du mouvement de rue que nous vivons au Québec. En ce sens, la mobilisation étudiante et des groupes sociaux qui s'y joignent n'aura de substance, d'impact réel, que si la rue se transforme véritablement en acteur politique durable. On en est loin.
On se rappellera qu'il y a une dizaine d'années, le Québec balayait le PQ timonier d'une « écoeurantite » aiguë, liquidant du revers de la main le parti alors au pouvoir et le remplaçant par son rival libéral. Aujourd'hui, le balancier nous ramène à une dangereuse situation inverse où l'honni de la décennie précédente reviendrait en sauveur consacré au pouvoir. Un cercle vicieux en quelque sorte où le même acte sera joué, seuls les acteurs seront différents.
Pourtant, au-delà de ces schémas classiques, il existe une solution réelle de changement : l'action politique, i.e. transposer le terrain, la rue, sur l'échiquier décisionnel réel, l'Assemblée nationale. Traditionnellement, le Québécois, l'étudiant québécois, n'est pas militant. Surtout pas depuis 40 ans. Il a ses sautes d'humeurs, ses réactions épidermiques, mais consacre peu de son temps à l'action politique organisée.
Je lance aujourd'hui un appel, qu'au-delà de la rue, de ces manifestations, de la désobéissance civile, du combat de terrain qui se mène, des casseroles, qu'émerge un véritable Québécois politisé; qu'il devienne membre d'un parti, qu'il crée des associations de comté, qu'il y milite, s'y joigne, participe, organise et transforme en or ce qui n'est que présentement et probablement qu'éphémère. C'est bien beau les marches à 250 000 au centre-ville, mais, quand au bout de la démonstration de nombre, de la manifestation, du troupeau, on en finit par élire, comme récemment au fédéral, des candidats qui ne savent même pas qu'ils sont candidats, que d'énergie démocratique perdue, d'occasions historiques de changement réel loupées.
Suite aux événements des derniers mois, TOUT, absolument TOUT est sur la table. Si, une fois la tempête calmée, cette transmutation alchimique et politique ne s'opère pas, on en retournera au rôle de spectateur et l'acte sera joué. Les médias sociaux aidant, formidable catalyseur de mobilisation, il est de notre devoir, qu'au sortir de la crise, du conflit, que l'action politique organisée et besogneuse revienne au premier plan. C'est le seul outil démocratique qui nous permettra de changer notre province, notre pays, notre continent et notre monde. Joignez-vous à un parti et militez! 52 semaines l'an.